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Les routes du pétrole au Moyen-Orient

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Par   •  24 Septembre 2023  •  Dissertation  •  2 136 Mots (9 Pages)  •  227 Vues

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Les routes du pétrole au Moyen-Orient

Les pays producteurs de pétrole du Moyen-Orient sont sensibles aux variations du cours du pétrole car leurs économies sont dépendantes des recettes pétrolières. Ainsi, les activités pétrolières représentent autour de 30% du produit intérieur brut de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, du Koweït et d’Oman et jusqu’à 60% pour l’Irak. Or les tensions politiques, l’extension des conflits ou la présence de groupes armés menacent régulièrement les approvisionnements en pétrole. Et ces enjeux pétroliers au Moyen-Orient concernent le monde entier, puisque les pays de la région approvisionnent aussi bien l’Asie, l’Europe, l’Amérique du Nord et l’Afrique. Le pétrole extrait au Moyen-Orient représente environ le tiers de la consommation mondiale, même si la part du pétrole exporté tend à décliner en raison de la hausse de la demande intérieure.

En moins d’un siècle, les oléoducs se sont imposés comme une composante économique majeure et symbolique du Moyen-Orient : à bien des égards, les oléoducs s’avèrent aujourd’hui l’une des principales composantes identitaires de la région et y incarnent les principaux enjeux géopolitiques la secouant

Ces infrastructures transportent, de fait, une des ressources naturelles parmi les plus lucratives au monde, dont le Moyen-Orient apparaît notoirement riche : le pétrole. Les oléoducs demeurent ainsi toujours, depuis leur généralisation au cours de la deuxième moitié du XXème siècle, un enjeu géopolitique aussi incontournable que sensible, comme l’ont montré encore récemment les attaques des rebelles houthis contre des pipelines et installations pétrolières saoudiennes en 2020, 2021 ou encore 2022 .

Enjeux de puissance sinon de pouvoir, enjambant des pays et parfois des continents, les pipelines sont pourtant le fruit de nécessaires coopérations régionales, bien souvent motivées par le développement économique et les retombées financières et énergétiques. Souvent méconnue, l’histoire des pipelines au Moyen-Orient et au Maghreb épouse pourtant celle des enjeux géopolitiques ayant présidé à leur construction, leur développement et, parfois, leur arrêt total.

I) L’histoire des routes du pétroles à travers la construction des différents oléoducs

1. Les pipelines transfrontaliers irakiens, pionniers des oléoducs

Le premier projet d’oléoduc au Moyen-Orient remonte à la période mandataire, lorsque du pétrole fut découvert pour la première fois en Irak : en 1927, l’Iraq Petroleum Company britannique trouve en effet du pétrole à Baba Gurgur près de Kirkouk , dont la région s’avère particulièrement riche en hydrocarbures et notamment en pétrole. Afin de transporter l’or noir vers les marchés occidentaux, l’idée d’un pipeline est rapidement émise et son édification commence en 1937.

Le tracé retenu se montre très audacieux au vu de la situation géopolitique de l’époque : partant de Kirkouk, le pipeline devait courir jusqu’au sud-ouest de Haditha, en Irak, puis plonger à l’ouest jusqu’à Amman en Jordanie, pour finir à Haïfa, en actuel Israël . La fin de la construction du pipeline coïncidera avec l’établissement de l'État hébreu en 1948 et le pétrole ne coulera que quelques jours dans le pipeline avant que n’éclate la première guerre israélo-arabe .

Les années suivantes, des pipelines partant d’Irak et plongeant vers la Méditerranée seront construits à Baniyas (au nord de Tartous) et à travers la Syrie jusqu’à Tripoli, au Liban . Un imposant pipeline desservant le port de Ceyhan, en Turquie, et partant de Kirkouk en Irak, sera quant à lui achevé en 1977. En raison des relations pour le moins dégradées entre les autorités syriennes et le régime baasiste en Irak, ce dernier cessera d’utiliser les pipelines syriens aussitôt le pipeline turc achevé, et ne se reposera que sur celui-ci et plusieurs terminaux pétroliers nouvellement construits dans le Golfe persique.

Au début des années 1980, l’Irak dispose de trois terminaux pétroliers dans le Golfe : Mina al-Bakr, Khawr al-Amaya et Khawr al-Zubayr. Toutefois, en raison des dégâts qu’ils subiront durant la guerre Iran-Irak, Bagdad s’empressera de construire un nouveau pipeline en 1985 qui, partant d’Arabie saoudite, desservira le port de Yanbu, en mer Rouge . En décembre 1996, le pipeline irako-turc est rouvert - après avoir été fermé en 1990 dans le cadre des sanctions imposées par les Nations unies à l’Irak - grâce au programme « pétrole contre nourriture » - un programme de l’ONU conçu pour aider les Irakiens à survivre aux sanctions internationales imposées au régime de Saddam Hussein après l’invasion du Koweït en 1990 , et qui permettait aux autorités irakiennes de vendre leur pétrole sous la supervision de l’ONU afin d’obtenir, en échange, des denrées alimentaires .

2. Les pipelines irakiens au XXIème siècle

A partir de l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis en 2003, les pipelines irakiens feront l’objet de nombreux actes de sabotage commis par les insurgés. Les Etats-Unis, de leur côté, décourageront l’exportation du pétrole irakien par la Syrie en raison de la violation, par cette dernière, de diverses sanctions édictées contre l’Irak et, plus largement, à cause d’une dégradation très forte des relations diplomatiques entre Washington et Damas .

Le flux du pipeline Kirkouk-Ceyhan, normalement conçu pour assurer un flux de 1,6 million de barils par jour, chutera à 30 000 barils en 2003 à cause du conflit . En dépit des occasionnels pics d’activité, le pipeline restera considérablement sous-exploité jusqu’en 2008, date à laquelle les forces américaines dresseront la protection des pipelines au rang de leurs priorités stratégiques en Irak. Le flux repassera alors à 355 000 barils en moyenne par jour.

3. Le pipeline Transarabe

Le pipeline Transarabe, également appelé Tapline pour « Trans-Arabian Pipeline Company », constituera quant à lui une autre page centrale dans l’histoire des pipelines au Moyen-Orient : construit par les Britanniques dans les années 1940, il partait de Qaisumah, près de Hafar Al-Batin en Arabie saoudite, et s’arrêtait à Sidon, au Liban, en passant par la Syrie et la Jordanie. La Guerre des Six Jours en 1967 viendra toutefois initier la lente mise à mort du pipeline qui connaîtra avaries sur avaries, sabotages - il sera attaqué en 1969 par un commando du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) - et, surtout, des tensions

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