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Commentaire littéraire sur Voltaire

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Par   •  28 Avril 2020  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 283 Mots (10 Pages)  •  880 Vues

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Commentaire littéraire : La Princesse de Babylone

        Publié en 1768,  La Princesse de Babylone est un conte philosophique d’inspiration orientale. Voltaire mêle le merveilleux à la satire et à l’ironie. La forme en est une histoire d’amour merveilleuse où les personnages doivent passer, dans leur quête, par les épreuves les plus dures durant un voyage à travers le monde. Le but de ce voyage est de permettre à la jeune Princesse de Babylone de retrouver Amazan, en voyageant à travers l’Europe et l’Asie. Ce sont les aventures de Formosante, princesse de Babylone, et d'Amazan, berger Gangaride qui permettront à Voltaire de rendre le lecteur avide de dépaysement mais aussi de faire une critique de l’Europe du XVIIIème siècle. Le périple des deux amants, appartenant à des classes sociales différentes[a], permet donc au philosophe des lumières d’exprimer implicitement son avis sur les mœurs de son époque mais surtout sur la condamnation de certains maux qui le révoltent. Dans ce prochain extrait nous allons nous intéresser au cas de l’Angleterre. Voltaire mentionne ce pays à plusieurs reprises dans son œuvre. Cependant c’est au sein du chapitre VIII qu’il fait l’analyse de son passé mais aussi le modèle[b] que représente cette île pour lui au XVIIIème siècle. Amazan rencontre sur son chemin de nobles gens. C’est ainsi, par la curiosité d’Amazan, que Voltaire va pouvoir faire le blâme de ce que l’Angleterre était autrefois[c]. Cette critique est faite par la voix d’un seigneur anglais, qui lui explique en détail le vécu et l’actuel système anglais du XVIIIème siècle. Cet extrait de conte philosophique fait appel à la satire afin de se moquer davantage de certaines mœurs anglaises. Comment Voltaire fait-il la satire de l’Angleterre d’autrefois ? Dans un premier temps nous verrons que ce philosophe s’appuie sur une critique de la domination religieuse , puis dans un second temps sur une critique belliqueuse[d], enfin nous verrons comment Voltaire  justifie la présence de ces guerres causées par un régime politique injuste.

        L’Angleterre est un pays soumis à la domination du Pape et qui comporte de nombreuses tensions religieuses, avec la présence de plusieurs guerres et révolutions au cours XVIIIème siècle, causées par un régime absolutiste[e].

        Tout d’abord, dans l’extrait, le seigneur commence par narrer à Amazan, les débuts de l’histoire anglaise avec la domination romaine. Dans la première phrase de l’extrait nous retrouvons une antithèse entre « marché tout nus » et « quoique le climat ne soit chaud » qui désigne l’incohérence[f] des conditions dans laquelle les Anglais se sont retrouvés au début du millénaire. Au début de la première phrase et de la seconde nous retrouvons la répétition « Nous avons longtemps » qui désigne la durée de leur position en tant qu’esclave. Ensuite, la périphrase « des gens venus de l’antique terre de Saturne, arrosés des eaux du Tibre » affirme l’identité du peuple coupable de leur situation : les Romains. En réalité, Voltaire fait référence à l’attaque romaine de 43 après Jésus Christ. Les Romains réduisent en esclave les britanniques et dominent la Grande Bretagne de 43 à 60. La volonté de Voltaire d’évoquer l’oppression subi par les Anglais est aussi ironique car peu après dans le texte nous verrons l’alliance entre le pape romain et un des rois d’Angleterre.  Pour continuer, à la ligne 3, le seigneur évoque une contradiction avec la conjonction de coordination «mais». Il compare les maux faits par les Romains, cités par la périphrase «nos premiers vainqueurs» , avec ceux faits par le peuple anglais. Ces maux peuvent évoquer ceux d’un des rois nommé par la métaphore « Un de nos rois poussa la bassesse jusqu’à se déclarer sujet d’un prêtre qui demeurait aussi sur les bords du Tibre ». Celui-ci fait référence à Jean sans Terre qui dut se reconnaître vassal du pape. Par la suite, Voltaire se moque volontairement du pape avec l’expression humoristique « Le vieux des sept montagnes » ce qui lui enlève une certaine grandeur. Cette critique du roi anglais s’alliant avec le pape, permet à Voltaire de blâmer ce chef religieux qui est désigné comme tout puissant et contrôlant l’Europe. Le philosophe le décrédibilise grâce à l’humour et l’utilisation de la périphrase humoristique et dévalorisante «  Vieux des sept montagnes ». Ce nom fait référence au sept collines de Rome mais aussi au Vieux de la Montagne, un nom donné par les croisés au chef de la secte des «Assassins», qui sous l’influence de la drogue, étaient employé comme tueurs à gage. La phrase exclamative de la ligne 6 utilise le registre satirique pour dénoncer la volonté de la cité de Rome de dominer l’Europe.  La répétition «  a été longtemps » à la ligne 6 et la métaphore « la destinée des sept montagnes» qui désigne Rome, dénoncent une soumission de longue durée de l’Angleterre et de l’Europe face au Pape.  Après avoir fait la critique de la domination romaine et du pape face à laquelle l’Angleterre était soumise, Voltaire va s’attaquer aux tensions religieuses qui provoquent des massacres. De la 15ème à la 16ème ligne,  une allusion est faite à la guerre civile entre les puritains de Cromwell désigné avec la périphrase « quelques personnes portant un manteau noir »  et entre les prêtres anglicans désigné avec la périphrase « d’autres qui mettaient une chemise blanche par dessus leur jaquette ». Cette guerre civile a lieu entre des protestants et des catholiques. Ces religieux ,participant à la guerre, étaient sauvages, violents et fous au point qu’ils soient caractérisés par l’hyperbole « ayant été mordues par des chiens enragés ». Le choix de l’image « rage » [g]représente l’état d’esprit de ces hommes, qui avait comme seule arme : leur haine. Enfin à la 17ème ligne et à la 28ème, Voltaire critique la cause de ces guerre. A la 17ème ligne, la phrase ironique annonce que les citoyens menaient ces guerres « au nom du ciel et en cherchant Dieu ». Voltaire se moque de cette raison que se donnaient les citoyens pour s’entre-tuer car Dieu ne cherche pas la guerre mais la paix .  Puis, reprenant le même principe à la ligne 28, le philosophe dit « Tout était subverti quand on disputait sur des choses inintelligibles », il dit en fait que cette ontologie n’est pas une raison pour faire la guerre. [h]

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