Édit de Thessalonique (380) Code Théodosien, 16, 1, 2 (trad. F. ROUMY)
Commentaire de texte : Édit de Thessalonique (380) Code Théodosien, 16, 1, 2 (trad. F. ROUMY). Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nnnddd • 7 Novembre 2023 • Commentaire de texte • 2 418 Mots (10 Pages) • 181 Vues
Commentaire de texte: l’édit de Thessalonique.
Texte 6 : Édit de Thessalonique (380) Code Théodosien, 16, 1, 2 (trad. F.
ROUMY) :
Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, Augustes, au peuple de Constantinople.
Nous voulons que tous les peuples que gouverne la mesure de notre clémence se tournent vers cette religion que le divin apôtre Pierre a transmis aux Romains — ainsi que l’affirme une tradition qui, depuis lui, est parvenue jusqu’à maintenant — et qu’il est clair que suivent le pontife Damase et Pierre, évêque d’Alexandrie, homme d’une sainteté apostolique. De sorte que, en accord avec la discipline apostolique et la doctrine évangélique, nous croyions en la seule en la seule Divinité du Père, du Fils et du Saint-Esprit, en une même majesté et une pieuse Trinité.
Nous ordonnons que ceux qui suivent cette loi embrassent le nom de Chrétiens catholiques et que les autres, que nous jugeons déments et insensés, assument l’infamie du dogme hérétique, que leurs assemblées ne puissent recevoir le nom d’églises, qu’enfin ils soient châtiés, d’abord par la vengeance divine, ensuite par la décision que nous a inspiré le jugement céleste. Donné le 4 des calendes de mars à Thessalonique, Gratien Auguste étant consul pour la cinquième fois et Théodose Auguste pour la première fois.
Le document étudié est un édit impérial, un des quatre types de constitutions impériales qui sont les décrets, les mandats, les édits et les rescrits. La constitution impériale est un terme définissant des actes normatifs et édits ayant force de loi, émis sous l'Empire romain par l'empereur, à partir du début du IIᵉ siècle, C’est la principale source de droit à cette époque.
Le contexte antérieur est important pour comprendre les enjeux du texte. En effet, Au milieu du IIIᵉ/ IVᵉ siècle, les chrétiens vivaient une période de percussion par les romains, polythéistes, qui n’apprécient pas le fait que les chrétiens qui s’évangélisent, ne veulent pas se plier aux rites et habitudes romaines. Ils vivront des humiliations, des destructions de villages et d’églises. Au IVᵉ siècle, cette période de persécution prend fin avec Constantin. En 313, l’empereur va favoriser la tolérance des religions avec l’édit de Milan qui reconnait le culte des chrétiens, la liberté de culte. Cependant, cette tolérance pendra fin lorsque l’unité du christianisme suite à son expansion est remise en cause.
Le texte est également appelé Édit de Théodose, car son auteur principal est Théodose Auguste en tant qu’empereur. Le texte à son importance parce qu'il a une valeur normative. Il apparait dans un contexte particulier, ou de nombreux peuples de l’empire germanique s’installent dans l’empire se convertissant au christianisme. Le christianisme, étant une religion dogmatique, donne lieu à plusieurs interprétations possibles. Ce qui donne lieu à des hérésies telles que l’arianisme.
Le christianisme dit « ariens » pose un problème, car ces adhérents considèrent que Jésus est de nature humaine. Ils remettent donc en cause le caractère divin de jésus. Pour les ariens, jésus n’a pas de matière divine. Donc, il y a un déni de la trinité, qui est la considération de dieu sous trois rôles qui sont le père, le fils et le saint esprit. Autrement dit, une perception avec laquelle Jésus est Dieu, perception dite de « Nicée ».
En effet, suite à l’apparition de cette division des chrétiens par l’arianisme, l’empereur Constantin va mettre en place le premier grand concil, le concil de Nicée, d’où l’appellation du christianisme « nicéen ». L’Empereur Constantin craint que cette doctrine mette à mal l’unité de l’Empire. C’est donc cela qui se discute au concil de nicée, la gestion de l’apparition d’un nouveau christianisme qui divise.
L’édit de Thessalonique vise à restreindre une diversité religieuse qui est présente avec cette subdivision de la pratique du christianisme qui est considérée comme innovatrice et divisante des chrétiens. Une diversité favorisée par l’édit de Milan.
L’opposition se fait entre un christianisme de conservateurs et un christianisme de réformateurs. Ce texte ne vise pas tout le monde. En effet, on aurait tendance à penser que ce texte a pour but de faire du christianisme une religion d’État, mais ça n’est pas le cas, car il y a d’autres religions qui existent, mais qui ne sont pas visées par le texte. On considère qu’il s’adresse aux chrétiens de Constantinople.
Donc l’édit de Théodose ne vise pas à faire du christianisme la religion d’État, mais plus à trancher la question de la subdivision du christianisme avec le christianisme nicéen et l’arianisme favorisé par l’édit de Milan. Autrement dit, il vise à unifier la croyance chrétienne et à répondre à la question de savoir quelle doctrine doit être suivie.
Il faudra donc étudier en quoi l’Édit de Thessalonique reflète-t-il la volonté des autorités impériales de passer de la diversité et la tolérance religieuse à l’unification d’un christianisme Nicéen en tant que religion d'État dans tout l'Empire romain mettant fin à l’application de l’édit de milan ?
Pour ce faire, il convient d’examiner la volonté des empereurs Gratien, Valentinien et Théodose de l’unification du christianisme en tant que christianisme nicéen à l’échelle de tout l’empire romain (I) avant de constater une unification imposée fermement pour mettre fin à la division entre les chrétiens et abolir le christianisme des ariens (II).
I — la volonté des empereurs Gratien, Valentinien et Théodose de l’unification du christianisme en tant que christianisme nicéen à l’échelle de tout l’empire romain
L’affirmation de La volonté d’étendre le christianisme nicéen à l’ensemble des sujets de l’Empire romain (A) s’accompagne de L’importance du dogme trinitaire dans le christianisme nicéen (B).
A. L’affirmation de La volonté d’étendre le christianisme nicéen à l’ensemble des sujets de l’Empire romain.
L’édit de Thessalonique s’ouvre en premier sur les destinataires de l’édit, les Constantinopolitains « Les empereurs Gratien, Valentinien et Théodose, Augustes, au peuple de Constantinople ». On comprend que le texte vise les habitants de Constantinople, malgré le fait qu’il y ait un débat autour de l’interprétation de cela, on estime que les destinataires de l’édit sont bien les Constantinopolitains. Le texte se poursuit ensuite avec l’affirmation de la volonté avec « Nous voulons que tous les peuples que gouverne la mesure de notre clémence se tournent vers cette religion » Cette formulation renvoie à l’idée de volonté, particulièrement « Nous voulons ». Autrement dit, les empereurs auteurs de l’édit, qui je le rappelle est une des sources du droit de l’empire à cette époque, manifestent leur volonté au sein de l’édit. On comprend donc qu’ils vont exposer les arguments de la mise en place de cet édit. Et aussi, « tous les peuples » témoigne de la volonté qui serait universelle, tous doivent apprendre la vérité.
...