En quoi peut-on dire que la création poétique est un acte d’émancipation dans les Cahiers de Douai de Rimbaud ?

C’est au 19ème siècle, siècle marqué par l’industrialisation, la démocratisation et le nationalisme  qu’Arthur Rimbaud, artiste symboliste et parnassien écrit son premier recueil. En effet, le « génie » alors âgé de 16 ans, écrit en 1870 des poèmes qui évoquent l’adolescence, la révolte ou les sensations.  C’est lorsqu’il fugue de chez sa mère qu’il écrit Cahiers de Douai avant de la confier à Paul Demeny, un éditeur, à qui il demande a posteriori dans une de ses lettres, de bruler ses poèmes mais Demeny ne l’écoute pas et les conserve jusqu’à les publier 18 ans plus tard. La « lettre du Voyant », le voyage avec Verlaine, les vers libres d’Une Saison en Enfer et des Illuminations prouvent bien que les Cahiers de Douai sont l’histoire d’une grande émancipation. Il s’inspire de poètes comme Victor Hugo, Charles Baudelaire et des idées de Parnassiens. Cette œuvre s’inscrit dans le parcours « émancipations créatrices » car Rimbaud tente de s’affranchir de l’autorité parentale et de certains codes de la société et des arts en créant quelque chose de nouveau. Rimbaud joue avec le langage, la versification en annonçant une poésie moderne mais demeurant tout de même attaché à un certain héritage poétique. En quoi peut-on dire que la création poétique est un acte d’émancipation dans les Cahiers de Douai de Rimbaud ? D’abord nous allons voir que l’émancipation de Rimbaud passe par la rupture avec les formes traditionnelles poétiques au travers de la forme et du fond de ses poèmes grâce à un langage novateur puis nous verrons que Rimbaud s’émancipe personnellement à travers la poésie et enfin, nous analyserons la création poétique liée à l’expression personnelle de Rimbaud en tant que vecteur d’émancipation universelle.

1. L’émancipation grâce à la rupture avec les formes traditionnelles poétiques :

Rimbaud s’émancipe intellectuellement en faisant part de ses opinions sur la société quelle soient politiques ou religieuses. Son émancipation ressemble à celle de Victor Hugo (« J’ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire »)

1. Une rébellion contre les conventions de la poésie classique du XIXème :

• De nombreux enjambements et rejets 🡪 Dans « Ma Bohème », du vers 10 au vers 14, Rimbaud utilise de nombreux enjambements et rejets contribuant à l’irrégularité du rythme  [pic 1]

• Un langage familier et novateur 🡪 «Au cabaret vert » comporte un  langage familier très présent. Quant au « Bal des pendus », Rimbaud utilise de nombreuses interjections[pic 2]

• Formes particulières 🡪 « Roman » est écrit avec des strophes semblables à des chapitres. Après les Cahiers de Douai, Rimbaud a continué d’écrire et a par exemple fait « Nuit de l’enfer », un poème en prose

1. Des thèmes révolutionnaires :

 - Critique de la bourgeoisie 🡪 Dans « A la musique » il dresse le portrait d’une élite pédante et auto satisfaite grâce au champ lexical de l’étouffement par exemple[pic 3]

- Dénoncer la guerre 🡪 Dans « Le Dormeur du val » & « Le Mal » il condamne l’injustice et l’horreur de la guerre et de ces combats agressifs. « Le Mal » parle notamment de Dieu et de Napoléon III [pic 4]

- Comparaison des bourgeois et des pauvres 🡪 Dans « Le forgeron » & « Les effarés » il montre la misère du peuple par rapport au luxe des personnes aisées et notamment du roi Louis XVI[pic 5]

1. La poésie, une échappatoire pour Rimbaud afin de s’affranchir des contraintes de la réalité :

Rimbaud avoue à Georges Izambard dans une de ses lettres « Je m’entête affreusement à adorer la liberté libre ». Ce thème de la liberté, lui permettant non-seulement de s’émanciper physiquement mais aussi artistiquement, traverse toutes ses œuvres et plus généralement sa vie.

1. Une quête identitaire et de liberté :  

• Arthur Rimbaud s’interroge souvent sur lui-même mais surtout sur le rapport entre l’identité et l’altérité comme par exemple dans la lettre qu’il a envoyée à Paul Demeny[pic 6]

• Arthur Rimbaud fugue de chez sa mère deux fois alors qu’il est encore jeune. Il fuit pour mieux se chercher et se trouver. C’est dans ce contexte qu’il écrit les Cahiers de Douai 

• Rimbaud est un voyageur, dès qu’il en a eu l’occasion il est parti de chez lui. Il n’est jamais resté à un endroit très longtemps et surtout après ses 20 ans lorsqu’il a arrêté d’écrire et qu’il est parti vivre sa vie dans d’autres pays.[pic 7]

1. Un affranchissement des contraintes sociales et familiales :

• Lorsqu’il fugue car il ne supporte plus l’éducation stricte et religieuse de sa mère, Rimbaud écrit et dans ses poèmes il y fait souvent le portrait de femmes en totale opposition avec sa mère comme dans « Au cabaret vert » ou encore « Vénus Anadyomène »[pic 8]

• Dans « Ma Bohème » il exprime son besoin de fugue, de partir afin de créer car en écrivant ses textes hors des contraintes de la société il arrive vraiment à s’émanciper. Son errance et la poésie sont deux choses importantes dans sa vie, qui le font vivre. Il célèbre le voyage et le vagabondage[pic 9]

[pic 10]

• Il s’émancipe socialement en se faisant errant et en vivant une vie de désargenté. Il devient un personnage en marge des normes morales et sociales comme nous le montre le vers  de « Ma Bohème ». Il rejette la bourgeoisie et ses contraintes morales

1. La création poétique liée à l’expression personnelle de Rimbaud en tant que vecteur d’émancipation créatrice :

Rimbaud écrit des poèmes pour lui permettre d’évoquer ses sentiments et développer ses sensations. Il parle de ses aventures mais cela a quand même permis de faire évoluer le domaine poétique dans les années suivantes. L’art poétique est également un acte important une fois mis dans les mains de Rimbaud puisqu’il dénonce des faits importants. Il a une capacité de l’imaginaire à agir concrètement.

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