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Etude thématique dans le mythe des Troglodytes, Lettres Persanes

Synthèse : Etude thématique dans le mythe des Troglodytes, Lettres Persanes. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  3 Février 2021  •  Synthèse  •  1 028 Mots (5 Pages)  •  853 Vues

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  1. L’état de nature et l’état civil

Montesquieu est proche de certains penseurs de son époque qui réfléchissent à l'homme, à ses origines, à ce que fut l'état de nature. Dans le mythe des Troglodytes, il laisse à Usbek le soin d'aborder le problème.

La lettre XI (11) présente le peuple des Troglodytes : ce peuple n'en est plus au pur état de nature. S'il rejette toute autorité, il a déjà le souci de l'organisation : chacun y a sa femme. Chacun aussi y a son champ qu'il ensemence. Néanmoins son malheur vient de ce qu'il vit selon le système du chacun pour soi sans aucun souci de l'intérêt général. Déjà Montesquieu met en place ici certaines réflexions qui alimenteront De l'Esprit des lois, en particulier ce qui oppose la liberté naturelle à la liberté civile.

La lettre XII (12) deux Troglodytes qui ne pensent ni n'agissent comme les autres, deux « sauveurs » qui ont une morale saine, qui perçoivent que « la vertu n'est point une chose qui doive nous coûter.et que la justice pour autrui est une charité pour nous. ». Le cours de l'histoire des Troglodytes est modifié par une mentalité nouvelle inaugurale, une mutation morale qui n'est pas expliquée. On peut toutefois imaginer que Montesquieu pense ici à cette vertu originelle, à cette morale naturelle qui ne serait pas tout à fait perdue et qui resurgirait à l'occasion. A moins qu'il ne s'agisse d'une maturation psychologique et réflexive, expression de la théorie évolutionniste des « progrès de l'esprit humain » selon l'expression de Condorcet philosophe, mathématicien et homme politique 1743-1794). C'est désormais la vertu qui oppose la raison aux penchants, l'altruisme à l'égoïsme. La famille de ces deux êtres d'exception prospère et fait école. La vertu engendre la vertu.

  1. La morale et la religion

Montesquieu crée le mythe des Troglodytes pour y présenter un modèle de société au développement harmonieux après avoir présenté son contre-modèle : au début l'idéal de ce peuple est purement égoïste : c'est la « mauvaise » morale du chacun pour soi : « Ils disaient :« [...] je penserai uniquement à moi : je vivrai heureux. Que m'importe que les autres le soient ? » (Lettre XI) Les effets de cette antimorale arrivent très vite, ils sont tous disséminés, massacrés. Une heureuse mutation survient alors non par le biais d'un Messie divin mais grâce à deux hommes bien singuliers : ils avaient de l'humanité : ils connaissaient la justice ; ils aimaient la vertu » (lettre XII) Montesquieu ne part donc pas d'une idée initiale sur la bonté fondamentale de l'être humain comme le fera Rousseau. Il prend les Troglodytes à ce degré d'évolution qui les conduit à se faire unie mauvaise conception de la liberté en la confondant avec l'indépendance : « La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. » De l'Esprit des lois. Il ne part pas non plus de la conception du péché originel et d'un châtiment initial. Il part de cette mystérieuse mutation morale puis sociale introduite par les deux hommes : c'est la conscience du bien commun : « l'intérêt des particuliers se trouve toujours dans l'intérêt commun. La création d'une forme de pacte social implicite et l'amour de la vertu dans une saine émulation qui permettent à ces deux hommes de s'organiser et d'accéder à la civilisation. Montesquieu démontre par-là que la civilisation n'est pas un phénomène allant de soi, qu'elle est une œuvre à construire et qu'elle n'est indépendante ni de la raison, ni de la moralité et surtout ni du « cœur » ( la droiture de leur cour), C'est à ce moment d'harmonie qu'intervient, que se rajoute la religion La religion n'est en somme qu'un élément de consolidation du système social déjà en place .La religion est là pour « adoucir dans les meurs ce que la Nature y avait laissé de trop rude ». On ne voit pas la religion accompagner les morts ou la mort. Le drame du provisoire, du fini par rapport à un infini prometteur d'un au-delà, n'existe pas. La religion aide à organiser l'ici-bas, à le parfaire. Une religion heureuse qui ne se complique pas de dogmes et qui, par sa simplification, peut se piquer d’universalité. Tous les ingrédients du déisme (position philosophique de ceux qui admettent l'existence de Dieu sans accepter ni dogme ni religion révélée) façon Voltaire sont déjà ici rassemblés.

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