Brazzaville, capitale de la résistance
Dissertation : Brazzaville, capitale de la résistance. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar roberger • 1 Février 2024 • Dissertation • 3 760 Mots (16 Pages) • 141 Vues
BERGER Romane 2201451
Exposé : Brazzaville, capitale de la résistance
La Première Guerre mondiale avait déjà apporté la preuve éclatante qu’au XXème siècle aucune confrontation militaire de grande envergure ne pouvait épargner une partie du monde. Tout grand conflit serait nécessairement planétaire. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, cette réalité apparut avec encore plus de netteté. Dans le grand conflit de 1939-1945, chaque continent, chaque région du monde eut sa part de responsabilité dans le cours des événements. L’Afrique n’y échappe pas car dans son ensemble, elle fut impliquée dans cette guerre et tout particulièrement l’une de ses villes : Brazzaville.
Brazzaville est une ville située dans la colonie française du Moyen Congo, le long de la rive droite du fleuve Congo. La ville a été récupérée par les Français depuis le traité signé entre le roi des Batékés et la France le 10 septembre 1880. Celui-ci fut signé au travers de l’intermédiaire Pierre Savorgnan de Brazza (1852-1905), un explorateur, qui donne son nom à la ville quelques années plus tard. Brazzaville était la capitale du Moyen Congo, mais devient aussi celle de l’Afrique Equatoriale française (AEF) à partir de 1910. L’AEF est une fédération de quatre colonies françaises d’Afrique centrale, parmi celles-ci : le Gabon, le Moyen Congo, le Tchad et l’Oubangui-Chari. Brazzaville se pare donc d’un troisième titre en devenant la capitale de la France Libre dès 1940. Le terme de capitale se comprend comme étant une ville où se concentrent les pouvoirs : politique (exécutif et législatif), administratif, judiciaire et d’information. Enfin, le terme de résistance dans le cadre de notre sujet se comprend comme l’ensemble des actions menées par les Forces Françaises Libres, qui est la résistance extérieure qui s’organise à partir de l’été 1940 et dont le chef est Charles de Gaulle.
Les bornes chronologiques de notre sujet débutent au 26 octobre 1940, avec le choix de Brazzaville comme capitale de la France Libre et se terminent le 08 février 1944 avec la fin de la Conférence de Brazzaville.
Nous nous demanderons donc comment une ville de colonie française comme Brazzaville est-elle devenue la capitale de la France Libre durant la Seconde Guerre mondiale ?
Nous étudierons dans un premier temps la construction de Brazzaville comme capitale dans un contexte complexe. Puis nous verrons les différents outils qui ont servi à la légitimer. Et enfin, nous aborderons les limites de cette capitale et son rôle dans la fin de la Seconde Guerre Mondiale.
Dans ce premier temps, nous allons traiter de la construction d’une capitale dans un Empire au contexte complexe.
Le choix du Général de Gaulle de se replier dans l’Empire s’explique par le fait que la situation de la France en 1940 est catastrophique. Malgré des combats acharnés, le pays est envahi en quelques semaines par les Allemands. Le Maréchal Pétain, devenu chef du gouvernement le 16 juin 1940, appelle le 17 juin à cesser les combats et annonce un armistice imminent. Cette décision provoque l’incompréhension chez un grand nombre de Français, notamment du général de Gaulle, qui lance le 18 juin 1940, sur les ondes de la BBC son célèbre appel. Sans pouvoir ni légitimité, il se présente comme une alternative au régime de Vichy. Petit à petit, des volontaires le rejoignent. Le 28 juin 1940, le Premier ministre anglais Winston Churchill le reconnait comme : « Chef de tous les Français libres ». Pour de Gaulle, cela représente un point de départ. Pour pérenniser la France Libre, il doit très rapidement affirmer sa souveraineté, c’est pourquoi il cherche une base en territoire français. L’Empire représente alors le moyen de se légitimer. L’Afrique occidentale Française (AOF), est ralliée au gouvernement de Vichy ce qui empêche le Général de Gaulle de prendre appui à Alger et d’en faire sa capitale. Son second choix : Dakar, s’avère aussi être un échec puisque sa tentative de ralliement se conclut par une défaite le 23 septembre 1940. Le choix de la ville de Brazzaville comme capitale prend alors forme, car elle est déjà la capitale de la colonie du Moyen Congo, mais aussi de l’AEF. Néanmoins, de Gaulle se retrouve rapidement confronté au refus de Pierre BOISSON, le gouverneur général de l’AEF et de l’AOF durant cette période qui reste fidèle au gouvernement du Maréchal Pétain. Le général de Gaulle comprend alors qu’il va devoir se passer du consentement des autorités coloniales pour obtenir le ralliement de l’Empire. Finalement, entre le 26 et le 28 aout, aussi appelée les « Trois Glorieuses » : le Tchad, le Cameroun, le Moyen-Congo et l’Oubangui-Chari ont rejoint la France Libre, permettant à de Gaulle d’avoir une assise territoriale.
Comme vu précédemment, l’Empire est vaste et plusieurs possibilités s’offrent au Général de Gaulle dans le choix de la capitale pour la France Libre. Le fait que Brazzaville soit déjà la capitale de l’AEF ainsi que l’accès du Moyen-Congo à la mer ont largement plaidé en sa faveur pour devenir la capitale. Puisque Brazzaville était déjà la capitale de l’AEF, elle bénéficiait déjà d’infrastructures déjà bien établies : un service de santé, un service militaire, une radio… Ce choix est aussi en quelque sorte une forme de « récompense » pour ce territoire qui s’est rallié précocement à sa cause. C’est donc le 26 octobre 1940 que Brazzaville devient officiellement la capitale de la France Libre. Le lendemain est déclaré le « manifeste de Brazzaville », ce discours est un aboutissement. Il marque l’achèvement du ralliement de l’Afrique Equatoriale française à la France Libre et marque la création du Conseil de Défense de l’Empire donnant à la France Libre une légitimé institutionnelle et territoriale. Lorsque ce discours est prononcé, le territoire de l’AEF est presque entièrement sous contrôle, les affrontements au Gabon touchent à leur fin, ils seront entièrement ralliés le 09 novembre 1940. Au travers, de ce manifeste, de Gaulle peut se déclarer avec plus de légitimité, car il est désormais à la tête d’un territoire et n’est plus simplement l’hôte des Anglais même si la survie économique de ce territoire va dépendre en grande partie du Royaume Uni. Très vite, au sein de la capitale des changements s’opèrent, les anciennes cases sont remplacées par des bâtiments en béton. La ville devait se parer de bâtiments en « dur » comme pour symboliser l’état d’esprit de ce nouveau gouvernement. Sont aussi construits au sein de la capitale des édifices essentiels dans une capitale : la case de Gaulle, servant de résidence pour le chef de la France Libre ; le stade Félix Eboué et la cathédrale Saint-Anne afin de réunir les troupes et propager la voix de la France Libre. C’est dans ces mêmes édifices que sont commémorés des événements français importants. De Gaulle commémore à Brazzaville l’Armistice de la Première Guerre mondiale le 11 novembre 1940 ainsi que Jeanne d’Arc, le 11 mai 1941.
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