Les Misérables, Victor Hugo
Commentaire de texte : Les Misérables, Victor Hugo. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar vip69 • 2 Janvier 2020 • Commentaire de texte • 1 286 Mots (6 Pages) • 2 506 Vues
Introduction :
Après avoir abordé les thèmes de l’emprisonnement dans ClaudeGueux (1834) et dénoncé la peine de mort dans Le Dernier jour d’un condamné(1829), Victor Hugo publie en 1860 Les Misérables, roman débuté en 1845 et initialement intitulé Les Misères. Dans cette œuvre engagée, l’auteur dénonce les conséquences désastreuses qu’ont les injustices sociales, politiques et économiques ainsi que le manque d’éducation sur le peuple. L’extrait proposé est la première page du chapitre 2, livre troisième, de la deuxième partie consacrée à Cosette. Il s’agit du portrait détaillé de Madame Thénardier, figure emblématique de l’œuvre, puisque son nom est devenu dans le langage courant synonyme de maltraitance. Bien que rattaché au courant romantique, Victor Hugo nous invite à une analyse réaliste voire naturaliste du personnage de Madame Thénardier. Dans un premier temps, nous étudierons donc le réalisme de ce portrait et l’approche scientifique de celui-ci. Puis, nous montrerons que ce portrait est une caricature, faisant de madame Thénardier une créature contre nature, quasi chimérique.
I / Portrait réaliste de madame Thénardier : une approche scientifique du portrait
- Un portrait réaliste :
- Introduction du portrait par deux petits paragraphes
- « On a encore aperçu…..sous toutes ses faces » : nous avons déjà rencontré le personnage au cours du roman mais vu une seule facette. (Fantine persuadée que Thénardier est une bonne mère lui laisse cosette). L’auteur nous informe que l’on va découvrir le personnage dans sa totalité
- « Thénardier venait de dépasser…. Et le mari » : Evocation du couple. Mme Thénardier semble être un élément d’un tout. L’auteur aborde l’âge du personnage (la quarantaine qui est la cinquantaine chez la femme)
- Un grand paragraphe descriptif
- Introduit par les lecteurs -> nous sommes dans un roman ; interaction entre le narrateur et le lecteur
- Paragraphe écrit d’un seul bloc, comme une évocation sans respiration
- Emploi de l’imparfait -> temps de la description
- Beaucoup de point virgule -> continuité thématique
- Eléments liés au réalisme : description brut du personnage, pas d’embellissement, observation extérieure de son comportement (narrateur omniscient), milieu social : petite bourgeoisie commerçante, adéquation entre physique et caractère
- Approche scientifique : vers le naturalisme
- Proposition d’étudier le cas Thénardier comme on étudierait un spécimen de laboratoire « …le moment est venu de tourner autour de ce couple et de le regarder sous toutes ses faces. » => découvrir la vraie nature de Mme Thénardier
- Emploi du démonstratif « cette » => c’est de ce spécimen dont nous allons traiter
- Description physique précise de « cette Thénardier » dans une succession de qualificatifs (« grande, blonde, rouge…….) comme une observation scientifique.
- « …nous l’avons dit… » -> rappel du rapport narrateur/lecteur, comme un professeur s’adresse à ses élève 🡪 registre de la démonstration, de l’analyse.
- « … de la race… »🡪 registre de la zoologie
- « Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde. » 🡪 champ lexical de l’expérimentation.
- « Quand on l’entendait parler […], quand on la regardait boire […], quand on la voyait 🡪 champ lexical de l’observation : entendre regarder, voire
- « Au repos » 🡪 comme un animal
Transition :
La description de madame Thénardier ainsi réalisée, donne à son personnage des allures de créature mi-femme, mi-homme, mi-monstre, mi-humaine.
II/ Madame Thénardier : créature contre nature
- Une caricature de femme
- La description de Madame Thénardier est écrite d’un seul bloc traduit la massivité du personnage
- champ lexicale de la massivité « grasse, charnue, carrée, énorme » « Son large visage » ; comparaison du personnage avec un « éléphant », un « colosse », un « fort de la halle »
- Personnage au physique et au caractère imposant, qui occupe tous l’espace, qui décide de tout.
- Omniprésence du personnage : « Elle faisait tout dans la maison.. » ; « tout tremblait au son de sa voix… »
- Un physique imposant traduit par ses actions sur les choses matérielles « Les lits, les chambre, la lessive », « les vitres, les meubles »
- Une personnalité imposante : « la pluie, le beau temps, le diable » « les gens »
- Une femme qui a conscience de sa masculinité et qui en joue
- Attributs masculins : « elle avait de la barbe », « fort de la halle », « gendarme », « charretier », « bourreau ». Masculinité d’autant plus marquée que « jamais l’idée ne fût venue à personne de dire d’elle : c’est une femme. »
- Madame Thénardier joue de cette masculinité. «Elle jurait splendidement» oxymore sur sa capacité à exceller dans la vulgarité ; Elle est aussi forte qu’un homme et s’en glorifie puisqu’«elle se vantait de casser une noix d’un coup de poing». Elle parle comme un homme (gendarme=autorité), elle boit comme un homme (charretier).
- Cette masculinité fait d’elle un être sans compassion, conscient de son pouvoir de vie ou de mort sur les êtres et principalement sur Cosette
- « une souris au service d’un éléphant» comparaison entre le physique pachydermique de Thénardier qui peut écraser à tout moment la fragilité de Cosette.
- « Quand on la voyait manier Cosette, on disait : C’est le bourreau »Emploi du verbe manier déshumanise Cosette qui, entre les mains de madame Thénardier est maniée tel un objet. L’emploi de l’article « LE » devant bourreau fait de madame Thénardier la seule personne à décider du sort de l’enfant.
- Caricature de femme mais une femme tout de même.
- Une caricature : « Elle avait de la barbe » ; « C’était l’idéal d’un fort de la halle habillé en fille » ;
« Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde» ; « Au repos, il lui sortait de la bouche une dent ».
Une femme tout de même : « reparaître la mijaurée sous l’ogresse » ; « Cette Thénardier était comme le produit de la greffe d’une donzelle sur une poissarde » ; « Sans les romans qu’elle avait lus » introduction de la lecture dans cette description, activité improbable pour un personnage tel que madame Thénardier.
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