Un romancier peut-il retranscrire la vérité ?

Dissertation de Français :

   Un romancier par définition est l’auteur d’un roman, c’est à dire d’un récit en prose tiré de l’imaginaire. Un roman met en scène des personnages fictifs ou réels et analyse, tout au long de l’histoire, leurs sentiments. Il suscite donc l’intérêt du lecteur et l’emporte avec lui durant le récit. L’écrivain invente une histoire, et s’éloigne donc de la réalité. Nous observons qu’il existe plusieurs types de romans tels que le roman policier, épistolaire ou de science-fiction par exemple. A priori, ces récits ne reflètent en aucun cas la réalité. A l’inverse, un roman autobiographique s’appuie sur la vie de son auteur, un roman historique raconte un évènement qui s’est réellement passé. Cela nous conduit à nous poser la question de savoir s’il est  possible qu’un romancier, qui crée une œuvre de fiction, puisse reproduire la stricte réalité.

Nous expliquerons, dans une première partie, que certains romanciers ont la volonté de se rapprocher de la réalité. Puis dans une seconde, nous démontrerons que ces auteurs de romans   ne peuvent pas s’en tenir à la stricte réalité.

  Tout d’abord, c’est au XIX e siècle qu’apparait la volonté des romanciers de décrire la réalité de la vie quotidienne à travers deux courants littéraires : le réalisme et le naturalisme.

Premièrement, le réalisme est créé en réaction à la société bourgeoise  ainsi qu’au courant littéraire romantique. Celui-ci se définit par quelques valeurs et principes simples. Il doit en effet décrire la stricte vérité  sans idéalisation et sans artifices et faire part d’une grande objectivité. De plus, l’auteur doit être renseigné sur le sujet qu’il souhaite exploiter : Maupassant, dans sa nouvelle La parure, ne peut connaitre le mode de vie d’une femme modeste par exemple. Chaque auteur réaliste doit donc s’appuyer sur une documentation approfondie et utilise le mode scientifique comme approche et démarche. C’est Balzac et Stendhal qui sont les premiers adeptes du Réalisme et veulent représenter la réalité sociale et humaine. Néanmoins, c’est Flaubert qui le fait triompher grâce à son roman Madame de Bovary paru en 1857.

Balzac fait une minutieuse description que ce soit du cadre spatial et  temporel ou même de chaque détail les plus petits qu’ils soient (l’auteur insiste lourdement sur l’apparence du personnage principal par exemple) De plus, le romancier s’est beaucoup instruit au niveau juridique et médical : il décrit dans les moindres détails l’agonie de Emma, il s’est alors documenté sur les symptômes de l’empoisonnement à l’arsenic.

Ce mouvement fait réagir beaucoup d’autres romanciers et en suscite un nouveau : le naturalisme.

Le naturalisme est créé dans le prolongement du réalisme. Il respecte donc les mêmes principes fondamentaux tels que décrire la réalité y compris dans ces aspects immoraux ou vulgaires. Emile Zola s’intéressait beaucoup à ce second courant et l’utilisait à des fins pédagogiques : il pense qu’il peut y avoir un progrès au niveau social. Il souhaite alors affiché les problèmes de la société, déterminer les causes et donc les résoudre grâce au naturalisme.

De plus, ce courant souhaite démontrer que le lieu de vie du personnage principal influe sur son comportement. Il s’intéresse majoritairement aux classes sociales défavorisées, aux paysans, aux ouvriers et aux prostitués. Zola  applique à ses romans les principes de beaucoup de savants tels que Claude Bernard. La volonté des romanciers de décrire la réalité est tel qu’ils sont allé jusqu’à utiliser les progrès scientifiques

Par exemple, le principe de la sélection naturelle (les plus forts se reproduisent éliminant les plus faibles) devient un principe explicatif de l’évolution des sociétés. De même, la théorie de l’hérédité qui explique d’où viennes nos caractères est retranscrite dans les livres de Zola.Par exemple, Zola a écrit les Rougon-macquart, c’est une suite de 20 livres écrits entre 1871 et 1893. Au bonheur des Dames, son 11 e tomme illustre très bien les principes du naturalisme.

Le cadre spatio-temporel est très explicite dès les premières lignes : les noms des rues ou la gare St Lazare par exemple. De plus, Denise reste un personnage issu d’un milieu modeste. Ce roman demeure naturaliste car elle n’est pas maîtresse de son destin puisque son caractère est partiellement influencé par ses origines.La déchéance des petites boutiques contre les grands magasins est très détaillé renforçant le coté très réaliste de ce roman

La volonté de décrire la réalité ne s’est pas arrêtée avec ces courants, elle s’est poursuivie tous au long du XX eme siècle et perdure encore aujourd’hui. Par exemple, Marcel Proust qui procède à une riche étude de milieux sociaux différents dans  son roman à la recherche du temps perdu, ou Jules Renard dans la description des maltraitances qu’il subit par sa mère dans Poil de Carotte.Et même aujourd’hui, des romanciers comme Michel Houellebecq ou Emmanuel Carrère décrivent avec précision la vie dans notre société contemporaine.

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