Description de la vision de Madame Vauquer, le Père Goriot, Honoré de Balzac

II Un Portrait dépréciatif voire caricatural de Madame Vauquer

a)Une narration, miroir de l’apparence physique déplaisante de Madame Vauquer

b) une femme dont la moralité est remise en question

Tout d’abord, le narrateur entreprend de dresser un portrait assez dévalorisant, voire caricatural de Madame Vauquer. Au sein de cette narration, il critique d’abord les aspects physiques de la principale protagoniste pour enfin « pénétrer les abîmes de son âme », en dénonçant ses vices moraux.

En premier lieu, le narrateur donne à voir au lecteur un portrait dépréciatif de madame Vauquer : elle ressemble à toutes les choses vieilles et sales qui l’environnent.  En effet,  le narrateur décrit une femme qui a trop respiré la pension, et qui a finalement été atteinte par cet univers insalubre. La métamorphose ridicule du visage de la tenancière de la pension avec  «un nez à bec de perroquet », accentuée par le verbe « sort », ainsi que le champ lexical du dégoût avec  « fétide «  et « écœurée », soulignent ainsi l’idée que le mobilier a déteint sur l’apparence physique de cette femme. Cette narration se fait donc le miroir des aspects physiques déplaisants de Madame Vauquer, qualifiée de femme « grassouillette » avec une face « vieillotte ». Ces suffixes –en –ote et –ette contribuent à illustrer le rapetissement de la principale protagoniste. Les groupes nominaux « petite femme » et « main potelet » renforcent également cette infantilisation de Madame Vauquer par ces sonorités à tonalités assez douces. En outre, le narrateur continue le portrait dépréciatif de la tenancière de la pension, en critiquant ses aspects physiques : il dépeint une femme avec « un embonpoint blafard », à la mine « bouffie » et dont « le corsage est trop plein ». Ce champ lexical de la rondeur montre ainsi que Madame Vauquer mène une existence végétative et qu’elle contemple la vie d’un point de vue assez neutre.

En second lieu, après avoir porté un regard dépréciatif sur les aspects physiques de cette femme, le narrateur creuse en profondeur le portrait de cette dernière et se glisse « dans les abîmes de son âme ». Il enrichit la description de cette femme avec des métaphores  peu reluisantes qui remettent en question sa vertu et son honnêteté. En effet, la métaphore de Madame Vauquer à un faux dévot, soulignée par la comparaison de sa personne dodue  « comme un rat d’Eglise » illustre sa gourmandise, sa sournoiserie, voire son hypocrisie. En  outre, la tenancière de la pension est également décrite comme une femme avide d’argent. La métaphore de cette femme comparée à une danseuse «  Ses yeux ridés dont l’expression passe du sourire prescrit aux danseuses à l’amer renfrognement de l’escompteur » souligne la mine séduisante de Madame Vauquer mais traduit cependant l’image d’une figurante entretenue avide de gagner de l’argent. Le narrateur remet ainsi en cause l’honnêteté et la moralité douteuses de cette femme : de nombreuses comparaisons telles que celles d’une « danseuse », d’une « bonne femme »  ou encore d’une « entremetteuse » mettent en relief  l’idée que l’argent occupe une place très importante dans le cœur de Madame Vauquer. Le champ lexical de l’argent  avec « escompteur » ou « danseuse » traduit de nouveau cet intérêt pour le profit. Enfin, le narrateur livre une métaphore carcérale de Madame Vauquer, qui lui enlève toute  humanité. La citation « Le bagne ne va pas sans l'argousin, vous n'imagineriez pas l'un sans l'autre et la comparaison « comme le typhus est la conséquence des exhalaisons d'un hôpital » font  de cette  femme une mégère  qui s’apparente à une gardienne de prison.

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