Les grands pédagogues
Fiche de lecture : Les grands pédagogues. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Johanna Musso Fosse • 4 Janvier 2024 • Fiche de lecture • 1 777 Mots (8 Pages) • 174 Vues
Musso Johanna « Grands pédagogues »
La pédagogie active se réfère historiquement à Adolphe Ferrière qui, au début du XXe siècle, a été parmi les premiers à utiliser l'appellation école active dans ses publications. Elle est une des bases du courant d'Education nouvelle. Elle a pour objectif de rendre l'apprenant acteur de ses apprentissages, afin qu'il construise ses savoirs à travers des situations de recherche. Dans « Qu’est-ce que l’école active ? », écrit en 1922, Adolphe Ferrière précise, notamment sa conception d’une pédagogie efficace basée sur l’activité en opposition à la pédagogie traditionnelle.
Nous définirons d’abord le sens du mot « travail » selon Adolphe Ferrière, puis nous expliquerons dans quelle mesure sa conception se rattache aux grands principes du courant d’Education Nouvelle et, enfin, nous comparerons la méthode prônée par Freinet à celle de Ferrière.
Dans son livre paru en 1922, « L’école active », Adolphe Ferrière, pédagogue suisse, fondateur de l’Education nouvelle, préconise une pédagogie fondée sur le « vrai travail » retrouvé, motivé par l’accès direct à la réalité sociale, l’initiative individuelle et le travail de groupes. Il met ainsi en opposition le travail machinal et le travail productif. Il dénonce le fait que l’école traditionnelle a tendance à « accorder une place prépondérante à l’intellect aux dépens du sentiment et de l’activité ». L’élève ne doit pas seulement réfléchir, il doit vivre pour apprendre et s’épanouir. L’idéal de l’Ecole active est donc l’activité spontanée, personnelle et productive. Adolphe Ferrière cite pour exemple nos ancêtres : ils vivaient dans le concret, leur raison était en rapport étroit avec les choses et se nourrissait d’expérience. La conscience spontanée a donc précédé la conscience réfléchie. Il faut, de même, que les enfants vivent au sein de la réalité visible et palpable, que leur action porte sur cette réalité et que leur expérience s’en nourrisse.
En d’autres termes, il faut fournir aux enfants l’occasion de travailler de leurs corps et de leurs mains. Il faut perfectionner le matériel scolaire auto-éducatif permettant le travail individuel ou par petits groupes librement formés.
Adolphe Ferrière critique la pédagogie traditionnelle dans un célèbre couplet :
« Et sur les indications du diable, on créa l'école.
L'enfant aime la nature : on le parqua dans des salles closes.
L'enfant aime voir son activité servir à quelque chose : on fit en sorte qu'elle n'eût aucun but.
Il voudrait raisonner : on le fit mémoriser.
Il voudrait chercher la science : on la lui servit toute faite.
Il voudrait s’enthousiasmer : on inventa les punitions. »
Il critique donc le fait d’imposer des leçons vides de sens et de raisons aux élèves, dénuées d’expériences et d’activités. L’école traditionnelle privilégie la théorie au détriment de la pratique, la punition plutôt que l’encouragement, la soumission plutôt que la réflexion, la restriction plutôt que l’ouverture au monde extérieur. Adolphe Ferrière exprime ainsi des principes se rattachant au courant d’Education nouvelle dont il crée la Ligue internationale pour l’Education Nouvelle en 1921.
Dans les années 1900, on voit, en effet, se développer, en marge des systèmes scolaires, des initiatives pédagogiques originales. Elles s’organisent autour de quelques principes de base : l’enfant apprend en faisant, les élèves doivent être mobilisés sur de vrais projets d’envergure, à l’image de ce qui existe dans la “vraie vie”, les savoirs s’acquièrent ainsi de façon naturelle et non plus à travers l’arbitraire des programmes, les règles et la discipline doivent émaner du collectif lui-même afin de former de véritables citoyens, l’activité manuelle doit être unie au travail de l’esprit. Ainsi se construit une sorte de « doctrine » qui sera formalisée en 1921, lors du Congrès de Calais, au moment de la création officielle de la Ligue internationale pour l’Éducation nouvelle par Ferrière à laquelle appartiendront Maria Montessori et Célestin Freinet.
Cependant, la notion d’« école active » n’est pas ressentie par tous les « nouveaux pédagogues » de la même façon. On observe, en effet, une multitude de conceptions chez les partisans de cette organisation internationale : certains y voient une manière de se centrer sur les opérations mentales des élèves, sur lesquelles travaille Jean Piaget, afin de démocratiser l’accès aux connaissances, d’autres, comme Célestin Freinet, en font un moyen de mettre en place une « école du peuple », égalitaire et coopérative, tandis que d’autres, encore, comme Ferrière lui-même, encouragent l’activité collective des enfants pour favoriser l’émulation interindividuelle.
En 1923, Célestin Freinet qui participe au Congrès de la Ligue internationale pour l'éducation nouvelle fait la connaissance d'Adolphe Ferrière à qui il vouera une amitié fidèle. « L'école active » de Ferrière, publié en 1924, sera un des livres de chevet de Célestin Freinet.
Sa conception pédagogique est, ainsi, très proche de celle de Ferrière dont il s’inspire.
Il invente des pratiques et les fait vivre dans sa classe d’abord à l’école de Bar-sur-Loup en 1920, puis celle de Saint-Paul de Vence jusqu’en 1934. Il démissionne et crée une école privée et laïque à Vence en 1935 qui accueille des enfants du peuple puis des petits réfugiés pendant la guerre d’Espagne. Cette école deviendra une école expérimentale en 1964 et sera reconnue par le ministère de l’éducation nationale sous Jospin, en 1992.
La pédagogie Freinet s’appuie sur 5 points essentiels : La classe atelier où l’élève produit réellement et a des responsabilités, l’apprentissage par l'exploration et l'expérimentation, l’apprentissage coopératif, la méthode naturelle comme l’inventivité des élèves face à des problèmes réels et la gestion démocratique de la classe. On retrouve ainsi les concepts défendus par Ferrière comme l’encouragement de la recherche collective libre, l’apprentissage par l’activité manuelle et l’expérience, le rattachement de ce qui est étudié au concret de la vie afin de lui donner du sens. Freinet reprendra ainsi le proverbe : « C’est en forgeant qu’on devient forgeron ».
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