On ne badine pas avec l’amour – Acte III, scène 3

Explication de texte 2 – Amour et amour-propre 

On ne badine pas avec l’amour – Acte III, scène 3

[PRESENTATION] Alfred de Musset est un dramaturge, poète et romancier (1810-1857). Il est considéré comme un des grands écrivains romantiques français. Il a été l’amant passionné de George Sand qui lui a inspiré de nombreux écrits. [RESUME] On ne badine pas avec l’amour est un proverbe d’Alfred de Musset écrit en 1834, qui illustre les dégâts causés par le jeu des sentiments entre Perdican et Camille qui n’osent pas s’avouer leur amour par orgueil. [SITUATION] La scène extraite de cette pièce est la troisième de l’acte trois dans laquelle Perdican fait une déclaration d’amour à Rosette sous la présence de Camille, cachée, afin de rendre cette dernière jalouse et par la même occasion, se venger.

[PROBLEMATIQUE] On peut se demander en quoi il s’agit d’un discours amoureux fondé sur la manipulation.

[ANNONCE DU PLAN] Dans un premier temps nous montrerons qu’il s’agit d’une déclaration d’amour malsaine, puis nous étudierons comment Perdican veut persuader Rosette de son amour ; enfin, nous verrons que c’est un « jeu » pervers dramatique.

[THESE 1] Il est vrai qu’il s’agit d’une déclaration d’amour pervertie.  

1) Perdican metteur en scène

Perdican met en scène sa rencontre avec Rosette puisqu’il choisit le décor - éminemment romantique -, à savoir la fontaine comme la rencontre précédente ; il utilise des accessoires typiques : la chaîne et la bague et il parle fort pour être entendu, comme l’indiquent les didascalies.

2) La double énonciation 

Il y a donc un procédé de mise en abyme « du théâtre dans le théâtre ». Le procédé qui transforme le duo en trio et qui multiplie les destinataires. Le spectateur est complice de Perdican et assiste à un triangle amoureux, mais malsain.

3) Un discours à plusieurs niveaux

En effet, Perdican s’adresse directement à Rosette et indirectement à Camille. Et à travers Camille, il s’adresse à sœur Louise et aux religieuses pour leur révéler leur défaite. De plus, le discours est entendu par le publie. Le public qui comprend les enjeux de la scène et il en perçoit le danger contrairement aux trois protagonistes. De plus dans la scène suivante, on apprend que cette scène était aussi épiée par Bridaine, on comprend donc qu’il y a au moins 4 destinataires. Il y a là un portrait en contrepoint, c'est-à-dire un portrait en antithèse à Camille, cela nous fait comprendre que le discours est entièrement destiné à Camille.

 - Une anaphore de « toi seule » qui oppose implicitement Rosette à Camille dans la fidélité au passé à l’enfance.

 - L’utilisation de la négation, « on n’a pas flétri ta jeunesse », « tu ne veux pas ».

 - Les références au couvent et la reprise des images et des expressions utilisées dans la scène 5 de l’acte II « pâte statue fabriquée par les nonnes ».

 - Comparaison sous-entendue entre Camille et Rosette lorsqu’il dit « tu m’aimeras mieux ».

Cette déclaration d’amour à Rosette semble être avant tout un discours mensonger destiné à se venger de Camille : il s’agit d’humilier celle par qui on a été humilié. Mais Perdican est prisonnier de son orgueil blessé qui le pousse à se venger.

[THESE 2] Il est vrai que Perdican est un personnage romantique mêlant duplicité et sincérité.  

1) Un lieu et des accessoires ambigus 

   C’est un lieu symbolique puisqu’il rappelle l’enfance, les souvenirs, l’amitié partagée avec Camille. C’est aussi le lieu de la rencontre précédente (scène 5 acte II) entre Camille et Perdican qui a eu lieu la veille à la même heure et au cours de laquelle Perdican s’est senti humilié par Camille. Perdican veut chercher à utiliser cette humiliation, c’est pourquoi logiquement il fait asseoir Rosette au bord de la fontaine comme Camille l’avait fait asseoir. Il voyait le visage de Camille dans la fontaine et c’est maintenant son couple avec Rosette qu’il peut contempler. Les accessoires sont ambigus car Perdican utilise ces accessoires pour consacrer sa rupture avec Camille et la sincérité de son amour envers Rosette. D'autre part, Perdican se sert de la bague pour trouver le reflet du couple qu’il forme avec Rosette (le reflet qu’il devient) en une certaine manière, ce reflet n’est qu’un mirage.

2) Une profession de foi lyrique et romantique

   Perdican profite de cette scène pour réaffirmer sa conception de l’amour. Le discours de Perdican mêle déclaration d’amour et célébration de la nature en mêlant les deux champs lexicaux dans les mêmes phrases en en recourant à un jeu de questions réponses qui unit les deux thématiques. On peut ajouter que la nature est personnifiée et que le processus inverse est utilisé pour le couple : image de l’arbre qui est un symbole d’union entre ciel et terre et un symbole de solidité et de permanence.

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