Les éléments constitutifs de l'infraction
Fiche : Les éléments constitutifs de l'infraction. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar oceanegratian • 21 Avril 2018 • Fiche • 2 200 Mots (9 Pages) • 939 Vues
Introduction
Parce qu’il se concentre sur l’étude de chaque infraction pénale, le droit
pénal spécial appartient, tout comme le droit pénal général, au droit pénal de fond
par opposition à la procédure pénale ou droit pénal de forme. Droit pénal général
et droit pénal spécial sont donc les deux branches du droit pénal de fond, ce qui
explique leur complémentarité et leur indissociabilité. Il est en effet difficile
d’aborder l’étude des règles générales de la responsabilité pénale, l’étude
abstraite des éléments constitutifs des infractions sans se référer aux infractions
elles-mêmes. A l’inverse, il est difficile d’étudier le droit pénal spécial sans
maîtriser les notions de droit pénal général, à commencer par celle
d’« infraction ».
I- L’existence de l’infraction: les éléments
constitutifs
L’infraction pénale est composée d’un élément matériel ou structure matérielle
et d’un élément moral. Cependant, même si la loi n’en est pas un élément
constitutif, une infraction n’est constituée que si un préalable légal la prévoit,
en application du principe de la légalité criminelle.
A- La structure matérielle de l’infraction
Avant tout, pour qu’il y ait infraction pénale, il faut un comportement incriminé.
Cet élément matériel a été, dans la tradition juridique, l’élément principal de la
constitution de l’infraction puisque, dans l’Ancien droit, il n’y avait aucune prise
en considération de l’élément moral (ex: On jugeait les arbres qui, en tombant,
causaient des dommages.).
1) La matérialité de l’infraction au regard du comportement
a- La nature du comportement
On distingue de ce point de vue deux catégories d’infractions: alors que les
infractions de commission supposent un acte positif pour être commises, les
infractions d’omission se caractérisent par un fait négatif, une abstention.
Autrement dit, on commet une infraction d’omission dès lors que l’on n’accomplit
pas ce que la loi prescrit (ex: non-assistance à personne en danger, abandon de
famille…). S’est également posé la question de l’existence d’une troisième
catégorie d’infractions, à savoir celle des infractions de commission par
omission. Néanmoins, dans un célèbre arrêt la cour d’appel de Poitiers a jugé
que cette catégorie n’existait pas (CA, 1901, La séquestrée de Poitiers). En
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l’espèce, une jeune fille handicapée souffrait du fait que sa mère et son frère
refusaient de la nourrir. La cour s’est alors demandée s’il était possible de retenir
la qualification de « violences volontaires » alors même qu’aucun acte positif de
violence n’avait été commis pour mettre la victime dans cet état de souffrance. En
application du principe de la légalité criminelle, la cour d’appel de Poitiers a
finalement acquitté la mère et le frère en considérant que leur comportement
n’était pas incriminé par la loi, laquelle exigeait un comportement positif. Il est
par ailleurs à noter que l’infraction de non-assistance à une personne en danger
n’existait pas encore à l’époque.
b- La complexité du comportement
Sous cet angle, trois catégories d’infractions sont à distinguer. Les infractions
simples supposent un seul acte, qu’il soit de commission ou d’omission, pour leur
réalisation (ex: Un seul coup de feu suffit pour commettre un meurtre.). Les
infractions complexes, quant-à-elles, supposent l’accomplissement de plusieurs
actes matériels distincts mais concourant à une fin unique pour être constituées
(ex: L’escroquerie se réalise complètement par l’utilisation de moyens frauduleux
et par la remise de la chose convoitée.). Enfin, les infractions d’habitude
supposent la réalisation d’un même acte au moins deux fois. Ces infractions sont
constituées dès le second acte, c’est-à-dire dès la première répétition (ex:
exercice illégal de la médecine, menaces de mort…).
c- La durée du comportement
Là encore, trois types d’infractions sont à distinguer. Les infractions instantanées
sont des infractions qui sont commises en un trait de temps, de sorte que
l’intention coupable et le comportement qui l’accompagne ne sont perceptibles
qu’à un moment précis, indépendamment du fait que les effets de l’action peuvent
perdurer dans le temps (ex: meurtre, viol…). A l’inverse, les infractions continues
sont des infractions qui perdurent dans le temps; c’est-à-dire que l’action aussi
bien que la volonté coupable se prolongent dans le temps (ex: recel,
séquestration…). Par ailleurs, les infractions continuées, créées par la pratique,
sont constituées par la répétition de plusieurs infractions instantanées identiques
(ex: Une hôtesse de caisse qui vole chaque jour de l’argent dans la caisse.).
2) La matérialité de l’infraction au regard du résultat
a- La classification des infractions du point de vue du résultat
Trois catégories d’infractions sont une nouvelle fois à distinguer. Les infractions
matérielles supposent pour être constituées la réalisation d’un résultat (ex:
meurtre, vol…). Au contraire, les infractions formelles sont constituées même si le
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