La promesse de l’aube, Romain Gary
Commentaire de texte : La promesse de l’aube, Romain Gary. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar dvorab06 • 23 Janvier 2023 • Commentaire de texte • 1 774 Mots (8 Pages) • 981 Vues
La promesse de l’aube, Romain Gary
Colette, dans son roman Sido, s’inspire de son enfance et notamment du personnage de sa mère pour produire un récit à la fois nostalgique et plein de célébration. Romain Gary, dans son roman d’inspiration autobiographique, La promesse de l’aube, paru en 1960, introduit lui-aussi, un regard nostalgique et plein d’admiration sur sa mère. Dans cet extrait, Romain Gary est un peu pessimiste sur ce passé maternel inouï, beau, rempli d’amour en comparaison son présent décevant, si ce n’est cruel.
Nous nous demanderons, ainsi, comment le discours nostalgique que fait l’auteur à propos de l’amour maternel aboutit-il à une idéalisation de celui-ci ?
I. La nostalgie de l’amour absolu de la mère (ligne 1 à 8)
II. Le balancement entre un passé élevé et un présent décevant (9 à 19)
Analyse
I. La nostalgie de l’amour absolu de la mère (ligne 1 à 8)
« Il n’est pas bon d’être tellement aimé, si jeune, si tôt. »
Le texte s’ouvre d’une manière déroutante sur une contradiction puisque l’amour maternel est ici teinté de quelque chose de péjoratif contrairement aux idées reçues. L’emploi d’adverbes intensifs - « tellement », « si », « si » (l. 1) - dans une même phrase donne une vision d’un amour maternel si absolu qu’il en devient cruel (qui fait souffrir). Le narrateur devenu adulte porte un jugement sur cet amour maternel et dit de manière lucide : « Il n’est pas bon… » (l. 1)
« Ça vous donne de mauvaises habitudes. On croit que c'est arrivée. On croit que ça existe ailleurs, que ça peut se retrouver. On compte là-dessus. « On regarde, on espère, on attend. »
Le « ça » (l. 2) à la place du « cela » est un peu oral et familier. L’auteur cherche a créé une familiarité avec le lecteur. D’ailleurs, tout le texte est au discours direct, comme si R. Gary écrivait ses pensées directement sur la page du lecteur. On pourrait dire que c’est un flot de pensées.
La répétition du terme « on croit » (l. 2) montre que cet amour a donné une vision déformée et idéalisé de la réalité. De plus, le « on croit » complété par « on compte là-dessus » (l. 3), sous-entend que cet amour est irremplaçable.
L’emploi de verbes transitifs (un verbe transitif se construit toujours avec un complément d'objet) - « on regarde, on espère, on attend. » (l. 3) - sans complément d’objet traduit une énorme douleur car toute sa vie, il attend, il espère sans combler son espoir. Ce passage est donc beaucoup plus subtil et poétique que dans certaines parties du texte où sa douleur est flagrante.
« Avec l'Amour maternel, la vie vous fait à l'aube une promesse qu'elle ne tient jamais. »
Du registre familier, l’auteur passe à un langage plus poétique. Le texte prend d’ailleurs un rythme ternaire (l. 3/4). Tout au long du texte, il y a une alternance entre le registre familier qui se veut direct et le registre poétique indirect (où l’on dit quelque chose à travers une autre).
L’Amour maternel avec un grand « A » exprime un sentiment très intense d’un amour absolu. Cette métaphore met en relation deux termes : « la promesse » qui est l’expression d’un engagement et « l’aube » qui désigne de manière métaphorique, le début de la vie. La promesse de l’aube est la promesse faite à l’enfant qu’il existe un amour absolu qu’il recherchera en vain toute sa vie. L’expression est à la fois très poétique avec « l’aube » et radical avec « jamais », un terme extrême rempli de déception.
L’auteur place « la vie » comme sujet de cette promesse ça sous-entend que c’est une promesse faite aux enfants du monde qui n’est pas tenue. L’utilisation du « on », du « vous » renforce l’idée que cette page discursive vise l’universel bien qu’elle relate l’expérience très personnelle de l’auteur. On voit d’ailleurs que le pronom « vous » est le plus représenté dans cet extrait. Le présent de vérité général, appelé aussi présent gnomique (se dit d'une forme verbale (temps, mode) servant à marquer un fait général d'expérience), confirme l’universalisme du texte.
« On est ensuite obligé de manger froid jusqu'à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné. »
Le texte revient à une expression plus violente alors que l’auteur était dans une idéalisation du passé. On passe d’une phrase avec une belle étymologie (l. 3/4) à une violence de l’auteur au lecteur qui est exprimée par les comparaisons et les métaphores : « manger froid » (l. 5), « comme un chien abandonné » (l. 8) et l’emploi de familiarités « gueulé » (l. 7), et d’hyperboles « toujours » (l. 7).
La formule « vous sert sur son cœur » est un euphémisme qui signifie le partage d’un grand amour avec la personne. L’expression « ce ne sont que des condoléances » (l. 7) exprime l’idée que même lorsqu’une femme vous aime, ce n’est toujours pas assez. Le mot « condoléances », est un terme très poli composé du préfixe « con » qui signifie en latin
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