Qui chuchote dans les ténèbres ?

Qui chuchote dans les ténèbres ?

La curiosité l’emporta sur la peur et je ne fermai pas les yeux.

                                                    Jorge Luis Borges

J’ai habité longtemps une vieille maison en retrait du village de Saint-Maurose dans les Landes, près de la frontière espagnole. Les murs décrépis de cette masure, son toit recouvert de bardeaux vermoulus et ses quatre fenêtres étroites, éveillaient une crainte ou un vague malaise à quiconque osait s’y approcher. Sinistre et mal éclairé, le petit chemin qui bifurquait de la route principale du village jusqu’à ma demeure, finissait par décourager même les plus courageux visiteurs potentiels. Je vivais seul et m’accommodait plutôt bien de cette longue solitude. Les vieux meubles, qu’avaient abandonnés les anciens propriétaires de la maison, accentuaient le caractère mystérieux qu’ont ces anciennes demeures chargées de souvenirs, d’histoires surprenantes et parfois même de purs événements cauchemardesques. Je n’ai jamais eu peur de toute ma vie. Jamais ! Je me sentais bien parmi ces vieilleries, ces planchers craquants, ces portes grinçantes, ces volets absolument défraichis qui au moindre coup de vent se mettent à se lamenter comme un hibou pris au piège. Et que dire de ces soirs d’orage où toute la maison semble vouloir s’écrouler sur elle-même, secouée par des rafales venues des enfers, et ce tonnerre tel un hurlement arraché au ciel par un bourreau venu torturer la nuit toute entière. Non ! Je n’ai jamais eu peur de toute ma vie…sauf une fois. « Vers minuit environ, pendant une nuit du mois d’octobre…»^[1]

[1] Poe, Edgar, Nouvelles histoires extraordinaires, Paris, Gallimard, coll. «folio classique», 2017,  p.209.

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