"L’Adversaire" d'Emmanuel Carrère est il un roman ?
Dissertation : "L’Adversaire" d'Emmanuel Carrère est il un roman ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Titi2718 • 15 Juin 2022 • Dissertation • 1 311 Mots (6 Pages) • 977 Vues
Sujet : «L’Adversaire n’est pas un roman. » commente Pierre Lepape dans sa critique parue dans le journal Le Monde.
«L’Adversaire » est-il un roman ? Comme il est dit dans le dictionnaire Larousse, le roman est une « œuvre d’imagination constituée par un récit en prose d’une certaine longueur, dont l’intérêt est dans la narration d’aventures, l’étude de mœurs ou de caractères, l’analyse de sentiments ou de passions, la représentation du réel ou de diverses données objectives et subjectives. » L’Adversaire correspond-il à cette définition ? C’est justement ce que nous allons voir ensemble.
Dans un premier temps, nous verrons que L’Adversaire correspond en partie aux caractéristiques du roman et dans un second temps nous verrons finalement que ce livre n’a pas tous les critères de cette linéature.
L’Adversaire est un livre de deux cent vingt pages qui s’étend sur plusieurs années. Il commence en janvier 1993, le jour des meurtres de Jean-Claude Romand, et se termine six ans après, en janvier 1999.
C’est une intrigue extrêmement complexe car le lecteur navigue entre les différents périodes de l’histoire avec des allers et retours dans le temps, ce qui est la définition du récit. De plus, à certains moments de l’histoire, le lecteur peut confondre celle de Jean-Claude Romand avec celle d’Emmanuel Carrère : le lecteur se sent perdu, ne sait plus qui parle à certains moments, du fait que le récit est écrit à la première personne du singulier et raconté par le narrateur, Emmanuel Carrère. De même, il y a de nombreux personnages : Jean-Claude Romand et sa famille, Emmanuel Carrère ainsi sa famille, tous les membres du procès, etc. Dans l’Adversaire, le style et la longueur considérable de la prose, l’intrigue complexe, la longueur du récit qui peut s’étendre sur plusieurs années sont les grandes caractéristiques les plus clairement définies d’un roman.
Comme le dit Pierre Lepape, dans sa critique sur l’Adversaire ( l’article Hors d’atteinte ? Publié le 06 janvier 2000 à 10h42 par Le Monde) « une observation aiguë, sociologique, de la vie quotidienne et des liens rassurants de l’appartenance sociale que venait brusquement troubler et trouver l’irruption des passions, des pulsions et des angoisses. » En effet, Emmanuel Carrère essaye de comprendre comment la vie de ce personnage ordinaire a pu basculer d’un coup de vent glacial et le transformer ainsi en criminel. Comment ce petit garçon comme tous les autres, « élevé de façon rigide sans doute », « [ayant] en peu trop [peur] de ses parents et [de] leur stricte morale » à pu se retrouver dans cette impasse meurtrière ? Dans ce livre, nous sommes bien dans l’étude de mœurs et des caractères. Emmanuel Carrère semble même fasciné par la psychologie de Jean- Claude Romand, de ce monstre fragile : « Cette idée est apparue... mais elle était aussitôt masquée par d’autres faux projets, d’autres fausses idées. C’était comme si elle n’existait pas... Je faisais comme si... Je me disais que je faisais autre chose, que c’était pour une raison, et en même temps... en même temps j’achetais les balles qui allaient traverser le cœur de mes enfants... ». L’étude des personnages et des mœurs sont aussi deux grandes parties de la signification du roman.
Naoudi LUCSKO 2nd 4
Ce pendant dans le dictionnaire Larousse, une partie de la définition ne correspond pas à l’Adversaire car ce n’est pas une œuvre de fiction : comme le dit Pierre Lepape « C’est un fait- divers qui a provoqué l’écriture de l’Adversaire. » Il va même penser qu’Emmanuel Carrère « a franchi le miroir . » et « ... qu’il abandonne le détour de la fiction. »
Nous pourrions presque émettre l’hypothèse que l’Adversaire serait plutôt une autobiographie. Le mot «autobiographie » est composé de trois racines grecques : graphein, «écrire », bios, « vie » autos, « sois-même ». Comme il est dit sur le site Etudeslittéraires, « le récit [est écrit] à la première personne [du singulier] : l’auteur, le narrateur et le protagoniste
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