Adolphe Thiers, La monarchie de 1830
Commentaire de texte : Adolphe Thiers, La monarchie de 1830. Recherche parmi 302 000+ dissertationsPar repesse55 • 21 Avril 2025 • Commentaire de texte • 2 168 Mots (9 Pages) • 6 Vues
Commentaire : Adolphe Thiers, La monarchie de 1830
REPESSE Loona ( Groupe 2 )
« Nous cherchons à nous tenir dans un juste milieu également éloigné des excès du pouvoir populaire et des abus du pouvoir royal. » Cette déclaration de Louis-Philippe, extraite de son discours du trône de janvier 1831, résume parfaitement l’esprit du nouveau régime issu des Trois Glorieuses. En juillet 1830, ces trois journées d’insurrection parisienne entraînent l’abdication de Charles X et la chute de la branche aînée des Bourbons. Le vide institutionnel est alors comblé par l’avènement d’un nouveau roi : Louis-Philippe d’Orléans, proclamé « roi des Français » le 9 août 1830, sous l’égide d’une nouvelle Charte. Cette monarchie de Juillet est défendue et conceptualisée notamment par Adolphe Thiers. Thiers, né sous le Directoire, est un avocat, journaliste et homme politique influent. Membre fondateur du journal Le National, il joue un rôle central dans l’instauration de la monarchie de Juillet, dont il restera un soutien convaincu. Futur chef du pouvoir exécutif sous la Deuxième République et deuxième président de la République en 1871, il incarne tout au long de sa carrière une volonté d’équilibre entre autorité monarchique et représentativité parlementaire. Dans La monarchie de 1830 (1831), l’ouvrage dont est extrait ce texte, Thiers cherche à légitimer le régime issu de la révolution de juillet. Ce texte s’inscrit dans un contexte postrévolutionnaire immédiat, où la France vient de renverser Charles X en réaction aux ordonnances de juillet. Il s’agit, pour Thiers, de montrer que la nouvelle monarchie est le fruit d’un contrat entre la nation et le roi, reposant sur un principe fondamental : le respect de la majorité parlementaire, garant d’un équilibre entre pouvoir royal et volonté nationale. L’intérêt du texte réside dans sa capacité à articuler des principes constitutionnels modernes (souveraineté nationale, responsabilité ministérielle, séparation des pouvoirs) avec une monarchie rénovée, cherchant à se distinguer de l’absolutisme comme de la démocratie directe. Dès lors, comment Thiers, à travers ce texte, parvient-il à justifier la légitimité du nouveau régime monarchique et à en définir les principes structurants ? Pour y répondre, nous analyserons d’abord la Charte comme expression d’un principe de majorité protecteur (I), avant de voir dans ce texte les prémisses d’une nation qui commence à se gouverner elle-même (II).
I. UNE CHARTE PROTÉGÉE PAR UN PRINCIPE DE MAJORITÉ
Avant de penser le rôle actif de la nation dans le gouvernement, il convient d’observer d’abord les éléments nouveaux du régime selon Thiers : la Charte de 1830, fondée sur un contrat entre roi et nation, marque une rupture avec le passé et introduit un principe de majorité parlementaire qui en garantit la stabilité.
A) Un lien nouveau entre le roi et la nation
Adolphe Thiers commence par poser les conditions nécessaires à la création d’un régime constitutionnel qui serait à la fois plus protecteur et plus libéral que les précédents. « Il fallait un nouveau roi qui ne regardât pas notre Charte comme octroyée par lui, l’intervention nationale dans le gouvernement comme une concession qu’il avait le droit de retirer ». Par cette phrase, Thiers met en évidence la rupture avec les régimes monarchiques antérieurs où le roi octroyait la Charte à son bon vouloir. Un tel pouvoir d’arbitraire était source d’instabilité, et pouvait conduire à des modifications unilatérales des règles constitutionnelles. Le roi n’était pas lié par des engagements durables, ce qui affaiblissait la notion de contrat social. En opposition à cette vision, Thiers propose une monarchie dans laquelle le roi est partie prenante d’un contrat constitutionnel, fondé sur un accord entre le souverain et la nation. Ainsi, l’adoption de la Charte de 1830 consacre ce principe d’adhésion mutuelle, où la Charte ne dépend pas seulement du bon vouloir de la couronne, mais aussi de la volonté de la nation représentée par ses députés.
Ce contrat symbolise un changement profond dans la relation entre le roi et la nation, matérialisé par le titre de « Roi des Français » adopté par Louis-Philippe en 1830. Ce changement de titre, par rapport à l’ancien titre de « Roi de France », incarne l’idée d’un souverain élu par la nation et non plus le souverain d’un territoire indivisible, ce qui renforce l’idée de légitimité populaire et de pouvoir partagé. Thiers insiste sur ce basculement dans un passage solennel : « le jour où, dans le Palais-Bourbon, tête nue, la main levée […] il a accepté la couronne aux conditions de la Charte. ». Ce n’est donc pas le peuple qui accepte la charte, mais bien le roi qui accepte d’exercer le pouvoir sous les conditions imposées par la nation représentée par ses élus. Le roi perd ainsi son statut de chef tout-puissant et se voit contraint de gouverner selon un cadre constitutionnel précis. Ce principe introduit un lien nouveau, fondé sur la déférence du roi aux institutions parlementaires.Thiers le souligne en insistant sur la protection assurée par le respect de la majorité parlementaire : « le principe de la majorité a été irrévocablement établi. » La Charte est ainsi protégée par deux verrous : celui du roi et celui du Parlement. Le roi n’a qu’une clé ; il ne peut gouverner qu’en composant avec la majorité des chambres.Ce principe de déférence à la volonté de la majorité des chambres, précisera Thiers, est ce qui « établit entre le gouvernement représentatif sous Charles X, et le gouvernement représentatif sous Louis-Philippe, la différence de l’illusion à la réalité ». En d’autres termes, la monarchie de Juillet, sous Louis-Philippe, repose sur des bases solides et claires qui permettent de renforcer la stabilité politique et d’éviter les dérives arbitraires des anciennes monarchies.
Dès lors que le roi n’est plus le seul maître des règles constitutionnelles, encore faut-il s’interroger sur la nature des contre-pouvoirs parlementaires, et en particulier sur leur rôle effectif dans l’élaboration de la loi et dans le choix du gouvernement.
B) Des pouvoirs parlementaires renforcés
Le renforcement du rôle des chambres constitue, selon Thiers, une garantie contre les dérives absolutistes. Il affirme que le roi doit être « obligé de recourir à la majorité de ces chambres pour en avoir toutes choses, les lois organiques comme les lois annuelles de l’impôt ». Il insiste ici sur la nécessité de la collaboration
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