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Qu’est-ce que le réalisme ?

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Par   •  16 Août 2019  •  Cours  •  481 Mots (2 Pages)  •  592 Vues

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Lecture : Qu’est-ce que le réalisme ?

        Jules Chamfleury est l’un des premiers théoriciens du réalisme. Ici, dans Chien-Caillou, paru en 1847, il prend le contre-pied d’un roman à la mode de son époque, La Vie de bohème. Il pose ainsi, de manière ludique, les premiers jalons de l’idée de réalisme.

Les mansardes des poètes

Les mansardes réelles

Voici à peu près le procédé employé par les poètes pour décrire une mansarde1 : une petite chambre au septième ou au huitième, gaie et avenante. Pas de papier, mais des murs blanchis à la chaux2. Un violon accroché au mur (en cas de masculin), un rosier fleuri (en cas de féminin). Un rayon de soleil vient tous les jours faire sa promenade dans la chambrette. On a vue sur le ciel ou sur un jardin garni de grands arbres dont les odeurs volent à la mansarde.

   Il est bien convenu qu’une mansarde n’est jamais solitaire, et qu’elle a un pendant. Dans la mansarde en face se trouve une voisine, un voisin suivant le sexe du héros de roman ; on se dit bonjour, on s’envoie des baisers ; les baisers sont rendus ; on se rencontre dans la rue. Un jour la mansarde n°1 va rendre visite à la mansarde n°2.      Et voilà une nouvelle paire d’amoureux…

On rit, on chante, on boit dans les mansardes de poètes. Quelques vaudevillistes4 audacieux y font sabler le Champagne.

Les commis voyageurs5 ont chanté partout :

« Dans un grenier, qu’on est bien à vingt ans ! »

1. Mansarde : petite chambre sous les toits.

2. Chaux : enduit de couleur blanche.

3. Un pendant : personne comparable à une autre.

4. Vaudevilliste : auteur de comédies légères.

5. Commis voyageur : représentant de commerce.

Voici ce que pourraient écrire les poètes s’ils avaient le goût de la réalité : une petite chambre au septième ou au huitième, triste et sale. Pas de papier, mais des murs jaunes, un album mural qui porte la trace du passage de tous les locataires. Le soleil n’y vient jamais, ou, quand il y vient, c’est pour convertir la mansarde en plombs de Venise6. On a quelquefois une vue, mais on n’aperçoit que des cheminées, des ardoises, des toits et des gouttières. En hiver, les mansardes sont aussi humides qu’un marais.

Le plus souvent, la mansarde est isolée, et l’on aperçoit guère que d’horribles créatures, (…) des vieilles femmes, des chats, des marchands de chapeaux ruinés avec lesquels il est peu agréable d’avoir des relations.

Souvent il fait faim dans les mansardes ; on n’y rit pas alors on y chante peu, et on boit encore moins. Peut-être pourrait-on trouver souvent à boire les larmes…

Malgré ce qu’a dit Monsieur de Béranger7 :

« Dans un grenier, qu’on est mal à vingt ans ! »

6. Plombs de Venise : prison étouffante

7. M. de Béranger : chansonnier

 

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