Le Bitcoin est-il une monnaie ?

Dissertation de sociologie : le Bitcoin est-il une monnaie ?

A l’aide de l’introduction à l’économie de V. Drobinsky dans le manuel « ellipses »

Intro :

   Le Bitcoin, créé en 2009 par une personne (ou un groupe) sous le pseudonyme de Satoshi Nakamoto, suscite un intérêt croissant en tant que forme de monnaie alternative. Cette cryptomonnaie, devise numérique décentralisée utilisant des algorithmes cryptographiques, repose sur la technologie de la blockchain, remettant en question les modèles monétaires traditionnels, en offrant des caractéristiques uniques telles que l'anonymat des transactions et l'absence d'entité de régulation centrale. Le créateur de cette nouvelle forme de monnaie la définit tel que, je cite : « Une version purement peer-to-peer de la monnaie électronique permettant l’envoi de paiement en ligne directement d'une partie à une autre sans passer par une institution financière ». Ce système coexiste avec d’autres formes de « monnaies virtuelles » répertoriées par le site coinmarket.com parmi lesquelles on compte par exemple litecoin, peercoin, auroracoin, ou encore ripple.

Une monnaie est définie le plus généralement comme étant une unité d'échange largement acceptée facilitant les transactions économiques. Jacques Sapir en a proposé, récemment, la définition suivante dans son ouvrage Essai sur l’impossibilité de penser le temps et l’argent (2000) : « La monnaie, pour reprendre les termes de Max Weber, est à la fois un « droit sur des biens non spécifiés » et un instrument dans la lutte entre les individus et les groupes sociaux autour de l’appropriation de ce type de droit. ». Les monnaies remplissent généralement trois fonctions principales : le moyen d'échange, l’unité de compte et la réserve de valeur.

   Cependant, dans quelle mesure le Bitcoin peut-il s’avérer être une monnaie a part entière, remplissant les fonctions primaires de la monnaie ?

   Cette dissertation étudiera si le Bitcoin peut être considéré comme une véritable monnaie, en analysant ses caractéristiques, son utilisation et ses implications économiques. En examinant les aspects du moyen d'échange, de l'unité de compte et de la réserve de valeur, nous chercherons à comprendre si le Bitcoin peut véritablement rivaliser avec les monnaies traditionnelles et s'imposer comme une forme légitime de valeur économique.

1.  Le Bitcoin en tant que moyen d'échange ?

   Un élément central pour déterminer si le Bitcoin est une monnaie réside dans sa capacité à fonctionner comme un moyen d'échange efficace, reconnu et accepté par tous. Autrement dit, une monnaie doit pouvoir être utilisée pour effectuer des transactions en remplacement du troc, facilitant ainsi les échanges économiques.

• Évaluation de l'acceptation commerciale : Certains commerçants acceptent déjà le Bitcoin comme mode de paiement, mais son adoption n'est pas encore généralisée. De nombreuses grandes entreprises, y compris des géants technologiques, des détaillants en ligne et des prestataires de services, ont commencé à accepter le Bitcoin comme une option de paiement (tel que Expedia, Microsoft ou Paypal). Cependant, le bitcoin a un périmètre d’acceptabilité extrêmement réduit. Il n’est accepté que par un nombre très marginal de commerce et les transactions journalières en bitcoin représentent 0,01% des transactions quotidiennes par cartes bancaires.

Par ailleurs, ces transactions sont essentiellement des transactions spéculatives. Les achats de biens et services représentent seulement 10 à 20 % de ces transactions. Cela semble très peu, vu le grand nombre de commerces en ligne et hors ligne annonçant l’acceptation du paiement en bitcoin.

• Analyse des transactions en Bitcoin : Les transactions en Bitcoin offrent une rapidité relative par rapport à certains systèmes traditionnels, notamment dans les transferts transfrontaliers. Les transactions en Bitcoin peuvent être effectuées 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, sans dépendre des heures d'ouverture des institutions financières. De plus, la nature décentralisée du Bitcoin permet des transferts directs entre les parties, éliminant ainsi la nécessité d'intermédiaires. Cependant, les coûts de transaction peuvent varier en fonction de la congestion du réseau et peuvent parfois être plus élevés que les frais associés à certains systèmes traditionnels.
• Discussion sur les défis de l'adoption généralisée : Les gouvernements et les organismes de réglementation réagissent de manière diversifiée au Bitcoin. Certains pays ont adopté une approche favorable, tandis que d'autres ont imposé des restrictions plus strictes, voire interdit son utilisation. L'incertitude réglementaire crée des défis pour l'acceptation généralisée du Bitcoin, tant du côté des entreprises que des consommateurs.

Les préoccupations persistent quant à la sécurité des transactions en Bitcoin. Les risques de piratage de portefeuilles numériques, d'escroqueries et de vols de clés privées peuvent dissuader certaines entreprises et individus d'adopter le Bitcoin comme moyen de paiement.

La nature volatile du Bitcoin pose des défis pour son utilisation en tant que moyen d'échange stable. Les variations rapides de sa valeur peuvent rendre difficile l'établissement de prix fixes, tant du côté des entreprises que des consommateurs, limitant ainsi son adoption généralisée dans le commerce quotidien.

1. Le Bitcoin comme réserve de valeur ?

   La monnaie est un instrument de réserve de valeur, un instrument d'épargne. La fonction de la monnaie en tant que réserve de valeur se traduit par sa capacité à se conserver en sécurité, notamment contre les vols ou la perte, et à être stable dans le temps. La monnaie représente alors, comme l'a écrit Keynes, « un lien entre le présent et l'avenir ». La mise en réserve de la monnaie pour des achats ultérieurs repose cependant sur le maintien du pouvoir d'achat de la monnaie.

   Cependant, la valeur du Bitcoin est sujette à des fluctuations importantes, ce qui peut rendre son utilisation comme réserve de valeur risquée, surtout pour ceux qui recherchent la stabilité. Les études statistiques montrent que la volatilité du bitcoin est comparable à celle des actions les plus spéculatives, dépassant 100 % contre une volatilité autour de 10 % pour les devises officielles et de 20 % pour le prix de l’or. La détention de bitcoins, même pendant une courte période, est très risquée, ce qui est incompatible avec une monnaie servant comme réserve de valeur et remet en cause la capacité d’une monnaie à fonctionner comme unité de compte.

...