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Adaptation de Juste à lafin du Monde de Jean-Luc Lagarce par Xavier Dolan

Compte rendu : Adaptation de Juste à lafin du Monde de Jean-Luc Lagarce par Xavier Dolan. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  15 Mai 2024  •  Compte rendu  •  6 060 Mots (25 Pages)  •  149 Vues

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Adaptation Juste la fin du Monde de Xavier Dolan

Le découpage proposé s’appuie en partie sur celui du Ciné-club de Caen. La numérotation des scènes telle qu’elle est proposée dans la pièce de J.-L. Lagarce est conservée afin de mettre en valeur la fidélité du réalisateur au déroulé du texte d’origine.

PROLOGUE

(Début à 5’28). L’annonce

Louis, 34 ans, assis dans un avion, réfléchit à la visite qu’il va rendre à sa famille pour la première fois depuis douze ans pour leur annoncer sa mort prochaine et inexorable. Générique de début et voyage en taxi de l’aéroport à la maison familiale.

La musique.

La chanson de Camille « Home is where it hurts » (« la maison est [le lieu] où ça fait mal »), extraite de l’album Music Hole, 2008, la chanteuse y raconte sa peur de devoir vivre dans une maison sans toit, ni mur, ni porte), sert d’ouverture au film. Le spectateur entend d’abord un arrangement musical lorsque Louis est dans l’avion et prononce le prologue en voix off (procédé cinématographique s’il en est). Ensuite, Louis entre dans la voiture et Dolan coordonne les images cinématographiques à la chanson de Camille, puisque la porte claque au moment où un changement de rythmes dans la musique s’opère. Le réalisateur juxtapose alors la partition aiguë de la chanteuse avec les bruits de la cuisine de La Mère et le parcours dans la ville du fils. Tout se mêle dans une partition harmonieuse, proche du clip vidéo (c’est l’une des caractéristiques des films de Dolan).

Les images. Par rapport à l’adaptation de la pièce vers le film, le réalisateur choisit de conserver le principe d’un prologue, qui passe par une voix off. Il est intéressant de noter qu’on ne voit pas le personnage apparaître immédiatement : il est dans une semi-pénombre, et relié à un espace neutre de transition (l’avion ou la voiture) et à des gestes disparus qui nous rappellent l’enfance. On découvre d’abord le personnage de Louis/Gaspard Ulliel par son oreille (1’18), ce qui est intéressant car il va en effet passer son dimanche à écouter sa famille. La présentation de son visage en gros plan s’effectue au moment où il dit qu’il vient « annoncer [sa] mort ». Ainsi, par un jeu d’images paradoxales, nous le découvrons pleinement au moment où il évoque sa disparition. Le réalisateur, homosexuel lui-même, fait davantage jouer les références implicites à l’orientation sexuelle de Louis en insistant sur l’échange de regards de ce dernier avec différents jeunes hommes croisés sur le chemin qui sont aussi des jeunes du coin avec leur différence sociale. (il n’en est pas question dans le prologue de la pièce).

Le texte. Dolan a compris que l’un des enjeux principaux de la pièce de Lagarce reposait sur la place accordée au langage. Il a ainsi affirmé ne pas vouloir le dénaturer. Il l’a cependant adapté au langage cinématographique, supprimant des hésitations et rajoutant un vocabulaire souvent plus familier, voire grossier, que dans la pièce. Dans le prologue, le réalisateur est resté proche du texte d’origine mais en l’épurant. Seuls les éléments en gras ont été conservés :

Je décidai de retourner les voir, revenir sur mes pas, aller sur mes traces et faire le voyage pour annoncer, lentement, avec soin, avec soin et précision – ce que je crois – lentement, calmement, d’une manière posée – et n’ai-je pas toujours été pour les autres et eux, tout précisément, n’ai-je pas été un homme posé ?, pour annoncer, dire, seulement dire, ma mort prochaine et irrémédiable, l’annoncer moi-même, en être l’unique messager, et paraître – peut-être que j’ai toujours voulu et décidé en toutes circonstances et depuis le plus loin que j’ose me souvenir – et paraître pouvoir là encore décider, me donner et donner aux autres, et à eux tous, tout précisément, toi, vous, elle, ceux-là encore que je ne connais pas (trop tard et tant pis), me donner et donner aux autres une dernière fois l’illusion d’être responsable de moi-même et d’être jusqu’à cette extrémité, mon propre maître.

PREMIÈRE PARTIE

Scène 1 (5’29 à 10’). Les présentations

Suzanne fait les présentations et s’amuse de ce que Louis n’a jamais vu Catherine, la femme de son frère. Elle se plaint qu’il ne lui ait pas demandé de venir le chercher plutôt que de prendre un taxi. Antoine apparaît d’emblée comme ironique et colérique.

Scène 2 (10’01 à 18’45). Les « Rois de France »

Catherine parle de sa fille aînée, huit ans, et du second, six ans, prénommé Louis. Antoine manifeste son hostilité à l’écoute bienveillante de Louis. Le prénom de Louis est celui du père et donc aussi celui de l’héritier mâle puisque Louis, le fils cadet (modification par rapport à la pièce de Lagarce, où Louis est l’aîné) n’aura pas d’enfant. Moment de malaise à cette évocation.

Scène 3 (18’46 à 27’35). Dans la chambre de Suzanne

Dans sa chambre, Suzanne reproche à Louis d’être parti et de l’avoir abandonnée. Tous l’admiraient pour son talent d’écriture mais il ne leur en faisait pas part, leur envoyant de rares cartes postales. Suzanne avoue sa frustration d’habiter chez sa mère, tout en s’en satisfaisant.

Scène 4 (27’36 à 34’10). Les dimanches

Dans la cuisine, Martine (La Mère) raconte pour la énième fois les dimanches passés en famille, la sortie, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, avec les deux garçons qui grandissent et se chamaillent puis ne veulent plus venir avec eux. Martine entraîne Suzanne dans une démonstration du cours d’aérobic qui débouche sur le flash-back des jours heureux à la campagne.

Scène 5 (34’11 à 37’00). L’appel de l’ami

Dans la salle de bain, Louis informe son ami au téléphone qu’il n’a pas encore annoncé la nouvelle de sa mort imminente. C’est par le subterfuge du coup de téléphone que X. Dolan reprend le monologue de Louis figurant dans la pièce de Lagarce.

Scène 6 (37’01 à 42’13). Parler à Antoine

En sortant de la salle de bain, Louis tombe sur Catherine. Elle lui avoue qu’Antoine pense que sa vie n’intéresse pas Louis. Elle lui demande de ne pas lui parler à elle, mais à Antoine.

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