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Communiquer est-ce dialoguer?

Dissertation : Communiquer est-ce dialoguer?. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Mars 2017  •  Dissertation  •  2 046 Mots (9 Pages)  •  3 371 Vues

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KUHN                                                                                                                                                    TLES

MATTHIAS

Dissertation philosophique : Communiquer est-ce dialoguer ?

        

               La notion de communication se définit par le fait d’être en relation avec quelqu’un. Ce concept recouvre les divers phénomènes de transmission et d’échanges de signaux dans le monde vivant. Comme le disait l’écrivain Albert Camus, « Tout refus de communiquer est une tentative de communication; tout geste d’indifférence ou d’hostilité est un appel déguisé ». Ainsi, nous ne pouvons pas ne pas communiquer, ontologiquement, nous sommes des êtres de communication. Le dialogue, lui, est un échange d’idées, une discussion entre deux ou plusieurs personnes visant à produire un accord. Alors que la notion de communication est caractéristique du monde vivant, le dialogue, lui, est le propre de l’Homme. Alors que ces deux notions de communication et de dialogue semblent très proches l’une de l’autre, quels sont les liens qu’elles ont en commun, et qu’est-ce qui distingue la communication du dialogue ? Il s’agira en premier lieu de voir que la communication est à l’épreuve des enjeux de tous les êtres vivants. Enfin dans un second temps nous verrons que le dialogue est le désir de l’humain.

                 Communiquer, c’est transmettre et échanger des signes et des messages; et  ceci dans tout le monde vivant. Ainsi, le concept de communication caractérise l’être vivant, et recouvre les manifestations sous toutes leurs formes dont fait part un être vivant à un autre de sa même espèce. Cependant, une distinction majeure clive l’Homme de l’animal quant à la communication. La différence entre la communication animale et le langage humain est donc la suivante : tandis que les animaux ne peuvent qu'exprimer des besoins, liés à l'instinct, l'Homme peut exprimer sa pensée grâce au langage. L'animal agit selon les lois de la nature : il peut bien communiquer une émotion, mais il est incapable d'exprimer une pensée. Emile Benveniste, linguiste français du 20ème siècle, a traité à propos  de la différence de la communication de l’Homme à celle de l’animal, en faisant un focus sur la communication des abeilles dans l’ouvrage Problèmes de linguistique générale. Chez les abeilles, « la communication se réfère seulement à une certaine donnée objective ». L’animal ne peut donc guère traiter d’une chose en son absence ou bien de quelque chose qui n’existe pas : c’est un message ancré dans la réalité ; la communication animale s’effectue toujours en réaction d’un évènement, dans l’immédiateté. En outre, le contenu du message de l’animal décalquera nécessairement un besoin, chez l’abeille, exclusivement la nourriture. Benveniste résume de la manière suivante les caractéristiques de la communication animale, en quoi est-ce qu’elle se distingue de la communication humaine : « la fixité du contenu, l’invariabilité du message, la nature indécomposable de l’énoncé, sa transmission unilatérale ». La communication humaine, elle, se définit aux antipodes de ces quatre caractéristiques énoncées par Benveniste. Ainsi l’Homme peut traiter d’une chose en son absence. Les possibilités de la constitution du message tendent donc vers l’infini, et le contenu peut relever de la fiction. Pour tout le monde du vivant, communiquer est un besoin primaire, inné. Au 13ème siècle, le roi Frédéric II de Prusse, monarque polyglotte, voulu savoir quelle est la langue première chez l’être humain. Il installa six bébés dans une pouponnière et ordonna à leurs nourrices de les alimenter, les endormir, les baigner, mais surtout, sans jamais leur parler. Frédéric II espérait ainsi découvrir quelle serait la langue que ces bébés "sans influence extérieure" choisiraient naturellement. Il pensait que ce serait le grec ou le latin, seules langues originelles pures à ses yeux. Cependant, l'expérience ne donna pas le résultat escompté. Non seulement aucun bébé ne se mit à parler un quelconque langage mais tous les six dépérirent et finirent par mourir. Les bébés ont besoin de communication pour survivre. Le lait et le sommeil ne suffisent pas. La communication est aussi un élément indispensable à la vie. L'être humain est un être social, il n'y a pas que le biologique qui lui permet de vivre, mais le social également. Ainsi, nous ne pouvons pas ne pas communiquer : nous sommes des êtres de relations.

