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Saint Amant

Mémoires Gratuits : Saint Amant. Recherche parmi 299 000+ dissertations

Par   •  27 Novembre 2014  •  1 488 Mots (6 Pages)  •  702 Vues

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Résumé

La réception de la poésie de Saint-Amant repose apparemment sur un paradoxe : on la dit fantaisiste, bigarrée, burlesque, et l’on en vante aussi la puissance de représentation. Il semble que cette poésie octroie à son lecteur un regard tout à fait nouveau sur le monde, même quand elle en semble le plus éloignée : les compétences des lecteurs, le statut particulier accordé à la voix du poète ou du narrateur, la richesse polyphonique des styles qui se croisent sont autant de facteurs d’une forme d’illusion de réalité. Tout se passe comme si le détour de l’inédit permettait de saisir le grain du monde, sur le modèle, en quelque sorte, de l’anamorphose.

Il est né à Mâcon. Il vécut ses dix premières années en petit campagnard, dans le village de Milly, près de Mâcon, où son père, échappé aux cachots de la Terreur, exploitait le maigre domaine familial. Au charme de la nature s’ajoutait la douce influence de ses soeurs et surtout de sa mère qui, très pieuse, lui donna une éducation catholique, et le confia à l’abbé Dumont.

Après s’être échappé d’une pension lyonnaise où il était malheureux, il fit de bonnes études au collège des jésuites de Belley : il goûta Virgile et Horace, lut Chateaubriand et éprouva une grande ferveur religieuse. Au sortir du collège, marqué par la Révolution, ne voulant pas servir «l’usurpateur», il mena à Milly la vie d’un aristocrate oisif, consacrée à la rêverie, à la lecture, à la poésie chrétienne (1808-1811). Pour dissiper son ennui, il entreprit avec son ami Aymon de Virieu un voyage en Italie (1811-1812) où il noua une charmante idylle avec une jeune Napolitaine dont il allait faire l’héroïne de “Graziella”.

L’Empire s’écroulant, cette épopée vite foudroyée lui fournissant les coordonnées morales de son romantisme et de son «mal du siècle», il vint se mettre au service de Louis XVIII, entra dans ses gardes du corps. Mais cela ne lui plut guère. Les Cent-Jours lui permirent d’abandonner le métier militaire, de faire un agréable séjour en Suisse, dans la région de Nyon et sur la rive savoyarde du lac Léman, à Nernier, où il jouit quelques semaines des faveurs que lui accorda Geneviève Favre, fille du batelier qui l’hébergeait. Il échappa ainsi aux recruteurs de Napoléon. Après Waterloo, il revint dans le Mâconnais où il cueillit encore diverses bonnes fortunes, notamment celle que lui valut la rencontre de la belle Nina Dezoteux, épouse de son camarade d’enfance, Guillaume de Pierreclau, au château de Cormatin. À toute occasion, il retournait à Paris où, peu à peu, il prit des habitudes de libertin, faisant au jeu de lourdes dettes.

Il s’adonnait aussi quelque peu à la littérature, commençant dès 1813 ‘’Clovis’’, un poème épique et national, concevant une tragédie biblique, “Saül”, écrivant une tragédie antique, “Médée”, commençant une ‘’Zoraïde’’. À côté de ces grands genres, une inspiration plus intime donna «quatre petits livres d’élégies» écrites pour célébrer le séjour à Naples et l’ardente figure de la Napolitaine qu’il appelait «Elvire» et qui était morte poitrinaire en janvier 1815.

Or, la même année, en octobre, malade, plus de désoeuvrement que de maladie véritable (de vagues troubles nerveux), il décida d'aller prendre les eaux d'Aix-les-Bains en Savoie. Il s'installa à la pension Perrier, où était descendue auparavant une jeune créole, Julie Bouchaud des Hérettes, épouse esseulée de Jacques Charles, physicien célèbre et secrétaire perpétuel de l'Académie des Sciences, de quarante ans son aîné. Elle était à Aix pour soigner une phtisie (ou tuberculose, la grande maladie des romantiques) déjà très avancée. Le 10 octobre, le destin ménagea aux deux jeunes gens une dramatique occasion de rapprochement : une tempête sur le lac du Bourget la mit en péril, et il se trouva là pour la sauver de la noyade. Aussi l’amour naquit-il entre eux, irrésistible, flambée subite et dévorante, amour adultère mais aussi rencontre de deux êtres qu'unissait une même sensibilité. L’abbaye d’Hautecombe et la colline de Tresserves connurent les pas des deux jeunes gens, unis dans une commune extase devant une nature qu’ils adoraient tous deux. Ils firent de rêveuses navigations sur le lac. Mais Julie était gravement atteinte, et très vite cet amour dut se limiter à n’être qu’un amour platonique, se sublimer, devenir purement idéal, spiritualisé par l’idée de «ce mystérieux aillleurs vers lequel elle se sent glisser» (Henri Guillemin). Et, après trois semaines,

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