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Habiter et l'habitat

Dissertation : Habiter et l'habitat. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  22 Mars 2017  •  Dissertation  •  2 386 Mots (10 Pages)  •  3 095 Vues

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        De tout temps l'habitat est une nécessité pour l'homme et répond aux besoins de s'abriter, se protéger et de s'approprier les espaces. Ainsi dès le 1er siècle avant J-C. « Vitruve développe dans son traité d'architecture l'idée de la cabane primitive aux origines de l'architecture »[1]. Et c'est par le lien relationnel entre l'homme et sa demeure que va naître le concept d'habiter.

Aussi dans un premier temps nous analyserons les concepts d'habiter et d'habitat, puis l'importance du logement dans les différents domaines de la vie des personnes et pour finir nous nous intéresserons à la construction d'un espace privé pour les personnes démunies de logement.

Partie I :

        Le Petit Robert propose« vivre » comme synonyme de « habiter », ce qu'il définit comme « avoir sa demeure »[2]. On peut alors voir la demeure comme un lieu où l'habitant peut s'y sentir en sécurité et à l'abri des regards. C'est l'espace privé qui permet l'habitation car sans cet espace, la personne ne pourra s'y reposer et s'y sentir en sécurité du monde extérieur. C'est avant tout un lieu de vie qui va protéger des menaces de l'extérieur. Nommé demeure, ou maison plus couramment, il s’agit d’un lieu délimité qui distingue l’espace privé de l’espace public et permet la préservation de l’intimité en tenant un rôle de régulation, de préservation de soi et de représentation sociale.

L'anthropologie a permis de mettre en lumière que les différents types d'habitation « relèvent moins d'une conception utilitaire de la maison que d'une intention de traduction d'un modèle culturel de vie sociale »[3]. Dans cette même idée A. Rapport (1972) a pu démontrer que « la fonction d'abri de l'habitat est une fonction passive »[4]. Son objectif est alors de créer un espace pour les personnes au sein d'une culture, d'une société.

Les différentes études réalisées auprès des populations eskimos pour M. Mauss et auprès des populations amazoniennes pour C. Levi-strauss ont permis une avancée majeure et ont modifié le regard que porte les ethnologues sur l'habitat. On a pu se rendre compte qu'en fonction de la façon d'organiser et d'utiliser l'espace cela peut avoir un impact direct sur la transformation voire la disparition des différentes cultures.

Les différentes enquêtes sociologiques, dont celle fondatrice sur la vie quotidienne auprès des familles ouvrières mené par P-H Chombart De Lauwe, vont permettre de sous-entendre la mise en œuvre d'un projet d'habitation sous le concept d'habitat.

De nombreux analystes comme T. Bernard (1978) ou encore Bourdieu (1979) mettent en exergue que l'agencement d'un habitat n'est pas fait de façon aléatoire mais est plutôt déterminé par le système relationnel d'une classe sociale. L'habitat permet alors de se distinguer et montrer son statut. L'habitat va également renvoyer aux secrets, à la vie de famille et domestique de l'habiter et donc de son intimité. Les travaux d'histoire des mentalités ont permis une meilleure compréhension de la notion d'intimité. Cela fait alors partie d'une construction sociale qui a été élaborée sur plusieurs siècles qui confondait le privé et le public qui prévalait avant le XVIIème siècle. La maison est « intérieur » et c'est la valorisation de ce statut qui permet de revendiquer ce droit à l'intimité. Le lieu est alors le prolongement d'une partie de soi et permet la base d'un processus d'appropriation de l'espace.

Dans l'expression « chez-soi » on trouve le terme « soi », on peut donc en comprendre que l'habiter est « en intimité avec soi-même ». Il s’agit donc d’un espace du corps et de l’intimité. C’est un lieu où la personne est chez lui et ce lieu ne peut appartenir à autrui.  Mais l'habitant ne va pas vivre dans la même habitation toute sa vie. Cela va différer en fonction des périodes de la vie et l'habitat n'aura pas forcément la même importance ni le même investissement. Il existe différentes formes d'habiter. L'homme ordinaire c'est à dire qui possède un domicile et l'homme exclu qui ne possède pas de domicile, c'est à dire sans domicile. Dans tous les cas la recherche d'un « chez-soi » sera essentielle. Mais cela n'aura pas la même importance dans les différents domaines de la vie de la personne.

Partie II :

        Nous avons pu voir que le logement est un lieu de vie, de protection face aux menaces extérieures qui, en tout temps, répond à des besoins de l’homme. Mais le logement ne peut être réduit à sa fonction d’abri car il possède un caractère important dans les différents domaines de la vie des personnes : « la maison est un grimoire où se lisent les formes de sociabilité, la montée de l’intimité familiale et le croissant souci de soi »[5] Le logement permet à l’homme d’occuper un lieu défini. Il peut alors aménager cet endroit qui lui appartient, à sa convenance. En s’appropriant cet espace, de manière personnelle, l’homme pose des choix qui « relève de l’affirmation identitaire de l’habitant »[6]. Le logis apparait donc comme un outil qui participe à la construction de son identité. En effet, il « pose le statut social de l’occupant »[7], et « renvoie aux normes sociales qui permettent l’intégration ». [8]De plus, l’aspect sécurisant du logement peut favoriser une stabilité tant psychologique que physique pour l’homme puisqu’il constitue « un véritable garde-fou qui préserve l’équilibre de chacun »[9] par son rôle de « de régulation, de préservation de soi et de représentation social »[10]. Parce qu’il protège des regards extérieurs, il permet à l’homme de jouir de son intimité et forme un refuge pour sa vie privée.  Le logement « fait aussi référence à la conscience de l’habitant de sa propre intériorité, à ses secrets, à sa vie familiale et domestique, à ses arrangements privés ; en somme à son intimité »[11]. Outre l’accès à la liberté de vivre son intimité, le logement offre une liberté de choix : celle d’aller et de venir, d’être en contact avec l’extérieur ou préférer s’isoler, de répondre à ses besoins, ses envies.  Parce que « Habiter, c’est également se situer et exister aux yeux des autres »[12], le logement ne peut se réduire à une fonction d’abris. Il permet également d’exister socialement : en prenant une place dans la société et en permettant l’accomplissement de pratiques communes et nécessaires à tous. Celles-ci sont directement liées à l’habitat telles l’élaboration d’un repas.  Au-delà de son habitat, c’est l’inscription géographique de ce lieu qui va impacter la vie de ses occupants. Cette vie commune sur un même territoire impose des règles qui nécessitent d’être respectées pour rendre possible l’adaptation au système sociétal.  Mais au-delà des obligations inhérentes à la vie en communauté, c’est aussi la possibilité de solidarité entre résidents. Pour eux, l’investissement de leur environnement, nommé sphère publique, est décrit comme le symbole de la socialisation qui permet de rendre visible la place occupée de chacun dans la société. Il détermine à la fois la vie sociale proche par ses rapports avec le voisinage, ses liens avec les commerçants et ses habitudes de consommation, les déplacements par les trajets quotidiens. Cette appropriation de l’espace et sa connaissance de son environnement donne aux habitants « le sentiment d’être sur son propre territoire »[13]. Le logement est donc à inscrire dans un quartier qui va lui-même impacter la vie quotidienne des résidents. C’est en effet par l’utilisation de cet espace public avoisinant, sa façon de vivre dans son quartier, que l’homme va pouvoir s’insérer ou non dans l’environnement social. Le logement est un lieu de représentation, qui reflète à la fois le niveau de vie des personnes et par extension, leur réseau social d’appartenance. 

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