Le rhinocéros d'Ionesco
Dissertation : Le rhinocéros d'Ionesco. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar josygo21 • 27 Novembre 2020 • Dissertation • 879 Mots (4 Pages) • 497 Vues
La deuxième guerre mondiale a provoqué plusieurs bouleversements sociaux, politiques et économiques, en plus de millions d’innocentes victimes. Le traumatisme collectif engendré par cette dernière a particulièrement influencé le mouvement littéraire du théâtre de l’absurde. Eugène Ionesco (1909-1994) avait assisté, en 1930, en Roumanie, à la monté fasciste qui avait transformé ses proches amis en monstre. Il se voyait alors comme « le dernier homme de cette île monstrueuse » tout en se qualifiant comme « une anomalie, un monstre ». C’est d’ailleurs en dénonciation au nazisme et à toute forme de totalitarisme que l’auteur a composé sa pièce le Rhinocéros, dont la première représentation fut le 6 novembre 1959. La symbolique du monstre de sa pièce représente le phénomène de massification. Le choix du Rhinocéros pour le représenter n’avait rien d’anodin et s’identifiait bien au terme de monstre, puisque ce dernier représentait une menace pour l’humanité.
Dans sa pièce, Ionesco a décidé d’utiliser le rhinocéros à titre de monstre. Ce choix grandement réfléchit, avait été inspiré des soldats nazis. Les caractéristiques péjoratives utilisées afin de décrire la bête démontre bien l’aspect monstrueux, « c’est dangereux » (p.25), « Féroce en plus » (p.28), « barrissement abominable » (p.78), « barrissement violent » (p.), « ils dévorent tout » (p.138), « ils sont ignobles » (p.158), « ils ne sont pas gentils » (p.151). De même qu’un détail subtil intégré au texte de la pièce, « couleur vert sombre » (p.161), en description de la peau du rhinocéros, mais qui également caractérisait la couleur de l’uniforme nazi. De plus, le rhinocéros est un animal imposant, avec une grande force, et une peau plissé donnant l’impression d’un blindage. Il avait donc tout pour faire office de représentation de la force, de la prise de pouvoir des nazis. Dans son œuvre, l’auteur décrit les dommages laisser par le passage du (des) Rhinocéros, « les marches de l’escalier qui s’effondrent » (p.75-76), « canotier transpercé par une corne de rhinocéros » (p.132), « Ils ont démoli les murs de la caserne de pompier » (p.140). Cette allégorie tend à rendre l’image de la destruction et des ravages causés par le passage des soldats. Eugène Ionesco a également tenté de mettre en lumière l’ascension de la bestialité de l’homme et c’est en ce sens qu’il a arrêté son choix sur le rhinocéros.
Ensuite, l’auteur démontre que le monstre représente une menace pour l’humanité. En effet, ce dernier transmet la « Rhinocérite » à l’homme, qui se transforme à son tour en Rhinocéros. Par le biais de la transformation massive des individus en « quadrupède stupide » (p.28), Ionesco a dépersonnalisé l’ensemble de ses figurants. Sous cette tonalité comique, ce dernier dénonce la polémique qui entoure l’effet de masse par la contagion mentale. La « Rhinocérite » se veut insidieuse, car elle pousse le citoyen à remettre en question ses valeurs et ses idéaux afin d’accepter la transformation, « On s’y habitue, vous savez. Plus personnes ne s’étonne des troupeaux de rhinocéros » (p.139), « Mon devoir m’impose de suivre mes chefs et mes camarades, pour le meilleur et pour le pire. » (p.142), « Je conserverai ma lucidité. S’il y a à critiquer, il vaut mieux critiquer du dedans que du dehors. » (p.142), « mais nous devrions essayer de comprendre leur psychologie, d’apprendre leur langage » (p.154). Cette maladie vient caricaturer la faiblesse humaine et mettre en lumière les contradictions qui ont conduits à la déshumanisation. Au départ, si tous étaient en accord avec le fait que le rhinocéros n’avait rien de positif, ils ont tout de même fini par rejoindre les rangs de ce dernier en acceptant de se transformer. Finalement, il ne reste que Béranger comme subsistance de la race humaine. La remise en question de ce dernier démontre bien la fragilité de l’homme à conserver ses idéaux lorsqu’ils se retrouve seul, envers et contre tous.
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