Camus - l'étranger

Dissertation explicative

Albert Camus était un fervent existentialiste. L’existentialisme est basé sur l’absence d’un Dieu. Cela signifie que l’humain n’a pas de raison d’être et qu’il est libre du sens de sa vie. Un des concepts de cette philosophie est que ce sont les actions qui nous permettent d’exister et d’être . Camus a concrétisé ce concept en un personnage. Il propose au lecteur un personnage principal qui ne voit pas le sens de la vie et dont l’indifférence mènera à la perte. Dans ce texte, il sera prouvé que le personnage de Meursault est indifférent, et que sans son indifférence, l’interprétation de sa vie aurait été différente.

Meursault est indubitablement* indifférent à tout ce qui se passe autour de lui. En effet, lors de la mort de sa mère, il a montré très peu d’émotions. Dans le chapitre des funérailles, le personnage principal décrit ce qui se passe et comment les gens agissent. Les amis de la mère ont tous l’air triste et l’un d’entre eux pleur régulièrement. Par contre, lui n’exprimera jamais de sentiments par rapport au décès. Un peu plus loin dans le roman, on lui demande s’il avait eu de la peine ce jour-là et il répond que non. La confession la plus émotive que l’on a pu tirer de lui est : « Ce que je pouvais dire à coup sûr, c’est que j’aurais préféré que maman de mourût pas » . Cela laisse transparaitre* un certain désagrément, mais rien de plus. Une fois la cérémonie finie, Meursault passe à autres choses et continu sa vie comme si de rien n’était. Par exemple, le lendemain il va se baigner et rencontre une femme. Il sort avec elle, va au cinéma, puis la ramène chez lui… Un homme en deuil n’aurait pas su se prêter à toutes ces activités. Une grande relation est née de cette rencontre, puisque de fil en aiguille, ils se font fiancer. Cette demande en mariage démontre l’indifférence de Meursault par rapport à ses choix de vie : « Le soir, Marie est venue me chercher et m’a demandé si je voulais me marier avec elle. J’ai dit que ça m’était égal et que nous pourrions le faire si elle le voulait » . Se marier est une grande décision que les gens ne prennent pas à la légère. Pourtant, lui dit que la réponse lui importe peu. Il ne prend pas part à sa propre existence, il se laisse dériver sur le flot de décisions de ses proches. Ainsi, il laisse Marie choisir s’ils devaient se marier ou pas. Toutes les explications précédentes laissent transparaitre l’indifférence du personnage principal. À priori, ces manques intérêts ne sont pas vraiment dangereux. À moins bien sûr que cela cause un meurtre. À cause d’un enchevêtrement* de désintérêts et d’absences de décisions personnelles, Meursault est condamné à mort pour avoir tué quelqu’un. Pendant le procès, l’avocat du personnage principal affronte un procureur. Ce dernier a une manière de voir le déroulement des événements qui n’est pas tout à fait conforme au réel, mais qui fait quand même preuve de logique. Selon lui, « Le même homme qui au lendemain de la mort de sa mère se livrait à la débauche la plus honteuse a tué pour des raisons futiles et pour liquider une affaire de mœurs inqualifiable » . Dans cet extrait, les mots choisis sont lourds de connotations négatives. Les mots comme « débauche », « honteuse », « futiles » et « inqualifiable » visent à ruiner l’image de l’accusé. Lorsque le procureur dit que Meursault a tué pour « liquider une affaire de mœurs inqualifiable », il parlait de l’aide que le personnage principal a offerte à son ami Raymond. Ce dernier exerçait le métier de souteneur et il avait eu des malentendus avec une femme. Meursault l’a aidé à se venger et écrivant une lettre de provocation et en témoignant en faveur de Raymond en cours. Tout cela, le personnage principal l’a fait parce qu’il ne voyait pas de raison de ne pas le faire, par désintérêt. La « débauche la plus honteuse » dont il parle est le début de la fréquentation de Meursault avec Marie. La honte de cette débauche est mise sous les yeux du jury quand le personnage principal se fait abondamment* questionner sur les sentiments qu’il a éprouvés lors des funérailles de sa mère. Puisqu’il répond ne pas avoir ressenti particulièrement de peine en l’enterrant ni en la plaçant dans un asile, le jury le voit comme un dégénéré de la société. Selon le procureur, « un homme qui tuait moralement sa mère se retranchait de la société des hommes au même titre que celui qui portait une main meurtrière sur l’auteur de ses jours » . Cette comparaison entre Meursault qui met sa mère dans un asile et un parricide a pour but de faire ressortir le comportement indésirable et honteux de l’acte. Cette intervention contribue à déclarer Meursault inapte à la société. Bref, si Meursault était plus méticuleux sur ses actes, ou s’il prenait en main ses choix de vie, il n’aurait pas été condamné à mort.

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