Rome au IIIe siècle

Rome au IIIème siècle

INTRODUCTION

Le IIIe siècle est généralement perçu comme une période de déclin et de conflits, marquée par la transition d'un empire classique à un autre. Cette époque impériale s'étend sur l'ensemble du IIIe siècle, débutant avec le règne de Septime Sévère en 193 et se poursuivant jusqu'à l'élection de l'empereur Constantin en 306.

Le document épigraphique en question concerne un aureus de l'empereur Septime Sévère daté de 202, une monnaie d'or de grande valeur, réputée pour sa frappe prestigieuse et émise par le pouvoir romain. Bien que sa circulation soit moins importante que d'autres monnaies, elle revêt une importance particulière en tant que moyen de communication impériale. Les messages véhiculés par cette monnaie sont soigneusement contrôlés pour refléter les idéaux de l'impérialisme romain. Les pièces d'or de Septime Sévère se distinguent par leur lisibilité et leur qualité, mettant en valeur des détails précis. Le côté avers présente quatre personnages, dont le protagoniste facilement identifiable est Septime Sévère, reconnaissable à sa couronne de lierre, son manteau, sa barbe fournie et une légende l’entourant. Sur le revers, trois personnages sont représentés, dont une figure féminine centrale, identifiée comme Julia Domna, l'épouse influente de Septime Sévère. Les deux autres personnages sont les enfants du couple impérial, dont l'aîné, Caracalla, est associé au pouvoir impérial grâce à une couronne de laurier. La pièce révèle également le frère de Caracalla, Géta, qui devait initialement partager le pouvoir avec son frère mais fut éliminé lors d'une dispute, régnant de 211 à 217. Cette monnaie témoigne du pouvoir effectif de la famille impériale, illustré par une légende gravée sur la pièce. L'inscription sur le côté droit de l'avers confirme la présence de Septime Sévère, renforçant ainsi le message de la stabilité et de la puissance de l'empire romain sous son règne.

En se basant sur les inscriptions mentionnées sur la monnaie, il est indiqué "Severus, Sesvr, P Pius, Avg, P M Tr P X Cos III." Ces éléments fournissent des informations utiles pour dater la pièce. Voici la signification de chaque abréviation :

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- Severus (ou Sesvr) : le nom de famille de l'empereur.

- P Pius : Pius, un titre signifiant pieux.

- Avg : Augustus, un titre impérial.

- P M : Pontifex Maximus, grand pontife.

- Tr P : Tribunitia Potestas, puissance tribunitienne.

- X : 10e année de règne.

- Cos III : Consul pour la troisième fois.

En considérant que l'inscription indique la 10e année de règne (X), cela peut être interprété comme la 10e année du règne de l'empereur Septime Sévère. Puisque vous avez mentionné que la monnaie date de 202, on peut conclure que l'émission de cette pièce spécifique a eu lieu en 202 de notre ère, pendant la 10e année de règne de Septime Sévère.

La Notion de Felicita :
La notion de Felicitas, représentée par la monnaie du siècle, trouve son origine dans la célébration des jeux séculaires, organisés tous les 100 ans. Cependant, Septime Sévère a introduit un calcul plus rapproché pour marquer ces occasions spéciales. La Felicitas est considérée comme un concept à ramener dans la cité, annoncée par le pouvoir impérial à travers des émissions monétaires. Cette tête symbolique affichée par le pouvoir impérial évolue en fonction du contexte politique. Le thème récurrent est la promesse du pouvoir politique, associant le bonheur du siècle au pouvoir impérial, incarné par la famille impériale, la Domus Divina. Au IIIe siècle, le caractère divin, voire sacré, du pouvoir s'affirme. La monnaie exprime que le bonheur de l'État est intrinsèquement lié au bonheur familial. Bien que ce concept ne soit pas une invention du IIIe siècle, il est particulièrement mis en avant à cette époque.

Le premier homme politique romain à aspirer au pouvoir personnel, le dictateur Sylla (82-99 av. J.-C.), était surnommé Felix (félicité) et était également appelé Epaphroditos, signifiant aimé d'Aphrodite. Le pouvoir impérial est associé aux bienfaits de Venus, représentant le bonheur, le plaisir et la liberté. Malgré les évolutions temporelles, la monnaie reflète des valeurs ancrées dans la romanité classique. Cette célébration de la Felicitas reprend la tradition initiée par Auguste, qui avait réintroduit ces jeux séculaires pour renforcer la société romaine. Il s'agissait d'un pacte avec les dieux visant à garantir le bonheur et la felicitas de la cité de Rome.

Au début du IIIe siècle, les menaces contre l'Empire romain se sont déjà multipliées, un phénomène amorcé dès le IIe siècle sous le règne de Marc Aurèle (161-180). À cette époque, l'Empire faisait face à des attaques barbares, principalement le long du Danube. Marc Aurèle, bien que pacifique par nature, a dû mener des guerres contre des peuples germaniques tels que les Marcomans et les Quades. Malheureusement, il est décédé sur le front, victime de la peste antonine. Son fils, Commode, a ensuite négocié la paix avec ces peuples pour apaiser la frontière. Marc Aurèle avait entrepris des efforts significatifs pour renforcer l'armée romaine, une politique qui a été maintenue et amplifiée par Septime Sévère. Bien que le rôle de l'armée ne soit pas directement reflété sur la monnaie, cet aspect demeure crucial et renforcé.

Le règne des Sévères, de 193 à 235, est considéré comme une période de grandeur, bien que certains hésitent à l'associer à la période tumultueuse de 235 à 284, connue sous le nom de crise du IIIe siècle ou anarchie militaire. Cette période marque un tournant, passant d'un empire fort à un empire transformé, plus autoritaire et décadent, appelé le Bas-Empire. La fin du Haut-Empire avec les Sévères marque le début du Bas-Empire, qui voit sa restauration initiée par l'empereur Dioclétien en 284. Entre ces deux périodes, la crise du IIIe siècle, caractérisée par l'anarchie militaire, a été un moment décisif dans l'histoire de l'Empire romain.

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