Le crocheteur borgne : pistes pour une analyse
Compte Rendu : Le crocheteur borgne : pistes pour une analyse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar kekette • 25 Mai 2013 • 1 234 Mots (5 Pages) • 4 658 Vues
Le crocheteur borgne : pistes pour une analyse
Introduction
Voltaire (1694-1778) peut être considéré comme l'incarnation du XVIIIeme siècle. Son oeuvre est abondante et touche beaucoup de domaines : contes, tragédies, essais, lettres, dictionnaire philosophique. C'est à soixante-cinq ans qu'il adopte vraiment le genre du conte philosophique. Il a également connu tous les destins : aimé et abandonné, honoré et emprisonné, publié et condamné, il a aussi été exilé. Son crime est d'avoir dénoncé la violence, la bêtise, l'intolérance religieuse. C'est aussi et surtout en avoir fait rire. A l'acharnement du destin, responsable de l'absurdité de notre condition, doit répondre la sagesse et l'acharnement du labeur humain.
Le XVIIIeme siècle refuse de fonder sa tradition sur l'autorité politique ou religieuse. Il faut accorder la préférence à la raison qui offre tous les moyens de parvenir à la connaissance et aux idées justes.
Le philosophe veut aussi prouver qu'il n'est pas nécessaire d'être croyant pour avoir une attitude irréprochable. D'ailleurs, l'Eglise manque de tolérance, aussi bien envers les protestants et les jansénistes qu'envers les Encyclopédistes.
Voltaire est déiste : selon lui, il y a un Dieu créateur de la belle machine qu'est l'univers mais il ne s'intéresse pas à l'homme et l'homme ne doit pas s'adresser à lui.
L'Encyclopédie est l'entreprise la plus novatrice du siècle : il s'agit de rassembler, pour la première fois, tout le savoir humain en un seul ouvrage. Diderot y consacrera son existence, entouré de nombreux collaborateurs dont d'Alembert et Voltaire. Les Jésuites tenteront d'interdire la diffusion de l'Encyclopédie qui vulgarise, selon eux, des idées "pernicieuses". En fait elle prône la tolérance et dénonce les superstitions et l'absolutisme.
Le conte
La plupart des contes de Voltaire (Candide, Zadig, La princesse de Babylone) se caractérisent par la répétition d'une même trame romanesque : le voyage.
Ce conte présente lui aussi un voyage mais sous une forme très différente. C'est en fait un voyage imaginaire au pays des fantasmes de Mesrour. Le voyage instaure un lien logique dans le récit et l'organise en trois séquences : la présentation, le voyage et le retour à la case départ.
La structure
a) exposition en deux temps :
1. - petite fable philosophique qui introduit le conte.
2. - présentation du héros triplement caractérisé : borgne, porteur et philosophe.
- le lieu et le temps sont quasiment escamotés, peut-être pour mieux souligner l'universalité et l'atemporalité de la morale. Seul le prénom Mesrour laisse supposer un lieu exotique. Il faut attendre la fin du conte pour apprendre le lieu.
b) le noeud comporte trois grandes étapes :
1. rencontre, poursuite et sauvetage;
2. marche, chute et étreinte;
3. nuit au paradis, transformation physique, puis sociale de Mesrour.
c) le dénouement est constitué par le réveil soudain du borgne qui sait comment retrouve son bonheur.
Les références
Ce texte fait référence à de nombreux autres textes (c'est ce qu'on appelle l'intertextualité):
- évangile selon saint Matthieu : "si ton oeil droit te fait pécher, arrache-le et jette-le loin de toi".
- contes des 1001 nuits : recueil de contes arabes traduit en 1704. La sultane Shéhérazade les raconte pour que le roi ne tue pas ses épouses. Le roi, en effet, attend la suite avec impatience (Ali Baba et les quarante voleurs, Aladin et la lampe merveilleuse...)
- récit mythologique : Aurore, dans la mythologie grecque, était la déesse de l'aube ainsi que l'épouse de Tithon. Celui-ci eut un étrange destin. Aurore pria Zeus de lui accorder l'immortalité et le souverain de l'Olympe y consentit; mais elle oublia de demander qu'il lui concédât en même temps l'éternelle jeunesse. Tithon avança donc en âge, devint fort vieux sans toutefois
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