Rabelais; Gargantua : En quoi l’éclat de rire d’un écrivain peut-il secouer l’intelligence du lecteur ?
Dissertation : Rabelais; Gargantua : En quoi l’éclat de rire d’un écrivain peut-il secouer l’intelligence du lecteur ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ayla52628 • 13 Juin 2023 • Dissertation • 1 839 Mots (8 Pages) • 796 Vues
En quoi l’éclat de rire d’un écrivain peut-il secouer l’intelligence du lecteur ?
Une pensée populaire nous dit que rire et savoir sont opposés, presque impossible à combiner car l’un empêche l’autre. Cependant dans Gargantua, Rabelais choisit d’allier les deux.
François Rabelais est un auteur humaniste du 16ème siècle. Il écrit des romans philosophiques, en se servant du rire pour faire passer ses messages et éviter la censure. Ainsi, il écrit Gargantua en 1542. Ce héro éponyme est un géant donc le lecteur va suivre les aventures tout au long du récit.
En quoi l’éclat de rire d’un écrivain peut-il secouer l’intelligence du lecteur ? Nous comprendrons que le rire sert ici tout d’abord à réfléchir, mais qu’il est également utilisé pour critiquer. Puis qu’ainsi, le rire est utilisé à plus haut sens dans Gargantua.
Dès le premier chapitre, Rabelais prévient les lecteurs que malgré l’apparence satirique, comique de son roman, chacun de ces passages contiennent une morale, une réflexion sur les sujets d’actualité du 16eme siècle. Le rire nous permet donc de réfléchir. Le début du roman est centré sur l’enfance de Gargantua. Nous retrouvons donc tout d’abord plusieurs chapitres sur l’éducation, qui semble être au cœur de son quotidien. Cette série de chapitres critique l’éducation sophiste afin de mettre en avant l’éducation humaniste, tout en se servant de l’humour. En effet malgré cette esthétique de la démesure (les géants, la taille des habits…), Rabelais cherche à nous faire réfléchir sur le sujet : Est-il vraiment important d’apprendre la bible par cœur si on ne la comprend pas ? Ou d’apprendre par cœur des centaines de choses inutiles ? De plus dans un de ces chapitres de Gargantua, on peut voir « apprendre par cœur n’est pas savoir », montrant encore plus l’opposition de l’auteur sur l’éducation sophiste.
Cependant Rabalais choisit également de faire réfléchir son lecteur sur d’autres points, comme sur nos acquis sociaux. Nous le voyons dans le chapitre sur les couleurs des habits de Gargantua : le bleu et le blanc. Ici, le narrateur nous explique qu’au final, choisir les habits en fonction de leurs couleurs n’a pas de sens. En effet, qui nous dit que le blanc symbolise la paix et le bleu la connaissance, à part un livre écrit par une personne qui n’y connait rien ? Le bleu pourrait aussi bien symboliser le mensonge ou l’amour. Puisque rien ne peut en témoigner. Il nous démontre ainsi dans ce chapitre l’absurdité de ce mode de pensée et de cette croyance. Le lecteur pourra donc comprendre de ce passage que se reposer sur ce que d’autres ont dit, même si tout le monde suppose que c’est vrai n’est pas forcément la meilleure solution. En particulier lorsque l’on ne sait pas d’où ces informations viennent, ou si la personnes les transmettant est qualifiée, ou possède une véritable source. Ce passage pourrait faire écho à l’un des passage des Lettres Persanes : « En entrant dans le pays des profanes, il semblait que je devenais aussi profane. »
Gargantua nous permet également de réfléchir sur notre société avec l’épisode du torche-cul. Dans ce chapitre, l’enfant parle de sa nouvelle invention, permettant de retirer « la merde », de s’essuyer de la manière la plus majestueuse, la plus douce et efficace possible. Après s’être essuyé sur tout ce qui était possible, du tissu doux au chat, il finit par trouver la meilleure façon de se débarrasser de ses excréments. Ce chapitre finira même sur un poème au sujet scatologique. En faisant rire le lecteur avec ses blagues et les sujets abordés, l’auteur s’attire l’attention du celui-ci afin de lui parler de sujets plus sérieux, tout en maintenant le comique. On pourrait donc supposer que Gargantua nous parle de sa façon de retirer les atrocités de ce monde, les mauvaises choses avec ces chapitres scatologiques et comiques. Ce passage pourrait ainsi parler des bats fonds de la société, et avoir un sujet au final bien plu sérieux que ce qu’il paraissait au lecteur a l’origine. Ce chapitre appuie donc sur le nécessité de lire correctement les chapitres afin de comprendre leur sens complet, et pas seulement leur enveloppe.
Cependant dans son œuvre, Rabelais présente des critiques de la société. L’humour a deux objectifs ici : divertir le lecteur et éviter la censure.
Tout d’abord, le roman émet une grande critique de la religion. En effet que ce soit sur l’église en elle-même ou sur les moines, Rabelais nous fait passer ce message tout au long de notre lecture. Nous pouvons déjà le voir dans les chapitres sur les guerres picrocholines avec frère Jean. Celui-ci est un moine participant à la guerre, mais tourné en dérision et en satire par Rabelais, car en vu de son statut, ses actions sont absurdes. Frère Jean est en effet le personnage le plus violent du roman. Nous retrouvons plusieurs chapitres très détaillés sur la façon particulièrement violente avec laquelle il tue les gens pendant la guerre, en se servant même parfois d’une grande croix. Ce dernier élément insiste encore plus sur le ridicule de la situation. Il n’a aucune pitié, est presque inhumain. Ainsi, frère Jean représente un certain paradoxe entre ce que les hommes d’église sont censés faire, et ce qu’ils font en réalité. Cette satire de l’église continue avec le manque d’éducation des moines. En effet, on peut lire : « En notre abbaye, nous n’étudions jamais, de peur des oreillons. » Il ajoute ensuite que c’est une calomnie de voir un moine
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