                   De ce fait, la communication est nécessaire chez l’Homme ; l’Homme communique toujours. C’est à travers son comportement que chaque individu se définit, et puisque l’Homme ne peut pas ne pas avoir de comportement, il exprimer toujours quelque chose. Or, si l’on admet que dans une interaction, tout comportement à la valeur d’un message, c’est-à-dire qu’il est une communication, il suit qu’ « on ne peut pas ne pas communiquer ». C’est cet axiome qui fonde un des piliers de raisonnement de l’école de Palo Alto, qui fut un courant de pensée et de recherche, qui axa leurs pensées sur la notion de communication. « On ne peut pas ne pas communiquer », cette citation est tirée de l’ouvrage Une logique de la communication de Paul Watzlawick, Jeanet Helmick Beavin et Don D. Jackson. Ainsi tout ce que l'on dit, ne dit pas, fait ou ne fait pas véhicule un message. Ceci signifie que l'on ne peut pas décider de communiquer ou de ne pas communiquer. La communication est verbale et non verbale, explicite et implicite. Il faut savoir que le fait de lever un sourcil, de se détourner de son interlocuteur ou d'avoir un regard condescendant envoie aussi une information à l'autre. Il en est de même pour « l’homme attablé dans un bar rempli de monde et qui regarde droit devant lui » communique lui aussi un message : il ne veut parler à personne et ne veut pas qu’on lui adresse la parole ; « il y a là un échange de communication, tout autant que dans une discussion animée ». Par conséquent la communication ne connaît pas son contraire, qui serait la non-communication. Dès qu’une personne est confrontée à un évènement qui touche à son contexte social, il communique nécessairement. Le fait même de vouloir se taire et de prendre ses distances par rapport à quelqu’un est une communication qui sera interprétée comme : il ne veut pas communiquer, il a quelque chose à cacher. Appliqué au domaine de la prise de parole, ce principe concerne surtout toute la communication non verbale : le paralangage. Nous nous trouvons dans une configuration où nous devons communiquer dès lors que nous sommes dans une situation d'interaction avec autrui, comme le dit Erving Goffman, « chaque fois que nous entrons en contact avec autrui, que ce soit par la poste, au téléphone, en lui parlant face à face, voire en vertu d’une simple coprésence, nous nous trouvons avec une obligation cruciale : rendre notre comportement compréhensible et pertinent compte tenu des événements tels que l’autre va sûrement les percevoir ». Watzlawick a notamment développé les principes de la communication en cinq axiomes, ces cinq axiomes qui caractérisent nécessairement la communication humaine; trois en sont majeurs. Le premier est « on ne peut pas ne pas communiquer », comme expliqué précédemment. Le second axiome est le fait que toute communication présente deux aspects : le contenu et la relation. Le premier aspect concerne ce qu’on veut faire passer ; cependant rien n’est jamais que du contenu : on cherche toujours à communiquer autre chose (mécontentement, contentement, émotions…). Pour Watzlawick, ce second aspect est prioritaire, car si la relation est mauvaise le contenu sera soit rejeté, soit ignoré. Tout ce qui est exprimé au-delà du contenu est la métacommunication, c’est-à-dire ce qui se communique lorsqu’on communique. Enfin, Watzlawick divise la communication humain en deux communications distinctes. D’une part la communication analogique, qui se définit par la part de la communication rassemblant tout ce qui n’est pas proprement verbal : les gestes, les postures, les intonations de voix. Cependant elle ne s’auto-suffit pas car elle peut être signe d’ambiguïté pour l’interlocuteur : les larmes, par exemple, peuvent exprimer la joie ou la peine, tout dépendra du contexte. D’autre part la communication digitale, si l’autre comprend ma langue, j’utilise le langage. Seule la connaissance en commun de ce code me permet d’être compris par mon interlocuteur. C’est le langage digital. La simultanéité des deux est nécessaire pour se faire comprendre de l’autre. C’est la somme de ces deux aspects qui fondent le langage, autrement dit ce qui structure la communication.

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