Le libre-échange profite-t-il à tous les agents économiques ?
Dissertation : Le libre-échange profite-t-il à tous les agents économiques ?. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar Matt356 • 22 Mars 2025 • Dissertation • 2 132 Mots (9 Pages) • 20 Vues
Sujet de dissertation : Le libre-échange profite-t-il à tous les agents économiques ?
« Pâques 2024 : pourquoi l'agneau que vous mangerez sera sûrement néo-zélandais ? » titrait le 19 mars 2024 une chronique radio RTL. Après avoir parcouru 18 000 km, nous retrouvons dans nos étales et plus particulièrement dans la grande distribution, de la viande d’agneau élevé en Nouvelle Zélande et pour un prix deux à trois fois moins élevés qu’une viande française. De quoi animer les tables françaises pour le repas Pascal. C’est dire si le libre-échange fait couler de l’ancre de nos jours. Alors que nous vivons dans une économie mondialisée, où le commerce international fait partie intégrante de nos modes de vie, nous en venons parfois à se questionner sur ses bienfaits et imperfections. Commençons par définir le libre-échange : il s’agit de l’ouverture au commerce extérieur, donc le fait d’exporter une production nationale vers l’étranger et aussi d’importer une production étrangère, de manière libre comme son nom l’indique en en limitant les contraintes. Bien évidemment, par le jeu des quantités offertes et demandées, le marché des biens et services varie en fonction du prix. Ce mécanisme économique est également à l’œuvre sur les autres marchés notamment financiers, monétaire et du travail. Nous pouvons donc nous demander : De quelle manière ce fonctionnement de marché globalisé impact-t-il les agents économiques nationaux ? Nous allons tout d’abord nous consacrer aux attraits qui constituent le libre-échange. Puis nous aborderons, les aspects plus négatifs qu’il peut revêtir en tentant de trancher sur la profitabilité du libre-échange dans l’économie.
Pour illustrer, ce que l’humanité fait depuis la nuit des temps, le commerce, il convient de comprendre tout abord, l’intérêt même des échanges. Ceux qui s’exercent au sein d’une citée, d’une nation et entre les pays, n’ont-ils pas un point commun ? Prenons un exemple pour une économie à deux travailleurs et à deux produits. Je sais mieux produire des pommes de terre que mon voisin et lui est plus productif que moi pour l’élevage de bœuf. Nous avons tous les deux un gain mutuel à l’échange. En se spécialisant dans l’élevage de bœuf et en me spécialisant dans la culture de pomme de terre, nous produisons chacun ce que nous savons faire de mieux et nous échangeons un produit contre un autre. Cela nous permet de manger davantage de steak-frites pendant l’année que si nous consommions chacun uniquement ce que nous produisons. L’échange nous permet de maximiser notre consommation des deux produits ensemble car nous sommes plus favorables à une alimentation mixte qu’à une alimentation d’une seule denrée. Cela génère un surplus de bien-être pour nos 2 foyers. Nous pouvons élargir cet exemple en multipliant le nombre d’individu et le nombre de produit, chacun faisant ce qu’il sait faire le mieux en fonction des autres et l’échangeant contre ce dont il a besoin. C’est le principe du marché. En prenant encore davantage de recul à l’échelle des pays, nous pouvons constater que nous retrouvons le même procédé entre les pays. L’un des premiers gains du libre-échange et donc permis par les avantages comparatifs, la spécialisation et les rendements croissants. On pourrait alors se dire que c’est la course entre pays pour devenir le meilleur et récupérer toutes les richesses des autres pays.
Pour contrer cela, un célèbre économiste britannique, David Ricardo (1772-1823), nous a fournit un exemple permettant de dépasser la croyance que le commerce international serait une compétition entre nations et qu’il ferait des gagnants et des perdants. Dans son ouvrage « Principes de l’économie politique et de l’impôt », il présente l’exemple de la production de vin et de draps et l’impact positif des échanges entre les deux nations productrices : le Portugal et l’Angleterre. Malgré que le Portugal a un avantage absolu dans la production des deux biens, meilleur rendement à l’heure pour la production du vin et de draps par rapport au rendement de la production en Angleterre, la différence des coût d’opportunité met en évidence un avantage mutuel à la spécialisation. En effet le coût d’opportunité (ratio entre le coût de production d’une denrée sur l’autre) est plus faible au Portugal pour la production de vin et il est plus faible pour les draps en Angleterre. Le taux d’échange international qui fixe un prix de l’échange compris entre les coûts d’opportunité est valable. Donc chacune des nations trouve un intérêt mutuel à échanger sa production avec l’extérieur et au total, la production cumulée de vin et de draps est donc plus importante. Cela permet donc de dépasser les frontières des possibilités de productions nationales sans échanges et les gains à l’échanges.
Jusqu’ici les modèles économiques présentés sont profitables à tous les agents économiques et cela s’explique par de nombreux facteurs, puisqu’ils permettent la création et le partage de plus de richesses. Comme nous l’avons vu plus haut ils sont dus à l’implication des avantages comparatifs. Parmi eux on retrouve en premiers les conditions climatiques ou géologiques qui sont plus ou moins favorables à certain type de production. Par exemple, en France nous aurions des difficultés à extraire suffisamment de pétrole pour notre consommation nationale. Par contre, c’est une ressource qui se retrouve en grande quantité ailleurs sur le globe. Le libre-échange permet donc de pallier à des pénuries de certaines ressources. Des avantages comparatifs peuvent également provenir de la technologie et des savoir-faire. Ou bien au contraire d’une intensité factorielle en termes de main d’œuvre, même peu qualifié comme c’est le cas en Asie pour l’industrie textile. Comme la théorie des économiste suédois Eli Heckscher et Bertil Ohlin tend à la démontrer, les différences de dotations factorielles expliquent les différences de productivité et donc son rapport avec le coût d’opportunité. Cela permet à la fin d’obtenir plus de productivité donc plus de revenu et a également un impact positif sur l’emploi. Cependant, plus récemment des économistes, dont Paul Krugman, ont mis en lumière que des échanges internationaux n’avaient rien à voir avec les avantages comparatifs. En effet, une croissance importante du commerce intra-branche, c’est-à-dire l’importation et l’exportation d’un produit similaire entre deux pays ayant des avantages comparatifs similaires, ne peut se justifier seul avec les théories évoquées plus haut. Elle serait plutôt le fruit d’une exigence grandissante des consommateurs et pour y répondre d’une offre de produits différenciée à l’horizontal et verticale. Nous pourrions également parler des économies d’échelles engendrées dans certains secteurs de production et donc la diminution du coût unitaire permise par l’accroissement des débouchés grâce au libre-échange. La combinaison de ces arguments pourrait porter à croire que le commerce international est utile à tous.
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