Adresse de la chambre des députés (mars 1830)
Commentaire de texte : Adresse de la chambre des députés (mars 1830). Recherche parmi 301 000+ dissertationsPar eliot51 • 1 Février 2025 • Commentaire de texte • 2 458 Mots (10 Pages) • 14 Vues
Adresse de la Chambre des députés (mars 1830)
« Si de coupables manœuvres suscitait à mon gouvernement des obstacles que je ne veux pas prévoir, je trouverais la force de les surmonter dans ma résolution de maintenir la paix publique, dans la juste confiance des Français et l'amour qu'ils ont toujours montré pour leurs rois. » », cette citation tirée du discours tonné d’agressivité de Charles X le 2 mars 1830, illustre bien sa volonté de retrouver un plein pouvoir monarchique, notamment avec les accents autoritaristes de son discours. Le roi refuse l’opposition quelle qu’elle soit, et perçoit toute contestation comme une remise en cause de son autorité de monarque de droit divin, comme le confirme la dissolution immédiate de la Chambre des Députés le jour suivant. Car il ne fait effectivement pas l’unanimité, et c’est en mars 1830 que le parlement s’élève contre cette vision autoritaire de Charles X, dans une adresse qui, bien que diplomatique, défie le pouvoir royal.
Et cette fracture entre royauté et parlementaires est très bien montrée par la lettre adressée le 18 mars 1830, des 221 députés libéraux de la Chambre à Charles X, dans laquelle ils expriment leur opposition face à sa tentative de mettre en place l’absolutisme royal ; bafouant les libertés garanties par la Charte de 1814, instaurée par son prédécesseur, le roi Louis XVIII. Cette adresse répond à ce que Charles X affirme à son discours du trône, lors de l’ouverture de la session parlementaire, adressée à la Chambre des députés. Il y entend affirmer son pouvoir inflexiblement et par la force si nécessaire. Lu par Royer-Collard, président de la Chambre, au roi, ce texte officiel est donc d’une importance majeure, dans un climat politique tendu et déterminant du prochain pouvoir mis en place.
En effet, la France vit un réel bouleversement en pleine période de Restauration ; régime instauré après l’époque impériale napoléonienne, qui prend fin en 1814 et laisse place à Louis XVIII, puis Charles X ; descendants des Bourbons. Le régime de la Restauration est une tentative de concessions entre l’héritage révolutionnaire et la monarchie, mais l’inflexibilité entre les vocations libérales et l’autoritarisme de Charles X, rendent la conciliation impossible. Effectivement, la Charte constitutionnelle de 1814 permet certaines libertés, mais le roi tente à tout prix de restaurer une monarchie absolutiste de droit divin, en réprimant, par exemple, la presse et en tentant d’écarter le Parlement du pouvoir. En mars 1830, son discours du trône provoque une division nette avec les députés, qui répondent par une lettre qui émet des réserves quant à ses aspirations despotiques. Ces évènements mènent à l’éclatement des tensions, qui s’expriment par la Révolution des Trois Glorieuses et la chute de Charles X en juillet 1830, et par le même biais, la période de la Restauration.
Mais en quoi « L’adresse de la Chambre des députés » de mars 1830 reflète-elle la crise entre le pouvoir royal et parlementaire sous la restauration ? En premier lieu, nous explorerons ce qu’entreprend réellement Charles X, avec sa volonté de despotisme, en vue d’une monarchie autoritaire face aux libertés promises par la Charte. Puis nous étudierons la réponse des députés, qui s’affirment en défenseurs des libertés constitutionnelles et opposants de l’absolutisme royal ; pour enfin établir les conséquences de cette adresse, avant-coureur de l’insurrection face à l’autoritarisme royal.
- Charles X et sa volonté despotique : l’optique d’une monarchie autoritaire, face aux libertés promises par la Charte
- Le rêve d’une monarchie absolue de droit divin et l’obsession pour la paix et l’ordre public
La première illustration de cette volonté d’absolu est montrée par l’adresse, dans l’hésitation des députés : “(...) car elle [l’intervention du Parlement dans les affaires publiques] fait du concours permanent des vues politiques de votre gouvernement avec les vœux de votre peuple, la condition indispensable de la marche régulière des affaires publiques. Sire, notre loyauté, notre dévouement nous condamnent à vous dire que ce concours n’existe pas.” (l.19-22). En effet, durant ses six années de règne, et avant même son ascension sur le trône, le roi Charles X a toujours observé une vision conservatrice de la monarchie. Là où Louis XVIII s’incline face à ce qu’on appelle “l’esprit du siècle”, c’est-à-dire des volontés plus libérales et révolutionnaires, Charles X l’envisage comme une faiblesse et conserve l’esprit de l’Ancien Régime, ainsi qu’une certaine méfiance vis-à-vis du Parlement, qu’il considère comme responsable de la chute du régime ; d’où sa volonté d’en limiter les pouvoirs. Les 221 députés entendent ici que Charles X, sans “concours” -une coopération- entre les institutions gouvernementales, le roi ainsi que le peuple, le gouvernement bascule vers un régime où les pouvoirs sont bien plus concentrés, et qui tend donc vers le despotisme. Lignes 27 et 28, les députés mentionnent de nouveau l’approche autoritaire qu’a choisi Charles X, en mentionnant les “promesses”, bien qu’implicites, qui avaient été prises lors de son intronisation, notamment le respect de la Charte de 1814, en particulier vis-à-vis de la presse : “Elle [la France] est digne que vous ayez foi dans sa loyauté comme elle a foi dans vos promesses.” Effectivement, au tout début de son règne, le roi supprime totalement la censure le 29 septembre 1824, à la réjouissance de Chateaubriand, qui est un écrivain et politique français grand défenseur des valeurs libérales. Son initiative reçoit une vague d'enthousiasme de la part de sa population, et fait germer l’espoir chez les monarchistes, comme les libéraux, qui reconnaissent les Bourbons pour la première fois. Très populaire, il se donne une image de roi à l’écoute de sa population, jusqu’à ce que la méfiance s’installe, lors de son discours du trône, où Charles X ne mentionne ni la Charte, et ne réaffirme ni l’exercice des cultes, ni la garantie promise aux acquéreurs de biens nationaux (des domaines ou possessions de l’Eglise confisqués durant la Révolution française). Le doute quant à ses aspirations est alors présent, et se renforce encore par la suite lorsqu’en 1825, son premier ministre ultraroyaliste, Joseph de Villèle, dépose un projet de loi concernant la protection des émigrés dépossédés durant la Révolution (des Français contraints à l’exil lors de la Révolution). C’est ainsi qu’après avoir fait miroiter la vision d’une France plus libérale à son peuple, Charles X révèle petit à petit sa volonté de remettre en place une monarchie absolue, en négligeant les libertés acquises lors de la Révolution.
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