Culture générale: Le terrorisme

Terrorisme

Mot terrorisme apparait dans dictionnaire français en 1795 : désigne l’expansion de la Terreur. La violence est pensée comme arme de persuasion massive : l’arme de la Révolution >> remplir les têtes qu’on ne coupera pas. Répandre la terreur : nécessite effet de diffusion et donc mise en scène.

Histoire

Détruire l’État

Au XIXè : terreur change de camp : ne sert plus l’État mais tente de le détruire. En Russie : les narodnistes : réveiller les forces révolutionnaires en frappant les représentants de l’autocratie (le Tsar Alexandre II en 1881). Utilisent leur procès comme tribune. Il s’agit de provoquer la désorganisation finale, la démoralisation et l’affaiblissement du gouvernement.

Terrorisme des années 1880 : anarchiste : vise destruction de l’État et éveil de la conscience des opprimés. Ex : assassinat d’Élisabeth en Bavière (impératrice Autriche, Sissi) en 1898.

Alberts Camus (Les justes) S’inspire du terrorisme de ces années là en Russie : il résume le système : quand ils tuent un homme, ils veulent « tuer une idée ». Raconte l’histoire d’Ivan Kaliaïev, qui commit un attentat mortel contre le grand-duc Serge de Russie, gouverneur de la ville de Moscou, le 17 février 1905.

Albert Camus (L’Homme révolté, « La révolte historique, les meurtriers délicats » (à propos des terroristes russes de 1880-1905), 1951) Le terroriste essaye par la violence de créer des valeurs dont il manquait. Il meurt pour quelque chose dont il ne sait rien, car elle n’a jamais été. Il se s’en remet pas à Dieu comme avant, mais à la justice des hommes à venir. « L’avenir est la seule transcendance des hommes sans dieu ». Par sa mort, le terrorisme veut recréer une communauté de justice et d’amour. Reprise d’une mission que l’Église a trahie.

Ivan Tourguéniev (Pères et fils, 1862) Traite émergence d'une mentalité révolutionnaire dans la Russie de la seconde moitié du XIXè. Titre évoque le nouveau rapport de la jeune génération à celle de ses pères, la première étant animée d'idéaux subversifs et relatifs au progrès socio-politique. Touguéniev caractérise l’opposition qui monte de nihiliste. Le personnage Eugène Bazarov incarne cette jeunesse révoltée.

Discussion entre Eugène (étudiant nihiliste), Paul (libéral, oncle d’Arcade) et Arcade (suiveur d’Eugène) : Paul s’interroge : « Mais comment peut-on détruire sans même savoir pourquoi ? » Arcade : « Nous détruisons parce que nous sommes une force » « (…) la force n’a pas de compte à rendre ».  

En France : L’ ère des attentats anarchistes s’ouvre en 1892 :

• attentat, à la dynamite, à l’hôtel parisien de la princesse de Sagan ;
• la même année : Ravachol pose deux bombes chez des magistrats qui ont condamné des anarchistes
• en 1893 : Auguste Vaillant lance une bombe sur l’Assemblée nationale.
• en 1894 : assassinat de Sadi Carnot le 24 juin.

Réponse de l’État : « lois scélérates » (1893-1894) : visaient à réprimer le mouvement anarchiste, responsable de nombreux attentats. Condamnation de l’apologie du terrorisme, encouragement de la délation et interdiction de tout type de propagande anarchiste.

Contrôler le territoire

Forme de terrorisme née avec le XXè : se réclame des luttes de libération nationale.

Groupes : IRA, ETA, FLN, Main noire. Affirmation d’une identité collective. Terrorisme libérateur :

• IRA (Irish Republican Army, 1919) Naît dans contexte de la guerre civile d’indépendance en Irlande. Lutte par les armes contre la présence britannique ;
• ETA : indépendance du Pays basque ;
• Résistance ;
• Cas algérien : création du FLN en 1954 : contre l’armée mais aussi des civils. 19 000 victimes en tout. En réaction : création de l’OAS : refus de la décolonisation (attentat du Petit-Clamart en 1962).

Une partie des intellectuels sert de caution morale à ce terrorisme politique particulier.

Frantz Fanon (Les Damnés de la terre, 1961) Préface de Sartre. Charge contre la colonisation et ses conséquences. Justification du recours à la violence légitime. Considérait que toute situation coloniale était d'abord une situation de violence. Pour y mettre fin, une seule solution : une violence plus forte et plus manifeste : la « praxis absolue ». La violence du colonisateur est inhumaine, celle du colonisé est pensée intellectuellement : justifiée.

Dans sa préface Sartre confirme : la colonisation est déshumanisante. Il encourage au meurtre d’Européens : cette violence, c’est « l’homme lui-même se recomposant ». « La violence, comme la lance d'Achille, peut cicatriser les blessures qu'elle a faites ».

En 1968, le détournement vers l’Algérie d’un avion Rome-Tel Aviv par un commando du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) inaugure cependant une ère nouvelle : il marque « l’acte de naissance du terrorisme transnational contemporain » (Marc Hecker, chercheur à l’Institut français des relations internationales (IFRI), revue Commentaire, 2008).

Imposer une idéologie

Les mouvements de contestations pacifiques des années 1970-1980 vont donner naissance à des branches radicales :

• Black Panthers aux USA ;
• Brigades rouges en Italie ;
• Fraction armée rouge/Bande à Baader en Allemagne : pensait que la fermeté de la lutte antiterroriste révélerait aux yeux de tous la nature « fasciste » du pouvoir allemand ;
• Action directe en France.

RAF (Gründungsdokument, in 883, 1970) Essayer d’expliquer ce qui est juste aux mauvaises personnes : n’a aucun sens : nous l’avons assez fait >> seuls les opprimés peuvent saisir immédiatement ce qui est juste. Objectif : prise de conscience >> révolution.

En même temps : premiers attentats islamistes contre les armées française et américain en 1983 par le Hezbollah. En 1987 : création du Hamas. Le terrorisme idéologique s’apparente de plus en plus avec un terrorisme religieux.

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