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Vivre pour comprendre

Fiche de lecture : Vivre pour comprendre. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Juillet 2017  •  Fiche de lecture  •  1 322 Mots (6 Pages)  •  1 278 Vues

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LE GOFF Aurélie

CAFERUIS 13

« Vivre pour comprendre »

Germaine Tillion

Texte extrait de « Fragments de vie » et mis en forme par Tzvetan Todorov

Ethnologue de profession, Germaine Tillion est une femme qui a connu la déportation lors de la seconde guerre mondiale. Elle a effectué un grand nombre de recherches scientifiques et étudié les sciences humaines. L’Algérie a été son terrain de recherches entre 1934 et 1940.

L’extrait qui nous est présenté provient du livre « fragments de vie » où sont recueillis des textes écrits par Germaine Tillion et mis en forme par Tzvetan Todorov après la mort de l’ethnologue.

A travers cet extrait, on peut comprendre comment Germain Tillion est passée d’une pensée scientifique (où l’observation prime) à une pensée plus humaine (où l’on prend en compte le ressenti et le vécu) dans ses recherches.

Germaine Tillion s’interroge sur sa profession et sur le vécu personnel qui détermine, selon elle, le regard de l’observateur scientifique. Son expérience de vie modifiera sa posture et son regard d’éthnologue.

Ce texte soulève la problématique suivante : En quoi les expériences de vie permettent de mieux appréhender et décrypter des faits afin d’améliorer les recherches scientifiques  habituellement basées sur les faits observés ?

Pour Germaine Tillion, tout a commencé en 1934 alors « qu’elle n’avait aucune expérience et qu’elle le savait ». A cette période de vie professionnelle, elle étudie une ethnie. Pour cela,  elle observe et recueille des faits puis elle les organise et les tris pour obtenir une analyse du mode de fonctionnement de cette population.

Au fil du temps et de par son expérience de vie (notamment celle du camp), elle fit le constat que, seule, l’observation ne suffit pas. Elle interroge la subjectivité de l’observateur quant aux faits qu’il a choisi d’observer et pense désormais que seule l’expérience que nous avons réellement vécu, ressentis, est valable. Elle pense que « rien ne s’invente », tout se vit.

Elle utilise une métaphore, celle de la musique pour expliquer que sans expérience, le savoir que l’être humain peut avoir ne vaut rien. Elle part du principe que l’on ne peut pas examiner, analyser ou encore regarder un individu, une population si nous ne nous sommes pas interrogé sur nous-même. « Si l’on ne se connaît pas soi-même, on ne connaîtra jamais personne ». Elle pense également que chaque expérience nous apprend un peu plus sur nous-même.

Pour renforcer son idée, elle expose ensuite ce qu’elle a vécu et compris pendant sa déportation à Ravensbrück. Elle affirme que cette expérience lui a permis d’observer et d’analyser les comportements humains. Elle nomme un exemple, celui de la faim et explique qu’auparavant, elle a pu observer la faim chez certaines populations. Cette étude lui avait permis de percevoir qu’un sentiment de réserve, de honte et de retenu accompagnait « les rites » autour de la nourriture. A travers son vécu durant son « séjour » en camp de concentration, elle constate qu’elle n’avait pas vraiment compris ces populations et que seule l’expérience de l’avoir vécu dans son corps et dans sa tête permettait une vraie compréhension, nettement plus juste des populations observées.

A partir de cette période, Germaine Tillion affirme que les études scientifiques basées uniquement sur l’observation des autres sont artificielles. Elle pense que pour connaître et parler d’une population, il faut « la regarder » mais aussi « la vivre ».  C’est à ce moment de sa vie que l’auteure modifie sa pratique.

Après la guerre on lui demande de faire état de ses recherches scientifiques qu’elle avait effectuées avant la guerre, en Algérie. Germaine Tillion explique qu’elle n’avait plus beaucoup de notes, ces dernières ayant disparues pendant la période où elle se trouvait à Ravensbrück. Le peu de textes restant en sa possession ne lui convenait plus. Face à son vécu, elle n’y voyait plus que les manques.

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