La montée des extrêmes dans le monde
Dissertation : La montée des extrêmes dans le monde. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Mahau Frenkenberg • 19 Mars 2019 • Dissertation • 2 261 Mots (10 Pages) • 827 Vues
III. La montée des extrêmes dans le reste du monde :
Pour Richard S.Katz et Peter Mair “la démocratie devient un moyen d’atteindre la stabilité plutôt que le changement social”. Cela nous permet d’expliquer l’émergence récente des extrêmes dans les pays industrialisés tels que le Brésil, les États Unis et l’Italie.
A. Un enjeu de compétitivité électorale / Des “leaders” charismatiques :
Dans n’importe quel régime démocratique, les partis ont peu de contrôle sur les processus éventuels d’enregistrement ou d’affiliation des électeurs sous une étiquette ou une autre. Pour obtenir le plus de voix possible, les stratégies électorales des partis politiques deviennent alors de plus en plus compétitives, d’où l’importance de la conquête de soutiens électoraux.
i ) Professionnalisation des représentants politiques :
Les partis sont des équipes de professionnels, et non des associations de citoyens ou à leur service. Les chefs de partis se retrouvent à la tête de ce dernier grâce à leur potentiel à rallier un nombre important d’électeurs.
L’environnement dans lequel les leaders opèrent comprend les médias et la société civile. Captiver l’attention du corps électoral devient l’enjeu majeur des extrêmes.
Néanmoins, les primaires aux États Unis ont permis une participation plus ouverte des électeurs au détriment d’un contrôle des nominations. Alors, des candidats libres qui n’appartenaient à aucun parti politique, ont eu l’opportunité de se présenter aux présidentielles.
ii ) Formation d’un contre-pouvoir politique :
Les partis politiques, pour éviter que des extrêmes renforcent leur électorat, ont toujours besoin d’élus locaux susceptibles de représenter un contre-pouvoir lorsque les politiques ou les stratégies proposées par les dirigeants nationaux vont à l’encontre de celles qui sont valorisées localement. De nouveaux partis en quête de succès, notamment les extrêmes, érigent alors leur campagne autour de messages idéologiques divers mais surtout différent de ceux exprimés par le parti au pouvoir. Il y a l’idée qu’il faut briser le carcan des partis établis.
Ces nouveaux partis qui s’appuient sur des messages différents de ceux conviés par les partis principaux sont souvent à la recherche du soutien des classes moyennes.
iii) Une réthorique propre aux leaders de ces partis :
Pour attirer l’attention des électeurs, certains leaders populistes, ou de partis extrémistes développent une réthorique dans le but de solliciter les citoyens votant habituellement pour les partis traditionnels de gauche ou de droite. Lors des primaires de 2016 aux États Unis, Donald Trump (vu par de nombreux politologues tels que Eichengreen et Kuttner comme un extrémiste au sein même du parti Républicain) propose un discours dirigé vers la classe moyenne inférieure et la main ouvrière américaine. Lors de rassemblements, Trump déclare souvent que “Les hommes politiques ont prospéré mais les emplois ont été laissés et les usines ont fermé. L’institution s'est protégée, mais pas les citoyens de notre pays. Leurs victoires n’ont pas été les vôtres. Leurs triomphes ne sont pas vos triomphes.”. Ces leaders extrémistes reposent ainsi leur légitimité sur la politisation de la religion et sur des valeurs libérales pour bâtir leur soutien. Quoi qu’on en dise, cette stratégie rhétorique a ouvert à Donald Trump l’accès au bureau ovale de la Maison Blanche.
En Italie, les leaders du parti d’extrême droite Lega Nord ont combiné une rhétorique prônant l’anti-mondialisation avec des critiques du gouvernement centralisé, ainsi que de la taxation et des étrangers.
Transition : La doctrine sur le comportement électoral insiste sur le fait que les personnalités ne jouent pas un rôle central dans le choix des électeurs mais que ce dernier se détermine davantage en fonction de facteurs structurels (classe sociale, religion) ou conjoncturels (enjeu de la consultation électorale).
B. Un clivage social qui se renforce de plus en plus :
En 1982, Bingham Powell souligne que l’existence d'une relation entre "des attentes fortes et constantes à l'égard des partis et des intérêts des groupes sociaux crée non seulement des choix facilement identifiables pour les citoyens, mais permet également aux partis de rechercher plus facilement leurs éventuels partisans et de les mobiliser au moment des élections”. Cette relation est-elle toujours applicable à la stratégie des partis extrémistes ?
i ) Nécessité d’un véritable représentant / volonté d’une démocratie plus directe / Développement des médias de masse :
La démocratie se base d’avantage sur la distribution de biens publics par les élites plutôt que sur la participation des citoyens au processus décisionnel. Au fil des années, cela a contribué à l’émergence d’une méfiance des électeurs envers leurs représentants, en raison de leur sentiment de ne pas être écouté par leurs représentants. On assiste ainsi à une “américanisation” de la vie politique en Europe et en Amérique du Sud. Au moment des élections, les citoyens choisissent plus un “leader” qu’un programme. On a pu le voir lors des élections présidentielles au Brésil et aux États Unis où le choix s’est porté sur la personnalité qui inspirait le plus confiance aux électeurs. En outre, le développement des médias de masse permet aux hommes politiques de se rapprocher de leurs électeurs en communiquant directement avec eux, donnant l’impression aux citoyens d’être mieux écoutés. Donald Trump utilise Twitter pour communiquer directement avec ses électeurs et réagit souvent à travers ce média lorsqu’un événement survient.
ii ) Sentiment d’être oublié :
Dans une étude de 2006 McCarty, Poole et Rosenthal ont montré que aux États Unis, les partis de gauche obtenaient plus de voix de citoyens issus de la moitié inférieure de la distribution des revenus que les partis de droite.
Jeffry Frieden explique que “Dans les pays développés, l’intégration financière favorise les capitalistes ayant des actifs mobiles ou diversifiés et défavorise ceux ayant des actifs liés à des lieux et à des activités spécifiques tels que la manufacture
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