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Connaissance caraïbes I

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Par   •  3 Novembre 2015  •  Cours  •  8 991 Mots (36 Pages)  •  741 Vues

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PARTIE I : Un espace morcelé

     Loin de la présentation unitaire que l’on en fait, l’Espace Caraïbes est avant tout une région éclatée, un espace morcelé.

     Morcelé d’un point de vue physique comme en témoignent les différentes cartes, morcelé par l’histoire, les statuts politiques, les disparités économiques. Une histoire illustre l’éclatement : colonisation différente, réalité politique, linguistique différente, statuts politiques différents, différences économiques (Haïti/Barbade, Iles Caïmans).

§- Le morcellement par  l’histoire

     L’idée d’un morcellement par l’histoire renvoie généralement à la colonisation de la région par plusieurs états européens.

     En réalité, l’histoire de ce morcellement commence avant ce que l’on appelle la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb. Il existait une Caraïbe précolombienne déjà morcelée.

  1. La Caraïbe précolombienne

     Des peuples et des cultures distinctes se sont développés dans la région avant l’arrivée de Christophe Colomb en 1492. Découverte ou rencontre ?

Peuples présents :

  • Arawaks
  • Caraïbes (Kalinas)
  • Ciboneys
  • Tainos

  1.   Colonisation européenne et résistance anti-esclavagiste

     

     Il existe un rapport entre le capitalisme européen, la traite négrière, l’esclavage des noirs et l’ensemble du commerce colonial.

     Les espagnols furent les premiers européens à soumettre les indigènes des Caraïbes à l’esclavage et à employer des esclaves africains.

     Mais ce furent les portugais qui, ayant inauguré le commerce négrier au 15ème siècle, organisèrent au Brésil le premier système esclavagiste. C’est ce système qui servit de modèle aux anglais et aux français quand ils créèrent une industrie sucrière dans la seconde moitié du 17ème siècle.

  1. Traite négrière et esclavage

     Du 16ème au 19ème siècle, des millions d’africains traversèrent l’Atlantique sur des navires négriers. Ils furent jetés sur les marchés d’esclaves des Caraïbes. Ils subissaient la violence des maîtres et du système esclavagiste.

     La traite négrière et l’esclavage ont été pendant plusieurs siècles les moteurs de l’économie des Caraïbes.

     L’esclavage aux Caraïbes fut un système de domination et d’exploitation. C’est un système déshumanisant (l’esclave n’est pas un homme).

  1.   Le système esclavagiste, un système déshumanisant

     La mise en esclavage a été organisée et justifiée juridiquement par les maîtres à travers ce que l’on appelle le « Code Noir ».

     L’esclavage quant à lui repose sur une multitude de supplices visant à meurtrir, mutiler et tuer. Les nombreux exemples de châtiments physiques en témoignent.

  • Le Code Noir

     Le code dit noir (avec 60 articles), édicté en Mars 1685 à Versailles, sous la haute autorité du Roi de France, s’ouvre par des paroles semblables : « Louis, par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre (…) pour maintenir (…) en nos îles de l’Amérique, la discipline de l’Eglise catholique, apostolique et romaine pour y régler ce qui concerne l’état et la qualité des esclaves dans nos dites îles ».

     Le Code Noir a pour objet de « régler ce qui concerne l’état et la qualité des esclaves » dans les Caraïbes francophones. On aura noté au passage l’association de l’Eglise à la démarche.

     Ce code, rédigé au temps de Colbert, restera en vigueur jusqu’en 1848, date de l’abolition définitive de l’esclavage par la France. Ce document justifiait juridiquement l’esclavage.

     Son contenu religieux :

  • Article 2 : les esclaves sont baptisés (catholique)
  • Article 3 : les autres religions sont interdites

     

     Le statut d’enfant esclaves :

  • Article 12 : l’enfant naît esclave mais appartient au maître de la mère (si le mari n’est pas du même maître)
  • Article 13 : si le mari est esclave et la femme libre, l’enfant est libre mais si la femme est esclave et le mari libre, l’enfant est esclave

     

     Le statut de meuble :

  • Article 44 : les esclaves sont meubles
  • Article 46 : les esclaves sont des choses

  • Les châtiments corporels

     Pendre, brûler vif, couper le poignet, fouetter, couper la langue, castrer, mettre au cachot,…

  1. Résistances

     La résistance se manifeste dans tous les domaines de l’activité de l’esclave et en particulier au travail. Que ce fut sur la plantation ou dans la maison du maître, l’esclave opposait des formes variées de résistance : paresse délibérée, refus de travailler, sabotage, chapardages, mensonges,…

     C’est à la suite des résistances que furent décrétées les abolitions à des dates différentes dans les Caraïbes. (Abolition de l’esclavage en 1833 pour la Grande-Bretagne).

     Les révoltes, à la fois individuelles et collectives, furent nombreuses durant les siècles d’esclavage.

     Les forêts, marécages, montagnes étaient des cachettes idéales pour les esclaves en fuite. Autrement dit pour tous ceux qui pratiquaient le marronnage. Les esclaves marrons (fugitifs) se rassemblaient en petites communautés qui faisaient la guerre au système colonial.

     La plus célèbre de ces communautés a été le quilombe de Palmarès (près de la ville de Recife au Brésil) dont la population était estimée à 20000 personnes. Pendant près d’un siècle (1604-1694), il a survécu à tous les efforts des colons pour en venir à bout.

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