Intro :
Titre : Manon Lescaut Date : 1731 Siècle : XVIIIe Auteur : L’abbé Prévost Genre : roman-mémoire / autofiction
Mouvement : Début des lumières
- Péripétie
- C’est ici des Grieux qui racontent son histoire à Renoncourt à l’auberge du Lion d’Or, à Amiens, après la mort de Manon en Amérique.
- Dans ce passage, Des Grieux raconte le premier retour de Manon après qu'elle l'ait trompé avec M. de... B et qu'elle ait accepté de le "rendre" Des Grieux à sa famille, qui l’envoie dans un couvent. Il est important de noter que le narrateur est bel et bien Des Grieux, ce qui signifie que nous verrons Manon à travers ses yeux, 'homme profondément amoureux. Sa perception des événements et la manière dont il en fait la narration peut être modifier.
Problématique : En quoi Des Grieux n’est-il pas qu’une simple victime de Manon ?
« Nous analyserons cet extrait selon un plan linéaire le découpant en 3 mouvements, à savoir… »1er mouvement :
1e Un tableau pathétique (l.1 à 9, « … d’être à toi. »)
2e : La réconciliation des amants (l.9 à 12, « … ses plus vives tendresses. »)
3e : Un personnage d’une grande modernité (l.12 à 17)
1er Mouvement : Un tableau pathétique (l.1 à 9, « … d’être à toi. ») |
- Opposition entre la posture des deux amants : « Elle s’assit. Je demeurai debout » (l.1).
- En apposition, la description précise de la posture physique de Des Grieux : « le corps à demi-tournée » (l.1).
- Décrive la scène à la manière d’une œuvre d’art (ekphrasis), dans lequel les deux amants se font face sans jamais se regarder => irréelle et, surtout dramatique.
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Transition : Des Grieux tente de défiger le tableau par la parole, mais la négation totale acte l’impossibilité de cette action et donne une impression dramatique: « je n’eus pas la force d’achever » (l.3):
- La douleur et le jugement que fait Des Grieux des agissements Manon
- Répétition du mot « perfide » et la dérivation « sa perfidie »(4x entre les lignes 3 et 4)
- En ajoutant la douleur de Manon
- Hyperbole « en pleurant à chaudes larmes » (l.).
- Des Grieux ancrent ainsi la cène dans un registre parfaitement pathétique.
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Transition : Il ne faut pas oublier que Des Grieux s’adresse ici à Renoncourt ; le récit est donc potentiellement fausser par le point de vue du jeune homme très amoureux et naïf.
- Le récit se mettra ainsi en mouvement : Parole rapportée ligne 5, très dramatique et teintée de pathétique :
- Des Grieux conditionnent la vie même de Manon à son amour
- Utilise un oxymore entre les verbes "vivre" et "mourir"
- Exprimer l'intensité de ses émotions.
- Anaphore "demande donc ma vie" et "demande ma vie", mais on peut se demander si Des Grieux n'exagère pas un peu sa réaction et celle de Manon.
- Des Grieux insistent à nouveau sur la déloyauté de Manon :
- Modalité exclamative après l'adjectif "infidèle"
- Il les décrit comme deux amants éperdument amoureux l'un que l'autre dans une scène très pathétique, et qui montre son incapacité à résister à Manon.
- Enfin, il sacrifie sa vie pour Manon avec une déclaration très dramatique qui semble tout droit sortie d'un roman romanesque.
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2e Mouvement : La réconciliation des amants (l.9 à 12, « … ses plus vives tendresses. ») |
Transition : Cette dernière réplique de Des Grieux sera interprétée par Manon comme une véritable déclaration d’amour et marquera un changement de ton dans le texte et le début de la réconciliation des amants. - Empressement de Manon à la ligne 10, « À peine eus-je achevé ces derniers mots, qu’elle se leva avec transport pour venir m’embrasser ».
- La cène est alors bousculée par ces phrase de réconciliation => fissure dans le texte
- Des Grieux Justifie ces agissements futurs en effet :
- Hyperboles : « Elle m’accabla de mille caresses passionnées » (l.10-11) et « Elle m’appela par tous les noms que l’amour invente pour exprimer ses plus vives tendresses » (l.12)
- Justifie la réconciliation de Des Grieux en vers Manon.
- Des Grieux changent progressivement de ton, passant d’amant offensé à victime de sa passion.
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Transition : Des Grieux, à la manière d’un jeune homme naïf et perdu, donne alors à son récit une accent qui se rapprocher des romans romanesques à la mode. - Qu’il met en avant par, le champ lexical de la passion : transport, m’embrasser, caresses passionnées, amour, tendresses (l.10 à 12).
- Choquent pas un public moderne, Des Grieux est ici en habit religieux, suit un séminaire. Manon se jeté, sur un homme portant l’habit, ce qui sera perçu par les contemporains de l’abbé Prévost comme parfaitement immoral.
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3e Mouvement : Au-delà d’une simple victime, Des Grieux est un personnage d’une grande modernité (l.12 à 17). |
Transition : Comme s’il se rent compte de l’immortalité de ses propos, Des Grieux revient vers une intonation plus raisonnable sur les dernières lignes de l’extrait.
- Terme « langueur » (l.12)
- Signifiant ça « fatigue » vis sa vie des « mille caresses passionnées » de Manon.
- L’antithèse qui suit aux lignes 13 et 14 entre « la situation tranquille » et les « mouvements tumultueux » donnant l’impression que Des Grieux est rattrapé par sa destinée, comme un personnage de tragédie, frappé par la fatalité de son destin.
- Des Grieux expriment alors des réserves, ce qui contraste avec les effusions sentimentales des phrases précédentes.
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[Élément de transition] Des Grieux se présente alors par le biais de termes très sombres, il est « épouvanté », il « frémissait » (l.14), comme s’il comprenait qu’au-delà de pathétique sa situation était davantage tragique, condamné à revenir sans cesse vers Manon .
- Passage du passé au présent de narration
- Avènement d’une image poétique, aux accents romantiques et même gothiques : « lorsqu'on se trouve la nuit dans une campagne écartée ».
- Le présent gomme ici le passage du temps et « transporte » le personnage dans une nouvelle réalité, qu’il appelle « nouvel ordre de choses » (l.15).
- La campagne sombre et écartée décrite dans le texte : métaphore de l'état émotionnel de Des Grieux, qui ressent une "horreur secrète".
- L'utilisation du paysage pour exprimer ses émotions annonce le préromantisme.
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CONCLUSION