Colle de géographie l'UE en mer baltique

Léo

Gléonec                                        L’UE en Mer Baltique                                        K2

Sur les trois directions stratégiques de l’OTAN, le « flanc est » (à côté du Sud et du Grand Nord) est celle qui s’est récemment hissée le plus rapidement au sommet des préoccupations euro-atlantiques. Selon l’Organisation, le flanc est est une « region that comprises eight Nordic and Baltic states, which have become increasingly interdependent in security terms ». Or ce flanc otanien est aussi le flanc d’une des institutions politiques les plus particulières en matière de géopolitique actuelle. L’Union européenne, cette “fédération d’Etat Nation”, comme l’appelle Jacque Delors, est un acteur géopolitique mondial extrêmement important, mais dont le fonctionnement est complexe, car unissant de nombreuses régions d’Europe sous un même drapeau. L’UE cherche donc à totalement intégrer cette mer intérieure, enjeu majeur dans son développement futur.

 En effet, L’espace baltique est aujourd’hui un bassin de développement galvanisé par les très nombreux projets et investissements venant de la commission. Les pays bordant la mer baltique, au-delà de leurs cultures communes, ont formé de très forts liens entre eux, à travers leurs liaisons maritimes et terrestres. Ces relations n’ont pourtant jamais été acquises. La Guerre froide, et avant cela les deux guerres mondiales ne laissèrent jamais paraître l’espoir d’une quelconque entente entre peuples du bassin baltique. Les difficultés qui ont mené à la construction de cette mer comme un liant pour les territoires sont de plus aujourd’hui de retour, en témoigne le climat géopolitique actuel. Ainsi, il paraît pertinent de se poser la question suivante:

En quoi l'Union européenne a-t-elle façonné la mer Baltique, autrefois un espace contesté, en une zone de coopération étroite entre les pays nordiques, aujourd'hui région-frontière faisant face à de très fortes tensions venues de grandes puissances voisines ?

Afin de mener notre étude, nous pourrons voir premièrement que la Baltique constitue la “Mare Nostrum” du nord, une mer intérieure prépondérante en Europe. Ensuite, nous déterminerons qu’elle reste une aire géographique extrêmement fragile et protégée, au passé marqué. Enfin, nous verrons que cette mer baltique se trouve être l’épicentre d’une  géopolitique entre puissances extérieures vitale pour le futur de l’UE.

1. la “Mare Nostrum” du nord, une mer intérieure prépondérante en Europe…

1. une Interface intercontinentale dans la zone baltique.

Grande de 364 800 km², la mer baltique est entourée par 9 États ayant leurs côtes directement sur le bassin baltique, 8 font partie de l’Union Européenne, à savoir la Suède, la Finlande, les Pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), l’Allemagne, et la Pologne. La Russie est le seul qui n’en fait pas partie. Comprenant plus de 200 ports de commerces le long des côtes, la mer baltique est à elle seule responsable de 15% du commerce mondial maritime et 8% de la circulation de navire tout confondu. St Petersbourg et Primorsk sont les ports les plus actifs en matière de fréquentation, et surtout dans le domaine des conteneurs.. Malgré la chute drastique des échanges maritime en 2022, depuis la fermeture des exportations russes, la fréquentation n’a pas cessé d’augmenter, avec des exportations de pétroles en hausse. En janvier 2023, les exportations de pétrole du port de Primorsk ont explosé, atteignant une augmentation de 66% pour une exportation de plus de 948 000 barils par jour. Même si les ports européens accusent une diminution de leur fréquentation en 2023, la mer baltique continue d’être mobilisatrice, continuant dans la perspective de la multiplication du tonnage de produits transportés, passant de 420 millions de tonnes en 1997 à plus de 820 Millions de tonnes en 2019.

1. Une projection européenne sur le territoire baltique et le rattachement au reste de l’UE.

Afin de relier ce territoire d’échanges en augmentation constante, l’UE souhaite établir le plus de liens possibles entre son territoire et l’espace baltique. Sur les 9 corridors établies par la commission européenne dans sa stratégie du RTE-T (Réseau transeuropéen de transport), 3 concernent directement l’espace baltique: le corridor Mer du nord - Baltique, le corridor Baltique - Adriatique, et le corridor Scandinave - Méditerranée. Entre autres, l’aménagement actuel majeur se situe sur le premier corridor cité, et est l’aménagement de la “Rail Baltica”. La voie ferrée est censée relier Helsinki aux pays baltes puis à Varsovie, ce qui formerait alors la continuation du corridor Mer du Nord - Baltique. Actuellement en construction, la Rail Baltica est le plus grand projet ferroviaire mené en 100 ans dans la zone de la mer baltique. Long de 870 km, elle reliera la totalité des hubs régionaux baltes (Kaunas, Vilnius, Riga, Pärnu, Tallinn) à l’axe rhénan européen et aux grands ports de la Northern Range, avec la station centrale de la voie se situant à Riga. Le transport de fret pourra atteindre plus de 120 km/h sur cette voie, ouvrant l’espace balte à de nouveaux investissements, permettant un meilleur accès aux marchés des trois pays, ainsi que celui de Finlande. La rail Baltica se verra en effet terminée par le projet du tunnel Tallinn - Finlande. D’un peu plus de 92 km de long et à 215 m sous le niveau de la mer, il deviendrait alors le plus long tunnel du monde, qui plus est sous-marin si ce projet est mené à terme, et éviterait de passer par la voie terrestre de 750 km de long entre les deux capitales et passant surtout par la Russie.

1. Les politiques de l’UE: des stratégies régionales pour une baltique plus européenne.

La politique de cohésion européenne vise ainsi à lier les territoires entre eux, et à développer les connexions entre ceux-ci dans une politique transnationale, notamment dans des investissements sur des projets tels que les nouvelles technologies ou la transition écologique. La Coopération Territoriale Européenne, appelée aussi Interreg, en est l’une des deux missions principales. Concernant l’espace de la baltique, c’est l’Interreg “Baltic Sea Region” qui prend en charge les financements et la gestion des investissements venant de l’UE. Le programme Interreg vise selon la Commission, à  “promouvoir la coopération entre les régions européennes et le développement de solutions communes”. Elle est directement financée par le FEDER à hauteur de 8 milliards sur la période 2021-2027. Le programme, né en 2009, mène à la création de la première stratégie macro-régionale de l’Union Européenne, à savoir l’ EUSBSR, la “Stratégie de l’Union Européenne pour la Région de la Mer Baltique”. Cette stratégie comprend trois objectifs principaux, à savoir l’augmentation de la prospérité économique des pays, la sauvegarde de la mer baltique, et l’amélioration de la connectivité des régions de la baltique. Ces trois objectifs clefs sont menés à travers 14 plans d’actions dans lesquels l’Union Européenne investis directement, concernant l’ensemble des facettes socio - économique de la mer baltique: la bioéconomie, le Transport, l’Énergie… Dans la période de fonctionnement 2021-2027, 157 millions d’euros ont pour l’instant été investis, émanant directement de l’Interreg, par exemple dans le projet “Blue Supply Chain”, visant à  moderniser et électrifier les réseaux portuaires de la baltique à hauteur de 4,60 millions sur 2 ans. En tout, 47 “projets fondamentaux” et 30 “petits projets” sont menés sur la période en cours 2021-2027. La période précédente 2014 - 2020 totalisait plus de 176 projets menés à bien.

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