Dissertation sur le Misanthrope

DST de français – correction (marguerite)

Au XVIIe siècle, les auteurs dénonçaient les mœurs de la société à travers leurs œuvres littéraires. Publié en 1666, Le Misanthrope, ou l’atrabilaire amoureux, une grande comédie considérée comme l’un des plus grands chef-d’œuvres de Molière, est une vive satire de la Cour du XVIIe siècle, qui se distingue par sa tonalité et notamment par ce qu’elle critique. Nous nous demanderons alors quels sont les éléments qui font que Le Misanthrope est une pièce singulière.

Nous commencerons par l’ambiguïté de son registre, puis nous aborderons la dimension politique et satirique de l’œuvre.

Dans un premier temps, nous allons nous intéresser à l’ambiguïté de l’appartenance du Misanthrope à la comédie à travers le personnage d’Alceste, ainsi que par ses transgressions aux règles de son genre. Nous parlerons ensuite de la réception de cette comédie originale par le public.

        Tout au long de la pièce, Alceste ne cesse d’apparaître tantôt ridicule pas son entêtement, tantôt comme un personnage typique de la tragédie. En effet, il peut parfois être perçu comme enfantin, tant il persiste dans sa haine des hommes, qu’il en ait difficile de le prendre au sérieux. Dès la scène 1 de l’acte I, il déclare « Je veux me fâcher et ne veux point entendre », d’une manière pareille à un enfant. Ainsi, le caractère d’Alceste peut être perçu comme un élément comique, accentué par son utilisation répétée de jurons, alors qu’il appartient à la noblesse, et de diérèses, afin d’accentuer son cynisme. Cela nous indique l’appartenance de l’œuvre à la comédie. Cependant, Alceste est également en proie à des accès tragiques, notamment dans la première scène du cinquième acte, où il fait part à Philippe de sa volonté de se retirer de la société. L’aspect tragique du personnage se révèle  encore dans la scène 3 du quatrième acte, lors de sa confrontation avec Célimène, où éclate le penchant du héros tragique d’Alceste quand par exemple il la supplie de lui être fidèle avec un vocabulaire typique de la tragédie : « courroux », « ma douleur » ou encore « fatal amour ». Ainsi, Le Misanthrope est une comédie, mais comporte des éléments la tirant vers le tragique. L’ambiguïté sur le genre de l’œuvre est donc bien présente et renforce son originalité.

        Cette ambiguïté réside aussi dans la transgression des règles de la comédie, qu’on pourrait relever dans le dénouement de la pièce. En effet, Le Misanthrope est une comédie donc devrait se terminer de manière heureuse. Certes, le mariage, ou du moins l’annonce de l’union d’Eliante et Philinte dans la dernière scène, peut être considérée comme une fin heureuse, et de ce fait validerait l’appartenance de la pièce à la comédie. Mais le retrait d’Alceste dans son « désert de solitude » (acte V, scène IV), qui est une mort symbolique, peut être perçue comme un dénouement malheureux, propre aux tragédies. Cela interroge une fois de plus la limite du Misanthrope dans son appartenance au registre de la comédie.

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