Les régimes politiques
Cours : Les régimes politiques. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Morgane Filippig • 27 Janvier 2024 • Cours • 4 195 Mots (17 Pages) • 113 Vues
L2 AES, L2 Science économique
Faculté de droit, sciences économique et politique
Université de Bourgogne Franche Comté
Introduction à la science politique (2024)
Plan détaillé du cours / Chapitre 1
Introduction : voir plan adressé (par courriel) le 9 janvier 2024
Chapitre 1 : Les régimes politiques
Regard sur les modes de gouvernement étatique (intrusion du sociologue politique dans un « champ » qui est habituellement plutôt celui du constitutionnaliste).
Régimes politiques : notion qui permet de situer les uns par rapport aux autres les modes de gouvernement étatique.
Des catégories d’analyse - dictature ou démocratie / régime pluraliste, autoritaire… ou totalitaire - qui ont une longue histoire.
Au fond : degré d’ouverture et de compétition pour l’exercice du pouvoir d’Etat ; statut de l’opposition dans un système politique.
3 types de régimes : autoritaire, totalitaire, pluraliste
I. Les régimes autoritaires
1°) Critères d’identification
Refus de ces régimes de se soumettre aux aléas de la compétition électorale.
Intolérance vis à vis de l’expression publique des désaccords politiques.
Mais il n’est pas exigé des citoyens de partager l’idéologie des gouvernants (recherche au plus d’une adhésion de façade). Plus précisément :
- interdiction des organisations politiques (si absence de tradition démocratique)
- ou contrôle étroit de ces organisations (si passé démocratique) et, le plus souvent, pseudo-pluripartisme et élections truquées pour canaliser l’expression populaire… et renouveler confiance au régime.
- administration sous tutelle du pouvoir
- médias sous contrôle (mais relative liberté d’expression sur sujets non politiques) : « doxa ».
2°) Type de relation pouvoir politico-administratif / société civile
Dans les sociétés traditionnelles ou peu différenciées :
- relation pouvoir politico-administratif / société civile fondée sur solidarités familiales, tribales ou régionale ou sur le clientélisme (cf. plus bas).
Ex. : Afrique, Péninsule arabique
Dans les sociétés plus différenciées :
- cette relation est médiatisée par un parti (ou syndicat) unique
Ex. : Parti Baas (au Moyen-Orient [XXe siècle]) ; Parti franquiste, FLN (Mouvement national)…
Selon le politiste Juan Linz : Régimes autoritaires = Régimes fondés sur des « mentalités ».
Mentalités = « manière de penser et de sentir plus émotionnelles que rationnelles, qui déterminent des façons non codifiées de réagir aux situations qui se présentent »
3°) Typologie des régimes autoritaires
a) autoritarisme patrimonial
Ou néo-patrimonialisme (selon Eisenstadt) : le monarque distingue mal ses ressources de celles de l’Etat / confusion des intérêts / clientélisme (cf. plus bas).
Ex. : Gabon, monarchies du Golfe…
b) oligarchies clientélistes :
Démocratie de façade (pour se protéger ; tenter de légitimer le pouvoir), corruption :
Ex. : Amérique latine (mais évolutions vers pluralisme), Tunisie de Ben Ali, Congo de Kabila (puis F. Tshisekedi ?)…
[digression] : Clientélisme :
« Relation d’échange asymétrique entre 2 personnes de statut inégal, un « patron » et un « client », reposant sur un partage d’intérêts :
- le patron accorde sa protection et distribue des ressources à ses clients
- en contrepartie, les clients apportent au patron leur soutien et contribuent donc au maintien de sa domination » (selon O. Nay).
En science politique : liens entre chefs politiques (élus, dirigeants) et diverses catégories : groupes d’électeurs, entreprises, lobbies, associations, médias, citoyens…
Le clientélisme existe aussi dans régimes démocratiques autour de l’Etat social ou de l’organisation du territoire (décentralisation).
Et bien qu’illégal, le clientélisme n’est pas toujours considéré comme illégitime (cf. Italie / Mezzogiorno, Japon…).
c) bonapartisme / dictature populiste :
Dictature (souvent militaire ou valorisant l’armée ; le chef de l’Etat est souvent issu de l’armée), ordre, nationalisme, plébiscite :
Ex. : Turquie kémaliste (Mustafa Kemal [1923-1938] à aujourd’hui), Egypte (du colonel Nasser au maréchal Abdel al-Sissi [2014-…] après le colonel Anouar El Sadate [1970-81], Nobel de la Paix, le général Hosni Moubarak [1981-2011]),
Ou encore : Pakistan…
Rôle dans l’ombre mais, parfois, 1er rôle : général Zia [1988-1998, chef de l’armée devenu pr.]…
Explique le renversement d’Imran Khan (2022)…
Les manifestants pour son retour au pouvoir s’en prendront à des bâtiments militaires à Rawalpindi et à Lahore…
Ou encore : Le général Brice Oligui Nguema lors de son investiture comme président de transition,
à Libreville, le 4 septembre 2023 (après renversement d’Ali Bongo, qui venait d’être réélu)
d) Les bureaucraties autoritaires :
Existence d’un corporatisme d’Etat, d’une bureaucratie très développée, cooptation pour le pouvoir :
Ex. : Portugal de Salazar, démocraties populaires, URSS de Brejnev, Chine contemporaine…
[digression] Régime de Salazar (Antonio Salazar) : (officiellement) « Etat nouveau »
Anticommunisme, corporatisme, colonialisme.
1926 : Salazar ministre des Finances
1932-1968 : Salazar président du conseil des ministres
Marcelo Caetano le remplace (1968-1974)
Puis Révolution des œillets (1974)
e) « démocrature »
Combinaison démocratie / dictature selon P. Hassner pour caractériser par ex. la Russie de Poutine.
On parle aussi de « démocratie illibérale »
Concept attribué à Fareed Zakaria, politologue américain, pour désigner dans les années 1990 les régimes post-soviétiques. Nouvelles démocraties avec des institutions sans passé relevant du libéralisme constitutionnel (séparation des pouvoirs, Etat de droit, protection des libertés…).
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