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Dissertation sur le lyrisme

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Par   •  12 Novembre 2022  •  Dissertation  •  3 708 Mots (15 Pages)  •  511 Vues

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Emma                                                                                                            KH

BRAHMI

DM : Lettres

« Lyrique par excellence est cet effort articulatoire qui d’une vie fait une voix et qui voudrait faire coïncider autant que possible le mouvement de la plume et le pas de la destinée »

Jean-Michel Maulpoix, Du Lyrisme

« Le sujet lyrique, loin de s'exprimer comme un sujet déjà constitué que le poème représenterait ou exprimerait, est en perpétuelle constitution dans une genèse constamment renouvelée par le poème, et hors duquel il n'existe pas. Le sujet lyrique se crée dans et par le poème, qui a valeur performative ». Dominique Combe, La référence dédoublée. Le sujet lyrique entre fiction et autobiographie. Dans cette citation nous pouvons entrevoir une conception de l’écriture qui met l’auteur dans une position autre que celle du sujet lyrique, ces deux figures sont distinctes. Même si l’auteur peut se prendre comme objet même du lyrisme dans son œuvre, c’est dans un état bien précis et dans un rapport au monde singulier, lié à cette écriture. Dans son œuvre intitulée Du lyrisme, Jean-Michel Maulpoix écrit que « Lyrique par excellence est cet effort articulatoire qui d’une vie fait une voix et qui voudrait faire coïncider autant que possible le mouvement de la plume et le pas de la destinée ». Dans cette autre citation, nous apercevons à nouveau ce rapport entre l’écriture désignée par « lyrique »,  « effort articulatoire » et « mouvement de la plume », et l’auteur et/ou le narrateur avec « une vie », « une voix » et « le pas de la destinée ». Cette citation du spécialiste Jean-Michel Maulpoix semble avant tout un effort de définition du « lyrique » qui, comme nous allons le voir, est une notion plus que complexe. Maulpoix montre d’ores et déjà les paradoxes qui créent une certaine tension dans cette « définition » : il est dit que le « lyrique » est ce qui pourrait tenter de concilier le « mouvement de la plume », notion qui semble être un terme concret et universel, avec « le pas de la destinée ». Derrière cette périphrase nous pourrions comprendre « processus d’écriture » qui est une occupation concrète et commune à tous les écrivains. Or « le pas de la destinée », comporte une forme de subjectivité même de l’auteur qui nuance cette universalité de l’écriture en elle-même. Cette destinée est propre à chacun, elle influence l’écriture, elle est une sorte d’inspiration unique et relève d’une expérience, c’est le destin particulier d’un être.

Dans quelle mesure le lyrisme, sous ses formes diverses et variées, est-il partie intégrante de la singularité d’une œuvre littéraire ?

Dans le but de répondre à cette interrogation nous parlerons d’abord du style lyrique lui-même comme une écriture quasiment indéfinissable. Ensuite il s’agira d’envisager le lyrisme comme un langage tout à fait à part qui repose sur la musicalité, le caractère « transcendant » et l’inspiration propre à ce style. Enfin, nous évoquerons le lyrisme comme un mode d’être au monde, une sorte d’accès à la véritable existence aussi bien pour l’auteur que pour le lecteur.

Tout d’abord, le terme « lyrique » employé par Maulpoix est l’adjectif qualificatif qui vient du nom « lyrisme », il caractérise donc ce genre d’écriture, ce style. Il faut avant tout souligner que la complexité relative à la notion de lyrisme ne  nous permet pas de parvenir à une définition claire et quasi-scientifique avec des critères constants. En effet, cette notion est à la fois familière depuis la littérature du XIXe mais aboutit souvent à de nombreuses confusions. Celles-ci sont dues à l’évolution historique de la notion.  En effet, « lyrisme » provient, avant tout, du mot « lyre » qui est un instrument de musique proche de la harpe dans l’Antiquité. Vient ensuite la lyrique qui est un terme très ancien qui désignait ce qui relevait du chant désignant principalement la poésie chantée. Ce n’est qu’au XIXe que le mot « lyrisme » est employé, juste au moment où la lyrique semble absorber le genre poétique tout entier. Cependant on parle de lyrisme pour des œuvres antérieures au XIXe. En effet, aujourd’hui nous parlons des Regrets de Joachim du Bellay comme d’une œuvre à caractère lyrique, alors que cela semble anachronique car le terme n’existait pas au XVIe siècle. Dans les trois autres œuvres que sont Bérénice de Racine, Les poèmes saturniens de Verlaine et Le ravissement de Lol V.Stein de Marguerite Duras on a également affaire à une certaine forme de lyrisme, mais sous forme variée, ce qui semble mettre en évidence l’importance du contexte historique et, de ce fait, souligne le caractère transhistorique de la notion de lyrisme.

Mais comment, dès son apparition, le lyrisme a-t-il été défini ? Dans le dictionnaire de l’Académie de 1879 le lyrisme est le « caractère d’un style élevé et poétique ». Tout d’abord, la notion de « style » sous-entend une présence de l’auteur au sein de son écriture, c’est en quelque sorte la « voix » dont parle Maulpoix dans sa citation. Le terme « élevé » qualifiant Ce style met en tension les étiquettes des Belles Lettres et la réalité littéraire. Dans les Regrets de Du Bellay ce style élevé pourrait être mis en tension avec le choix du prosaïsme dans le recueil. En effet, Les Regrets plaident en faveur d’une poésie simple, de la libre expression des sentiments dans une écriture sans artifice, pour se distinguer du pétrarquisme. Il adopte une position polémique d’anti-pétrarquisme et prend le parti de la simplicité contre les artifices et de la nature contre l’art. Il souhaite écrire quelque chose de différent que ceux qui sont restés en France, quelque chose d’unique. Ce ne sont pas des recueils d’amour et cela crée une véritable  rupture avec les poètes de son siècle. Mais qu’en est-il de la prose ? On oppose souvent la prose avec la poésie, mais la poésie n’est pas qu’un genre, elle aussi une qualité que l’on peut trouver au sein d’une œuvre en prose. Une fois de plus, les étiquettes sont mises en tensions avec la réalité littéraire : dans le roman de Marguerite Duras, le lyrisme est à l’œuvre et constitue une partie intégrante de ce roman de l’abolition de la personne qui traite de cette forme d’annihilation de soi qui caractérise le personnage de Lol V.Stein. Par conséquent ce « style élevé et poétique » emblématique du lyrisme n’est pas exclusivement présent au sein du genre poétique.

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