La virtuosité dans la danse
Dissertation : La virtuosité dans la danse. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar valentinedsm • 11 Février 2020 • Dissertation • 3 684 Mots (15 Pages) • 883 Vues
de SURMONT Lundi 6 mai
Valentine
DISSERTATION DANSE |
De quelles manières, les chorégraphes du XXème et du XXIème prennent-ils en compte les termes de virtuosité et d’états de corps. ?
A partir du XXème siècle, l’histoire de la danse est faite de révolutions, d’affrontements et de rejets. La danse au cours de ce siècle et encore aujourd’hui s’est affirmé comme étant le terrain de grandes rencontres et de combats artistiques importants. Le chorégraphe en est l’acteur et le point de départ. En effet c’est bien lui qui a rejeté les règles obsolètes de la danse classique, il a questionné certains termes notamment autour de l’esthétisme et a enfin innové dans son travail et sa façon de transmettre. Il propose alors des hypothèses en livrant à la société de nouvelles chorégraphies parfois très imaginatives. Il se base sur son héritage et le porte plus loin en l’enrichissant de ses propres apports. Le XXème siècle est une époque qui a connu une série de chocs parfois violents qui ont permis des évolutions, dans les mentalités. Le XXIème est un temps qui est rempli de chorégraphes issus du XXème, siècle de bouleversements qui a engendré de nouveaux courants plus riches, assoiffés de nouveautés. Les chorégraphes ne cessent de se renouveler, ils sont riches d’imagination créative pour dynamiser la danse, la faire avancer. Ainsi plusieurs états de corps sont traversés par ces nouveaux artistes. Le terme d’état de corps permet de définir, de fixer le mouvement et les sensations qu’il libère; il peut même remplacer le terme « énergie ». Les états de corps interrogent sur le corps, sur un mouvement organique capable d’expressivité. La question autour de la technique est aussi importante, au XXème siècle. Le terme de virtuosité est redéfini, remanié. Cette exécution parfaite des mouvements, l’habileté technique dans la danse est revue puisque maintenant ce ne sont pas les mouvements véritablement qui intéressent mais leurs impulsions. L’état de corps est-il une intention ou seulement la conséquence d’une interprétation ? La virtuosité fait-elle partie intégrante du mouvement ? Le laid est-il virtuose, gracieux ? Dans l’espace qu’occupe le corps, chorégraphe ou interprète, que cherchent-t-ils à générer ? La virtuosité et l’état de corps dans la danse sont un réel discours, nous pouvons alors nous demander de quelles manières au XXème et XXIème siècle, les chorégraphes ont pris en compte ces deux termes. Nous verrons dans un premier temps, leur reconstruction personnelle du mouvement en changeant leur façon de travailler ; ce qui nous amènera à comprendre, en deuxième partie, la redéfinition de l’esthétisme par ces chorégraphes. Enfin, en dernière partie, les chorégraphes créent alors de nouvelles relations que ce soit matériellement entre danseurs ou subtilement avec la création d’un sens différent.
Le corps du danseur, au cours des siècles, a beaucoup changé. Il connaît métamorphoses et transformations. Au XXème siècle, l’énergie du mouvement c’est à dire son intensité est questionnée ; sa qualité va ainsi se traduire par une tension musculaire pour ne pas le rendre uniforme. L’énergie englobe des phénomènes de contractions et de relâchement, c’est l’intensité du mouvement qui donne au geste sa coloration. Les chorégraphes, en voulant briser les normes de la danse classique, cherche alors des états de corps différents qu’auparavant ; la chorégraphie doit alors renvoyer des énergies contrastantes. Ne pas avoir un mouvement uniforme devient alors une quête des chorégraphes du XXIème siècle, très loin de la danse fluide et douce du rôle de Giselle. Les mouvements aux qualités différentes sont ainsi mis ensemble, les chorégraphies combinent alors des nuances que ce soit en terme de poids, de temps ou d’espace. Le mouvement est l’essence de la danse : le corps se contracte et se détend, fléchit et s’étire. Depuis le début du XXème siècle, les chorégraphes nord-américains accentuent soit le mouvement, soit les gestes. Pour les chorégraphes postmodernes, l’objet de la danse est en priorité le mouvement, l’attention se porte alors plus sur les qualités formelles de la danse. Voyons dans « Café Müller » de Pina Bausch, les corps sont ainsi mis en rapport dans l’espace du mouvement, les danseurs se jettent sur les murs les yeux fermés, se lancent en avant. Les gestes du corps dansant mobilisent l’énergie des danseurs dans une immédiateté et une intensité absolue du moment. Tout image de corps dansant chez Pina éveille les sens chez le spectateur, dans un même espace temps : plusieurs actions se passent. Les lignes sont ainsi successivement brisées et suspendues comme une respiration. De là des interprètes oscillent entre personnes et personnages. Tantôt dépouillés et dévêtus, avec des corps parfois soit raidis, soit mécaniques, les personnages se laissent manipuler comme des poupées de chiffon, en s’abandonnant, en étant tour à tour léger puis pesant. Ces ruptures qui sont faites, en apportant plusieurs états de corps, abordent les nouveaux sens de la virtuosité dans la danse au XXème siècle. La virtuosité n’est plus qu’une technique parfaite mais c’est aussi une subtilité rare que l’on trouve dans la danse. Le dialogue qui se passe entre virtuosité et état de corps est ainsi bien illustré ; une nouvelle recherche dans la danse est alors entreprise.
Les chorégraphes modernes recherchent un nouvel esthétisme matériel mais aussi abstrait par rapport au mouvement. A l’époque de la rhétorique classique, le geste avait pour fonction de révéler un sens supérieur, fonction qu’il perd au XXème siècle, où il est analysé d’un point de vue esthétique, psychologique et politique ; il devient alors l’agent de l’expressivité du corps dont il peut dévoiler un état psychologique. La danse moderne alors engendre une forme de mouvements comme étant l’expression d’une signification interne : l’action de danser est subordonnée au sentiment intérieur. Les mouvements et les états de corps sont traités comme source de communication d’un sens. Par exemple Graham adopte un langage dans lequel chaque mouvement devient un geste puisqu’il possède une signification ; un mouvement ne ment jamais parce qu’il existe une variété de corps en mouvement, un corps qui peut révéler ce que l’on veut cacher. Dans « Lamentation », le caractère sculptural des mouvements est accentué par le costume: une housse extensible soulignant les mouvements du corps assis qui s’étire et s’enroule sur lui même. Ce long tube de tissu suggère la tragédie qui peut hanter le corps, la capacité de l’Homme à mettre à l’épreuve les limites de la douleur universelle. Ce solo est le chagrin lui-même. Le visage de la danseuse reste impassible, elle profite du pouvoir expressif du mouvement à la fois abstrait et paradoxalement chargé de sens et d’affect. La danse n’est pas conçue seulement pour danser et divertir, mais pour exprimer des états d’âme et des intériorités. Graham chorégraphie pour pouvoir s’exprimer par le biais du corps, qui devient alors un matériau symbolique. L’évolution du sens de la chorégraphie prouve alors l’apparition de nouveaux états de corps. En effet, cette notion permet de fixer le mouvement car le corps est une matière instable. Ce n’est pas seulement le mouvement qui intéresse mais surtout les impulsions qui le motivent. Les états de corps ne sont pas le produit de l’invention mais d’une découverte des possibilités d’exprimer l’émotion. Le geste qui nait de ces nouveaux états est alors virtuose ; différentes expressions de virtuosité sont montrées. Ce changement de signification questionne alors le terme de virtuosité, un nouveau sens peut alors se dégager.
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