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Idée de progrès

Dissertation : Idée de progrès. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Décembre 2022  •  Dissertation  •  3 335 Mots (14 Pages)  •  258 Vues

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DISSERTATION SUR L’IDEE DE PROGRES

« La belle antiquité fut toujours vénérable ;

Mais je ne crus jamais qu’elle fût adorable.

Je vois les anciens, sans plier les genoux ;

Ils sont grands, il est vrai, mais hommes comme nous ;

Et l’on peut comparer, sans craindre d’Être injuste,

Le siècle de Louis au beau siècle d’Auguste. »

Charles Perrault dans « Le siècle de Louis Le Grand » de 1687 vient disqualifier le génie des Anciens au profit de celui des Modernes de son époque. En ce sens, il vient implicitement systématiser la thématique du progrès en affirmant que les grands hommes de l’avenir seront forcément supérieurs à ceux appartenant à sa propre époque. Dès lors, aux yeux de Perrault, tout ce qui a été découvert dans le passé ne parait que médiocre face à ce qu’il est possible de faire aujourd’hui. Cet écrit illustre parfaitement la naissance d’une idéologie des Progrès, argument phare de la querelle des Anciens et des Modernes au XVIIe siècle.

Etymologiquement, le mot progrès vient du latin progresus désignant la marche en avant. Il a alors connu un glissement sémantique certain. Présentant dès son origine une connotation positive, il a très vite endossé une majuscule, signe de son érection en véritable idéologie. Il est donc nécessaire de distinguer le progrès en tant que fait et le progrès en tant qu’idée. Le progrès désigne une transformation vers le mieux dans un domaine particulier tandis que l’idéologie du Progrès est une philosophie de l’Histoire. Cette dernière implique l’idée d’une amélioration graduelle, nécessaire et illimitée de tout ce qui se rattache à l’Homme. Concrètement, ce sont surtout les progrès dans le domaine de la science, au cours de la révolution copernicienne, qui ont constitué les matrices à partir desquelles est née l’idée de progrès. La Modernité, selon François Xavier Bellamy repose avant tout sur un effort de déconstruction des héritages pour libérer les individus de leurs liens permettant alors le progrès.

L’idéologie du progrès implique de fait une certaine vision de l’Histoire. Elle repose sur une conception linéaire et ascendante de la succession des temps historiques et s’oppose ainsi à la vision vectorielle et cyclique traditionnelle prônée dans l’Antiquité. Une façon nouvelle de voir le cosmos apparait et s’impose au monde.

Toutefois, au cours de l’Histoire, les hommes guidés par leur désir de puissance, ont influencé et liquidé l’idée de Progrès originelle de la Modernité pour satisfaire leur pulsion de domination. Le génie des hommes tiré de l’idée de progrès devient alors folie. De nouvelles problématiques contemporaines relatives à l’émancipation des minorités ou bien à la protection de l’environnement remettent alors en question le bienfait de cette volonté de dépassement perpétuel emprunté à l’idéologie de progrès. L’économiste et sociologue américain Jeremy Rifkin dénonce, dans son essai intitulé « L’âge de la résilience », paru en octobre dernier, que l’idéologie du progrès et les révolutions industrielles nous ont conduits au bord de l’extinction. Il invite à changer le modèle sur lequel l’idée de progrès même se fonde. Pour se faire, il insiste sur la nécessité de repenser notre vision du monde, de nos formes de gouvernance, de l’économie, et de notre relation à la planète.

Faut-il continuer à encenser le progrès ? L’idée de progrès, suscitant de fortes contestations, doit-elle être arrêtée, freinée ou bien transformée ?

L’idée de progrès est en « crise » en ce qu’elle suscite de fortes contestations (I). Néanmoins, son caractère inébranlable conduit à penser davantage à sa métamorphose par la recherche d’une troisième voie qu’à son arrêt total. (II)

I. La crise de l’idée de progrès

Le culte de l’idée de progrès est dépassé en ce que cette dernière est victime de l’hérésie des hommes (A) et des métarécits globaux et totalisants (B).

A. L’idée de progrès sujette à la folie des hommes

La folie des hommes, film de 2001 réalisé par Renzo Martinelli, relate avec beaucoup de justesse la catastrophe survenue le 9 octobre 1963 au barrage de Vajoint. Au début de la nationalisation des centrales électriques en Italie, la SADE, une société électrique italienne privée, est impatiente de vendre au plus vite son nouveau barrage à un service public. Cet empressement s’est accentué par l’engouement et la fierté des hommes à l’initiative d’un tel projet innovant. Pourtant, une journaliste, Tina Merlin, prend conscience du danger de ces travaux et va tout faire pour empêcher la mise en service d’un tel barrage. Au moment de la construction, un glissement de terrain avait déjà emporté un ouvrier. Des études ont aussi démontré que le Mont Toc, au bord du lac du Barrage du Vajoint, présentait un risque d’effondrement dans la retenue d’eau artificielle ce qui provoquerait alors une vague gigantesque détruisant les villages en contre bas du barrage. Malgré toutes ces contre indications, au vu des enjeux économiques et de la reconnaissance de la puissance technique des architectes, les travaux ont été poursuivis ce qui conduira à une catastrophe causant la mort de 2200 personnes. Par cet exemple, le génie des hommes semble alors devenir pure hérésie. Le sentiment de puissance conféré par le progrès technique et les enjeux économiques qui en découlent, semblent aller à un rythme dépassant nettement celui de la sagesse des hommes.

C’est d’ailleurs ce que rappellera la tante Phasie dans La bête humaine de Emile Zola (1890) en prenant pour appui l’invention des chemins de fer. Elle professe alors « Le chemin de fer comme fond, le progrès qui passe devant la bête humaine déchainée […] ça c’est le progrès, tout frères, roulant tous ensemble, là-bas, vers un pays de cocagne […] Ah ! c’est une belle invention. Il n’y a pas à dire. On va vite, on est plus savant […] Mais les bêtes sauvages restent les bêtes sauvages, et on aura beau inventer des mécaniques plus belles encore, il y aura quand même des bêtes sauvages dessous ». Ainsi même si l’idée de progrès nous rend plus savant et permet de grandes prouesses techniques, il faut prendre garde à la puissance des figures à la conquête d’une telle idée.

George Freedman étudiera en 1946 le développement des techniques

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