Anthropologie économique - les théories
Dissertation : Anthropologie économique - les théories. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar marie.SOHET • 3 Janvier 2024 • Dissertation • 1 579 Mots (7 Pages) • 127 Vues
François Régis Mahieu déclare dans Une Anthropologie Économique : “ L’approche anthropologique de l’économie a été un lieu de conflits. Les anthropologues, Godelier (1974), Terray (1969), dénoncent l’”économicisme” des économistes ; ces derniers, par exemple, Knight (1941), rejettent l’optique pluridisciplinaire “descriptive” des anthropologues ”. Ainsi, le domaine de l’anthropologie économique serait un domaine épineux, qui serait sujet à débat pour ses prédicateurs. Définir son champ d’étude, ses objets d’étude revient à poser la question de son fondement. L'anthropologie économique est intrinsèquement liée aux sciences économiques, mais elle s'est peu à peu détachée de ces dernières afin d'acquérir son entière légitimité. L’anthropologie économique se subdivise en trois grands courants de pensée : formaliste, substantiviste et marxiste. Ils apportent tous trois leurs réponses sur le champ d’étude que doit explorer l’anthropologie économique. Le premier développe une théorie presque néoclassique de la science économique puisqu’elle « étudie le comportement humain comme une relation entre des fins et des moyens rares qui ont des usages alternatifs » selon la définition de Robbins (1935). Cette théorie générale et universelle est fondée sur la rationalité économique. Il s’agit de l’étude des comportements individuels intentionnels qui « économisent » des moyens pour atteindre des fins. L’un des principaux traits économiques est la recherche de fins et la satisfaction des besoins. On parle d’économie de moyens, car ceux-ci étaient au contraire plus rares : des moyens limités pour des fins illimitées ou spécifiques, c’est la loi de la maximisation. De fait, cette école évoque de manière unilatérale des concepts de coûts/avantages, de compétition et de rationalité chez les sociétés primitives ou sociétés capitalistes. Nous verrons en quoi ceci a fait l’objet de critiques. La théorie substantive quant à elle s’applique davantage à étudier « les formes et les structures sociales de la production, de la répartition et de la circulation des biens qui caractérisent une société à un moment déterminé de son existence » (Godelier, 1973) et admet ainsi une plus grande diversité des systèmes économiques. Cette théorie n’omet pas d’analyser des rapports sociaux circonscrits dans un champ géographique et historique, selon des mécanismes d’intégrations et d’encastrements de l’économie dans le social. Enfin, l’approche marxiste s’intéresse principalement aux questions de production et de propriété, ainsi qu’aux rapports sociaux. Selon cette approche, toute la société repose sur des soubassements et des structures économiques sous-jacentes qui déterminent toutes les sphères (politique, religion, parenté…) qu’il faut s’attacher à identifier pour comprendre l’organisation générale.
Dès lors, comment ces approches théoriques enrichissent-elles notre compréhension de la diversité culturelle et sociale des sociétés humaines ? Il s’agira dans un premier temps de présenter les points de convergence de ces trois théories, avant d’évoquer leurs divergences théoriques. Enfin, nous tenterons de percevoir leurs prolongements.
Premièrement, bien qu’il soit d’usage d’opposer les théories formaliste, substantive et marxiste de manière frontale, il subsiste cependant quelques points d’accord entre ces différentes conceptions qu’il convient de présenter. D’une part, il convient de noter l’importance accordée par les trois théories pour ce qui est du rôle des infrastructures et des institutions dans la société. En effet, les formalistes énoncent l’importance des institutions du marché : “Les institutions fournissent le cadre formel qui canalise les comportements individuels, créant ainsi un environnement dans lequel les agents économiques peuvent interagir de manière prévisible et efficace.”. Du point de vue formaliste, les institutions sont cruciales pour établir un cadre structuré qui faciliterait ainsi les échanges économiques en rendant les comportements des acteurs plus prévisibles. Ainsi, les règles et les normes formelles seraient nécessaires pour assurer le fonctionnement fluide des mécanismes du marché. Les substantivistes, quant à eux, présument que les institutions économiques doivent être enracinées profondément dans la culture et dans la société, on peut ainsi évoquer (la notion contemporaine) d’Etat Providence. En ce qui concerne l ’approche Marxiste, cette approche confère à l’économie le rôle d’infrastructure (par opposition à la superstructure idéologique et culturelle). Selon Dupuy, c’est alors l’ensemble “économie et parenté” qui doit constituer l’infrastructure du système. D’ailleurs, il est écrit dans le cours “Ils (Les Marxistes) ont mis en évidence, le fait qu’un système économique, ne peut exister sans structures politiques, juridiques, idéologiques qui lui correspondent, montrant que l’analyse d’un système économique ne peut se borner d’une façon restreinte à l’étude des formes de production ou d’organisation du travail.” Ainsi, ces approches ont alors comme point de convergence d'interagir à la fois politiquement et socialement. Le marxisme, en mettant l’accent sur les relations de classe, affirme une implication politique et sociale. Tels que le substantivisme avant lui, insistait sur l’interconnexion de l’économie avec le politique et le social : “Le substantivisme soutient que l’économie ne peut pas être comprise indépendamment de son intégration dans le société et le politique. Les échanges économiques sont profondément enracinés dans des relations sociales et des structures politiques, formant un tissu complexe d’interconnexions.”. Cette idée est largement diffusée dans l'œuvre de Karl Polanyi, La Grande Transformation. Enfin, le formalisme intègre tout autant des analyses politiques et sociales dans la compréhension de l’économie : “Certains formalistes reconnaissent que l’économie ne peut être entièrement isolée des réalités sociales et politiques. Ils suggèrent que l’analyse économique doit également prendre en compte les facteurs politiques et sociaux qui façonnent les choix individuels et les structures de marché”.
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