La rime

Aujourd'hui, les chiffres de vente des œuvres musicales et des œuvres poétiques sont là pour en attester, la poésie semble délaissée en faveur de la musique. Est-ce pour autant son triomphe ? et cela signifie-t-il que « le rythme l'a emporté sur la rime », c'est-à-dire la mélodie sur le langage ?

Premièrement, la musique n'exclut pas la rime.

Selon moi, la rime est musicale. Le retour d'une mélodie, dans une œuvre musicale, ou le retour d'un thème, peuvent être assimilés à des rimes. Dans la mesure où la rime n'est finalement qu'une forme particulière d'écho sonore, elle trouve évidemment sa place en musique.

Par exemple, “les Variations”, genre illustré par Bach dans les Variations Goldberg, ou par Beethoven dans les Variations Diabelli. De plus, bien des poèmes ont été mis en musique, comme le poème de Mallarmé “Le Faune”, poésie reprise et orchestrée par Debussy : “L’après-midi d’un faune”.

Cela est encore plus net dans la chanson, à la fois du fait des refrains, qui sont en quelque sorte de « grosses »rimes, et des rimes au sens strict, présentes dans de nombreuses chansons, sans que le texte soit forcément emprunté à un poète.

Par exemple, la chanson « Capri, c'est fini... » de Hervé Vilard, la “Chanson d’Automne” de Paul Verlaine, interprétée par Georges Brassens, ou encore la chanson populaire pour enfants “Vache, grosse vache” de Gérard Delahaye

Deuxièmement, la poésie n'exclut pas le rythme.

Le mètre est la mesure, le rythme du vers. Dans la poésie française, le mètre dépend du nombre des syllabes qui composent un vers. La poésie classique est fondée sur des rythmes récurrents, comme l'alexandrin, ou le décasyllabe. Mais le mètre n'est pas seulement un décompte syllabique, il est aussi structuré par une ou plusieurs césures, qui permettent de jouer sur des cellules rythmiques différentes. De la sorte, le rythme a assurément à voir avec la poésie.

Par exemple, énormément de travail à été fait sur l'alexandrin par plusieurs poètes, comme Racine, Hugo et Baudelaire.

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2. Le vers libre.

Même dans la poésie moderne, lorsqu'elle a abandonné les vers classiques, le rythme reste un élément déterminant.C'est notamment lui qui justifie le passage d'un vers libre à un autre, parfois en brutalisant la syntaxe.

Exemple : la suppression de la ponctuation chez Apollinaire, et son emploi du rythme, notamment dans Le pont Mirabeau.

III. Des phénomènes complémentaires

1. La musique est souvent fondée sur la poésie

Les phénomènes musicaux les plus récents, comme le rap, utilisent abondamment la rime et toutes les ressources de la poésie. En cela, ils s'inscrivent dans une longue tradition, illustrée par les mélodies françaises et les lieder allemands.

Exemples : M.C. Solaar, mais aussi Duparc et Schubert.

2. La poésie est à son tour fondée sur la musique

Lorsque Debussy mit en musique “L'après-midi d'un faune”, d'après un texte de Mallarmé, le poète s'écria : « Tiens, je croyais l'avoir déjà mis en musique. » Cette réflexion est révélatrice du travail accompli par le poète, travail tout autant sonore que sémantique.

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