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Sujet à citation Pierre Albouy

Dissertation : Sujet à citation Pierre Albouy. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  17 Mai 2024  •  Dissertation  •  5 648 Mots (23 Pages)  •  56 Vues

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PROPOSITION de devoir

DISSERTATION - Sujet à citation Pierre Albouy

[Préambule] Oeuvre de “poésie pure”, Les Contemplations s’inscrit a priori dans la tradition lyrique, que l’on songe en effet, à la référence liminaire/inaugurale à Orphée (“Le poète s’en va dans les champs”, I, 2) ou à l’omniprésence du “Je” lyrique qui sature littéralement le texte hugolien. [Définitions et effort de conceptualisation] Mais l’adjectif lyrique apparaît lui-même problématique, comme un concept flou dont les acceptions sont multiples selon les époques et les courants littéraires. On retrouve une première mention du terme sous la forme substantive en 1829 sous la plume d’Alfred de Vigny, désignant alors “le mouvement de style, de l’expression”. Aristote s’était déjà frotté à la question, affirmant au contraire que poète lyrique est avant tout celui qui parle seul et de lui-même sans déléguer la parole à d’autres personnages. [Conceptualisation du sujet et mise en place problématique] Malgré les variations sémantiques (de sens) que ce terme subit, il est incontestable que la poésie lyrique apparaît comme l’expression d’une subjectivité, d’un “Moi” individuel. Mais cette identité individuelle semble sans cesse interrogée, et problématisée, notamment chez certains auteurs romantiques, comme le remarque avec justesse le critique Pierre Albouy dans son article intitulé “Hugo ou le ‘je éclaté’”. En postulant en effet l’éclatement du “Je” hugolien, l’auteur remet en question la définition conventionnelle du lyrisme, pour mettre au jour les nouvelles modalités à l'œuvre chez Victor Hugo. Tout se passe en effet, comme si le “Je” des Contemplations entrait dans un rapport de discordance voire de franche hétérodoxie avec la tradition littéraire, en accédant à une nouvelle forme de subjectivité, subjectivité  qui aurait perdu ses contours individuels et ne serait plus clairement et nettement identifiable. De cette métamorphose naîtrait selon Pierre Albouy, une autre instance énonciative qu’il nomme en une très belle formule “la voix” : or, cette voix impersonnelle et divine à la fois n’occulterait paradoxalement pas les pouvoirs suggestifs du “Je”. [Problématique] La question est donc de savoir, dès lors, dans quelle mesure le lyrisme original des Contemplations présuppose-t-il cette instance individuelle renvoyant tout à la fois à l’auteur et une instance dépersonnalisée, pour trouver sa profondeur et sa singularité ? [Annonce du plan] La thèse de Pierre Albouy ouvre des pistes de réflexion stimulantes que cette dissertation entend discuter. L’argument principal fait en effet ressortir l’originalité du lyrisme hugolien, lequel met constamment en crise le “je” et en théorise la dislocation. La notion de “voix” prend alors toute sa signification, permettant de mieux comprendre la paradoxale dépersonnalisation du sujet lyrique et sa faculté à exprimer ce qui le déborde (I). Ce dernier ne perd pas pour autant toute consistance biographique en devenant un contemplateur du monde alentour. Au contraire, le recueil ne cesse de revenir à sa triste origine, la mort de Léopoldine, et la douleur du “je” hugolien semble dans ce contexte, gagner l’univers entier. Ainsi donc, parallèlement à une dépersonnalisation du “je”, il y a une subjectivation du cosmos (II). Ce double mouvement concomitant aboutit à l’émergence d’une parole poétique en laquelle se réalise l’abolition de la limite entre le sujet et le monde au sein d’une œuvre totale (III).

I. Le moi absolu : du “je éclaté” aux “mille voix” ? Le “je” lyrique comme une construction poétique

EXPLICA° : on reprend le constat de Pierre Albouy sur l’existence d’un “je éclaté” et on déduit les conséquences de cet éclatement sur le lyrisme hugolien. Si le je est éclaté, le lyrisme n’est pas traditionnel, il est dépersonnalisée (A), universel (B), métaphysique (C)

Cf métaphore du ballon

  1. Un lyrisme dépersonnalisée

Il y a d’abord, à l’évidence, plusieurs paradoxes dans Les Contemplations. Le premier, le plus en surface : l’omniprésence de la première personne qui produit une perspective subjective, par laquelle le recueil s’inscrit dans le sillage de la tradition lyrique. Le second paradoxe est qu’il s’agit ici d’un “Je” sans qualités, ni substance, c’est-à-dire un “moi” délesté de ses traits personnels, de son individualité propre. Double paradoxe qui justifie pleinement le constat dressé par Pierre Albouy d’une “impossibilité”.

Première manifestation de ce questionnement de la subjectivité individuelle dans Les Contemplations : la présence de nombreux poèmes qui reprennent l’héritage de la lyrique amoureuse, tout en décalant subtilement les modalités et les procédés. Que l’on songe ainsi aux textes du livre II, “L’âme en fleur”, un très grand nombre de poèmes constitue une évocation émue et exemplaire de souvenirs amoureux : le poème “Hier au soir” résume à cet égard la prière sentimentale que le poète a adressé aux astres, alors qu’il se trouvait avec la femme aimée. Si le titre semble prétendre à une rédaction presque immédiate, la date placée en clausule/fin du poème n’en précise pas l’année, cette dernière étant laissée incertaine (“mai 18”) à l’instar/comme d’autres textes de cette section. Le dixième poème du livre II relate ainsi un moment analogue à celui d’”Hier au soir”, puisqu’à nouveau, le poète échange ici un regard amoureux avec l’être cher. Au-delà de leur thématique commune, les poèmes de “L’Âme en fleur” partagent plus fondamentalement un même dispositif énonciatif : ici comme ailleurs, le “je” s’adresse à une personne tiers, parfois réunis en “nous”. A chaque fois, les personnages en présence sont liés ou ont été liés, par un sentiment amoureux et le ton est, en général, léger. Le poème intitulé “Tu peux, comme il te plaît, me faire jeune ou vieux” est à cet égard révélateur puisqu’il ne se singularise pas par l’expression d’un sentiment intense mais ressemble à s’y méprendre à un billet galant.

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