Dissertation sur les coquillages de Mr Chabres d'Emile Zola

Sujet: Dans quelle mesure cette nouvelle s’inscrit-elle dans l’esthétique réaliste?

        Émile Zola est le chef de file de l’école naturaliste, prolongement du réalisme. Il cherche à peindre la société de son temps et à montrer la double influence de l’hérédité et du milieu social sur les individus. Auteur de la célèbre saga des Rougon-Macquart , il est aussi l’auteur de nombreuses nouvelles comme “Les coquillages de Monsieur Chabre.” Celle-ci a été publiée dans la revue russe “le messager de l’occident”, en 1876. Zola y raconte une histoire d’adultère sur fond de paysages bretons.

 Dans quelle mesure cette nouvelle s’inscrit-elle dans l’esthétique réaliste? Autrement-dit, comment Zola cherche-t-il à donner l’illusion du réel ? Est-ce son seul objectif?

Afin de répondre à cette problématique, nous nous demanderons tout d’abord comment Zola propose une évocation précise de la Bretagne, à la manière d’un guide touristique. Puis nous verrons que la nouvelle s’apparente aussi à une comédie de mœurs dans un milieu petit bourgeois. Enfin nous découvrirons que l’écriture de Zola dépasse son projet réaliste par sa dimension poétique.

        Tout d’abord Émile Zola tente, dans cette nouvelle de peindre le réel. Il est à la recherche d’une couleur locale en décrivant le lieu où l’histoire se déroule à la manière d’un guide touristique.

        En effet l’auteur évoque d’abord des lieux réels. En lisant sa nouvelle, on peut avoir l’impression de visiter la Bretagne. L’auteur cite beaucoup de noms de villes bretonnes ce qui permet de situer l’histoire comme par exemple Guérande ou Piriac. Les descriptions sont assez longues et détaillées ce qui permet au lecteur de bien visualiser la scène. Le décor décrit est assez banal, sans énormément d’artifices et on sent que Zola vante la Bretagne et ses magnifiques paysages naturels surtout quand on les voit à travers les yeux d’Estelle qui s’émerveille devant presque tout. Ensuite les descriptions s’attardent sur des lieux très simples comme un jardin, une église, des rues en décrivant des choses connues du lecteur qui lui permettent de s’identifier et d’imaginer assez facilement le décor local. Rien n’est inventé et tout peut sembler familier au lecteur. De plus certaines scènes sont si simples et si enfantines que le lecteur se rapporte à son propre vécu et parfois à sa propre enfance et ces scènes permettent d’appuyer le fait que cette nouvelle est réaliste. Comme par exemple l’émerveillement et l’amusement enfantin d’Estelle face au comportement des cochons et des oies vivant autour d’elle.

        Ensuite pour donner une couleur locale à cette nouvelle, Émile Zola décrit le pittoresque breton. Effectivement les traditions et les costumes permettent aux lecteurs de s’immiscer et d’en apprendre plus sur la vie en Bretagne telle qu’elle l’est tous les jours. Toute ces références au mode de vie des Bretons appuie sur le coté réel de l’œuvre. Par exemple, la découverte de la ville de Guérande et des habitants à la sortie de la messe est décrite avec beaucoup de détails. D’ailleurs lorsqu’Estelle, la femme de Monsieur Chabre, voit ces costumes, la description d’une des robes que porte une dame est assez longue et détaillée. Elle s’attarde sur la coupe de la robe, les couleurs, les matériaux utilisés... Ceci montre que l’auteur s’attarde sur les détails et qu’il essaie vraiment de retranscrire les traditions de cette région. De plus lors du séjour du couple à Piriac, l’auteur a rédigé de nombreuses scènes sur le quotidien traditionnel ou habituel des habitants de la région. Comme par exemple la pêche aux coquillages ou aux crevettes, le rendez-vous à la messe pour voir du monde et se montrer ou encore la distraction des bateaux de pêche qui ramènent leurs récoltes au port. Toutes ces petites scènes rajoutent encore du réel et permettent d’encrer la nouvelle dans cette esthétique car on peut facilement s’y voir et s’imaginer vivre cette petite vie dans le monde réel.

        Ainsi, dans cette nouvelle Zola réussit à peindre le réel en ancrant l’histoire dans un décor pittoresque et en décrivant ce décor à la manière d’un guide touristique. Le lecteur a alors l’impression de visiter la Bretagne, un lieu réel, à travers les personnages, grâce à de nombreuses descriptions détaillées sur les paysages et les traditions. Mais le décor ne suffit pas à rendre cette histoire réaliste. En effet les personnages y jouent aussi un rôle.

        On peut ajouter que, dans cette nouvelle, Zola nous présente des personnages ordinaires impliqués dans une banale histoire d’adultère. Ne proposant presque aucun ancrage émotionnel mais simplement une histoire amusante, cette nouvelle est aussi une satire de la bourgeoisie et ce grâce à plusieurs procédés.

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