Victor Hugo, j'aime l'araignée j'aime l'ortie
Commentaire d'oeuvre : Victor Hugo, j'aime l'araignée j'aime l'ortie. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Cookie____ • 27 Mai 2023 • Commentaire d'oeuvre • 690 Mots (3 Pages) • 209 Vues
J'aime l'araignée j'aime l'ortie
Commençons par nous pencher sur le premier mouvement (le vers 1). Dans ce dernier, le poète annonce un renversement dans l’ordre établi et l’idée communément admise. En effet, dès ce premier vers, le poète déclare un amour improbable grâce au parallélisme à la césure entre “J’aime [...] j’aime”. Cela met également en évidence son engagement personnel dans ce poème comme le montre la répétition du pronom personnel “je”, caractéristique du registre lyrique. Ce premier vers est paradoxal, puisque le poète y affirme son amour pour deux êtres nuisibles souvent fuis et détestés : “l’araignée” et “l’ortie”.
Analysons maintenant le second mouvement, des vers 2 à 16, au cours duquel nous verrons les raisons pour lesquelles ces êtres sont repoussés et détestés. Le paradoxe exposé au vers 1 se poursuit dans ce second vers introduit par la locution conjonctive “Parce qu” suivie du pronom personnel “on” créant une forme de généralité sur le sentiment éprouvé envers ces êtres. Ces derniers sont fortement rejetés, ils sont en somme des victimes; c ‘est ce qui, paradoxalement, fait que le poète les aime comme le prouve l’antithèse entre “aime” et “hait”. Au vers suivant, la double opposition entre “tout”/“rien” et “exauce”/“châtie” souligne le triste sort de ces deux êtres qui n’ont rien en leur faveur. Ils sont constamment mis à l’écart, leurs souhaits ne se réalisent jamais, c’est comme si on les punissait d’exister. L’enjambement qui s'ensuit met un avant une nouvelle opposition, pouvant presque être considéré comme un oxymore “morne souhait”. Ce dernier est renforcé par le champ lexical de la tristesse “morne”, “maudites”, “tristes” qui présente ses deux êtres comme pathétiques, impuissants et délaissés.
L’anaphore “Parce qu” introduit cette deuxième strophe en nous donnant une nouvelle raison de ne pas les aimer exprimée par les deux attributs du sujet “maudites, chétives”, qui souligne leur santé fragile, le risque de se blesser et les représentent comme des créatures maléfiques et dangereuses. Cela est d’ailleurs repris au vers 6 par l'apposition “Noirs” introduisant le champ lexical de l’obscurité. A travers ces défauts, Victor Hugo nous donne en réalité des raisons de les aimer. En effet, par la suite l’attribut du sujet “captives” introduit une nouvelle idée : ces deux créatures seraient prisonnières ou en tout cas prises au piège de cette existence misérable qu’elles n’ont pas choisie, ce qui est repris par l’enjambement au vers 8 “De leur guet-apens”.
La troisième strophe renvoie à cette idée de captivité avec “prises” néanmoins, le complément circonstanciel de lieu suivant “dans leurs œuvres” montre ici qu’ils sont en proie à leur propre condition : la toile de l’araignée et l’ortie piquante. Il s’agit également d’une métaphore du poète ou d’un artiste incompris qui serait comme prisonnier dans son œuvre à l’image d’un insecte dans une toile d’araignée. Les deux exclamations adverbiales qui s’ensuivent “O sort! fatals noeuds!” mettent en lumière une destinée, insistant sur la notion d’impuissance et d’emprisonnement.
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