Régine PERNOUD « Pour en finir avec le Moyen Âge »

Histoire des faits économiques et sociaux

Régine  PERNOUD  « Pour en finir avec le Moyen Âge »  Poche, seuil

Introduction

Comment sommes-nous devenus des Occidentaux ?

Pourquoi la place de l’économie dans l’occident est devenue fondamentale après le 18ème siècle.

Pendant longtemps consommation était dévalorisée. Dans la société il faut des producteurs et des consommateurs. Ce n’est que depuis le 18ème siècle qu’on pense que la concurrence est nécessaire.

La société a fait de nous des homo économicus, des individus pour lesquels la production et l’argent sont importants.

 La classe, la fonction et le poids de l’économie n’ont pas toujours été identiques, en Occident, l’économie dicte sa loi à la société, mais pourtant cela n’a pas toujours été ainsi.

Il semble que dans l’histoire une rupture se produit au 18ème siècle. Cela ne fait que 2 siècles que l’économie a acquis un statut aussi important.

Lévi-Strauss proposait un regard éloigné à 3 niveaux, pour comprendre l’occident il faut quitter l’occident :

• Une mise à distance Historique

• Une mise à distance sociétale
• Une mise à distance géographique

Se garder d’économie c’est plaquer nos représentations actuelles sur le monde passé.

L’ouvrage d’Adam Smith de 1776 « Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations ». Richesse des nations = Croissance économique

Dans son ouvrage il utilise des mots qui n’existaient pas à l’époque, il invente un vocabulaire et il paraît donc moderne puisque les termes qu’il utilisait sont aujourd’hui utilisés couramment.

D’où vient l’économie ?

Pour Adam Smith, l’homme sauvage a une particularité, il a un penchant à l’échange. Il va se spécialiser dans son don naturel.

Procéder à des échanges et spécialiser nos tâches en fonction de nos compétences permet d’être plus efficace à 1 tâche et donc d’être plus productif.

Mais le troc présente des inconvénients : Perte de temps, Beaucoup de facteurs à réunir pour procéder à du troc. Pour que le troc fonctionne il faudrait que les besoins coïncident tout le temps, or c’est très compliqué.

Pour faciliter le troc on peut placer un intermédiaire entre les différents produits, cela permet une multiplication des échanges car tout le monde accepte cet intermédiaire.

 Mais cet intermédiaire peut avoir des inconvénients (Ex : 1biche=3noisettes=7poissons, la noisette (intermédiaire) est limitée car il est possible de casser le marché : elle n’est pas rare), on va donc remplacer l’intermédiaire par quelque chose de plus rare, ex : métal à la place de la noisette -> + rare.

L’argument de Smith ne tient pas, il est victime d’un économisme, c’est-à-dire l’attitude intellectuelle qui consiste à appliquer la rationalité économique présente à des sociétés passées. Smith imagine que l’échange a toujours pris une forme pacifiée dans l’histoire.

Hors Claude Lévi-Strauss nous explique que la première cause de disparition des tribus est due à la violence entre les tribus. Jusqu’au 18ème siècle, l’économie prend des formes violentes : on parle d’économie de prélèvement faite de piraterie, de capture, de rapt, de guerre.

L’Homme de Smith est un homme moderne, il a le sens de la liberté, de l’égalité, il aime le travail, le calcul, il est déjà un marchand ou un homo économicus.

 Smith a lu « Robinson Crusoé (1717, Daniel Deforé). Il développe cette parabole en montrant que si on laisse faire les individus, l’économie va fonctionner correctement toute seule. Il fonde ainsi le libéralisme.

Au cœur de l’économie il y’a l’échange, mais échanger consiste à juger la valeur des objets, les compétences nécessaires pour échanger n’ont pas été données à l’humanité, elles sont le produit d’une histoire.

Chapitre 1 :

Mise en place d’un cadre historique pour aborder l’économie

1. Qu’est-ce que l’économie ?

Le mot « économie » est pour la première fois employé dans un dialogue de l’antiquité grecque écrit par Xénophon (Auteur né en -430, mort en -354, c’est l’âge classique : l’âge d’or de la Grèce).

Economie = OIKOS NOMOS, OIKOS=Maison  (Domaine Agricole) / NOMOS = Règles (Gestion du domaine agricole)

Ce dialogue raconte l’histoire de 2 individus : Critobule et Socrate.

Critobule est un jeune homme qui n’a pas assez de ressources/richesses par rapport à l’étendue de ses besoins, liés à son rang dans la société. Socrate lui explique qu’il existe un domaine de réflexion, « l’économie », susceptible de faire prospérer le domaine agricole.

Mais en même temps, Socrate explique au jeune homme que la vraie richesse ne se trouve pas dans l’accumulation de biens, mais plutôt dans la participation à la vie politique ; à la vie de la cité ; dans la morale, dans les amis.

En fait, les œuvres des auteurs grecques sont à forte connotation éthique et politique. Ils pensent que l’économie n’est pas importante. Il faut attendre le 17ème siècle pour qu’apparaissent des auteurs qui vont faire de l’économie un objectif en soi. Les grecques ont un véritable mépris pour l’économie.

« Les métiers d’artisans ruinent les corps, les âmes deviennent plus lâche, les métiers ne laissent aucun loisir pour s’occuper des amis et de la cité »

Si les grecques ont pu se désintéresser de l’éco, c’est parce que leur société est inégalitaire : toutes les tâches économiques sont effectuées par les esclaves.

La première définition de l’économie consiste à mettre en rapport dans une société les ressources et les besoins. Dans cette définition, on n’a pas besoin de concept de monnaie, et encore moins de concept de marché.

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