Le dialogue entre les cultures
Dissertation : Le dialogue entre les cultures. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar cinamonn • 22 Juin 2022 • Dissertation • 3 802 Mots (16 Pages) • 391 Vues
Dissertation Faire dialoguer les langues et cultures
Sujet : Comment mieux faire dialoguer les langues et les cultures ?
Introduction
Le dialogue entre les langues et les cultures ne va pas de soi. Dialogue en effet, vient du grec dia « ce qui traverse » et logos « langage ». Le dialogue ainsi, étymologiquement, c’est la parole qui traverse. Mais les guerres, on le voit avec l’invasion très récente de l’Ukraine par la Russie, l’inexorable montée des scores de l’extrême droite depuis vingt ans, sont le symbole de l’impossibilité de ce dialogue : dans ces deux cas, les langues et les cultures, loin d’échanger, sont envisagées comme cantonnées à un territoire fermé, qu’il s’agit soit de s’approprier, soit de préserver, coûte que coûte.
Le langage et la culture sont ce qui permet une médiation entre l’humain et le monde. Si le langage est ce qui permet aux individus de communiquer entre eux, la culture désigne l’ensemble des traits qui caractérise un groupe social. Mais comment définir la culture de cet ensemble de pays disparates qui constituent l’Europe ? Dans ce monde globalisé caractérisée par une diversité de peuples, de langues, de religions, de cultures qui est le nôtre, l’enjeu, l’urgence, est de mieux dialoguer, de se laisser traverser par l’autre. Mais comment faire ?
Problématique : nous verrons que l’identité culturelle européeennne nait justement d’un dialogue entre les langues et les cultures inspiré de la traduction littéraire.
Plan : Dans un premier temps, nous analyserons comment, dans son essence même, la culture européenne est une culture en/de traduction, avant de nous interroger sur le fait que le modèle de la traduction peut permettre le dialogue entre les langues et les cultures. Enfin nous verrons que c’est par le dialogues, la circulation des langues et des cultures qu
- Dans son essence même, la culture européenne est une culture de traduction
L’Europe, n’étant pas totalement enfantée dans son autodéfinition est l’objet d’une représentation, d’une construction, par conséquent, d’une traduction.
Dans la mythologie grecque, Europe est une princesse phénicienne enlevée et violée par Zeus métamorphosé en taureau. Son nom signifie « celle qui voit loin ou celle aux grands yeux. » L’Europe ainsi, qui se perçoit comme celle qui peut porter son regard sur le monde, le penser, le faire sien, n’est pas capable de se donner une image clairement définie d’elle-même. En effet, l’Europe est considérée conventionnellement comme un continent, clairement délimité à l’Ouest et au nord par les mers et les océans mais dont les contours à l’est demeurent encore flous, à tel point que le fait pour un certain nombre de pays d’être inclus ou non dans le continent européen est l'objet de controverses. La représentation de la Vierge Europe de Sebastian Münster, vers 1545 est symbolique de cet inachèvement dans la fabrique de l’identité de l’Europe. Alors qu’elle a cru, pendant des siècles, pouvoir féconder le monde l’Europe serait comme vierge d’elle-même, comme ne s’étant pas encore enfantée.
L’Europe partage avec la traduction une condition de féminité
Nous l’avons vu, l’identité féminine de l’Europe est présente dès l’apparition mytho-narrative d’une Europe vierge dont le drapeau s’orne, à dessein ou non, des douze étoiles qui ornent la couronne mariale. De même, l’activité de traduction, considérée jusque très récemment comme une activité secondaire soumise à l’antériorité d’un texte original dans l’imaginaire collectif, est présumée féminine. De la même façon que, dans la mythologie, la princesse Europe est dominée par Zeus métamorphosé en taureau, le travail de traduction en effet, est soumis à l’autorité du texte original comme une femme à qui on demande fidélité, dans la crainte de l’accouchement d’un texte bâtard violant l’énoncé originel.
Le croisement des cultures en Europe relève de la traduction.
L’Europe n’est pas constituée d’un récit de fondation unique mais d’une multiplicité de textes fondateurs latins, grecs, mais également religieux – qu’elle ne connaît, comme le rappelle l’essayiste et théoricien de la littérature qui s’est attaché au travail de la Bible en accordant une importance particulière au travail du rythme récitatif, Henri Meschonnic, que par leurs traductions. Dans L’Epreuve de l’étranger, Antoine Berman, traducteur français d’espagnol et d’Allemand montre également que la culture allemande est une culture de traduction en ce qu’elle est constituée par la traduction de la littérature antique et européenne. La culture européenne, ainsi, ne peut pas se perpétuer selon une tradition unique et verticale issue de la transmission de textes fondateurs. Elle nait également d’un processus horizontal constant d’influences réciproques entre les pays. Ainsi, l’opéra est né en Italie avant de se diffuser en Europe, les idées des Lumières se sont diffusées en Allemagne puis en Italie. De même pour le romantisme, d’abord né en Allemagne et en Angleterre. Mais ces échanges entre les cultures, n’est pas unilatéral. Le croisement des cultures, qui s’enrichissent mutuellement est de l’ordre, non pas de l’importation, mais de la traduction.
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