Le mariage de Figaro
Fiche de lecture : Le mariage de Figaro. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Louisa Bourdeix • 2 Avril 2023 • Fiche de lecture • 3 387 Mots (14 Pages) • 206 Vues
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L’huissier, glapissant. Silence !
Bartholo, lit. « Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé : Figaro, tout court. Mes conclusions sont au payement du billet et à l’exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la cour ; et, depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…
Le Comte, interrompant. Avant d’aller plus loin, avocat, convient-on de la validité du titre ?
Brid’oison, à Figaro. Qu’oppo… qu’oppo-osez-vous à cette lecture ?
Figaro. Qu’il y a, messieurs, malice, erreur ou distraction dans la manière dont on a lu la pièce, car il n’est pas dit dans l’écrit : laquelle somme je lui rendrai, ET je l’épouserai, mais : laquelle somme je lui rendrai, OU je l’épouserai ; ce qui est bien différent.
Le Comte. Y a-t-il et dans l’acte ; ou bien ou ?
Bartholo. Il y a et.
Figaro. Il y a ou.
Brid’oison. Dou-ouble-Main, lisez vous-même.
Double-Main, prenant le papier. Et c’est le plus sûr, car souvent les parties déguisent en lisant. (Il lit.) E. e. e. e. Damoiselle e. e. e. de Verte-Allure e. e. e. Ha ! laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château… ET… OU… ET… OU… Le mot est si mal écrit… il y a un pâté.
Brid’oison. Un pâ-âté ? je sais ce que c’est.
Bartholo, plaidant. Je soutiens, moi, que c’est la conjonction copulative ET qui lie les membres corrélatifs de la phrase : Je payerai la demoiselle, ET je l’épouserai.
Figaro, plaidant. Je soutiens, moi, que c’est la conjonction alternative OU qui sépare lesdits membres : Je payerai la donzelle, OU je l’épouserai. À pédant, pédant et demi. Qu’il s’avise de parler latin, j’y suis Grec ; je l’extermine.
GRAMMAIRE :
- Analyser la négation dans la phrase suivante : « jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la cour »
- Analyser l’interrogation dans la phrase suivante : « Y a-t-il et dans l’acte ; ou bien ou ? «
Introduction
Le mariage de Figaro est une comédie écrite par Beaumarchais en 1778, durant le siècle des Lumières. Elle constitue le second volet d’une trilogie qui débute par Le Barbier de Séville et s’achève par La mère coupable. Dans cette pièce, Beaumarchais dénonce les injustices de son temps, notamment l’injustice de la société de l’ancien régime qui repose sur une division en trois ordres[1] ainsi que la corruption de la justice.
L’extrait que nous allons étudier est une scène centrale de la pièce qui se situe dans l’acte III, scène 15. Il s’agit d’ une parodie de procès qui oppose Figaro à Marceline. Cette dernière ne sait pas encore qu’elle est la mère de Figaro, elle ne l’apprendra qu’à la fin de cet acte. Malgré leur différence d’âge, Marceline a des vues sur Figaro. Elle a obtenu, naguère du valet, une promesse de mariage en échange d’un prêt financier. Figaro qui s’apprête à épouser Suzanne ne veut pas en entendre parler, mais l’imprudent à signer un document : aussi Marceline lui intente-t-elle un procès pour l’obliger à tenir sa promesse. Bartholo qui déteste Figaro[2] se fait l’avocat de Marceline, tandis que le comte qui souhaite compromettre le mariage entre Figaro et Suzanne qu’il courtise endosse le rôle du juge.
LECTURE
Problématique : Comment Beaumarchais met-il en place la satire de la justice à travers la mise en scène d’un procès ?
Mouvements :
L1 : La satire de la justice s’entend en un seul mot
L2 à L9 : Des personnages hypocrites qui jouent le rôle d’un avocat et d’un juge
L 10 à la fin : Un désaccord sur une conjonction de coordination qui est source de comique.
Mouvement n°1 : La satire de la justice s’entend en un seul mot (l.1)
L’huissier, glapissant. Silence !
Tout au long de l’extrait, les personnages censés représenter la justice sont ridiculisés. Dans la première réplique de l’extrait, l’huissier se contente d’hurler pour réclamer le silence. La didascalie « glapissant », animalise le personnage qui ne parle pas, mais glapit à la façon d’un renard. Cette animalisation renvoie donc l’huissier à un animal, symbole de la ruse et de la duperie[3].
Mouvement 2 : Des personnages hypocrites qui jouent le rôle d’un avocat et d’un juge(l 1 à 10)
- Bartholo, lit. « Je soussigné reconnais avoir reçu de damoiselle, etc… Marceline de Verte-Allure, dans le château d’Aguas-Frescas, la somme de deux mille piastres fortes cordonnées ; laquelle somme je lui rendrai à sa réquisition, dans ce château ; et je l’épouserai, par forme de reconnaissance, etc. » Signé : Figaro, tout court. Mes conclusions sont au payement du billet et à l’exécution de la promesse, avec dépens. (Il plaide.) Messieurs… jamais cause plus intéressante ne fut soumise au jugement de la cour ; et, depuis Alexandre le Grand, qui promit mariage à la belle Thalestris…
Bartholo et Almaviva sont déterminés, pour des raisons différentes, à obtenir la condamnation de Figaro. Bartholo, pourtant médecin, s’improvise avocat de Marceline afin d’assouvir son désir de vengeance contre Figaro (ce dernier ayant fait échouer son mariage avec Rosine, future Comtesse, dans Le Barbier de Séville).
Les lignes suivantes correspondent au document rédigé par Figaro dont Bartholo fait la lecture. Nous apprenons que Marceline a fait un prêt à Figaro de : « deux mille piastres » (l 2) qui s’est engagé, en contrepartie, à la rembourser et à l’épouser d’après la conjonction de coordination « et » qui va faire l’objet d’un long débat par la suite : « laquelle somme je lui rendrai (…) et l’épouserai » (l 2-3)
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