Dissertation sur les oeuvres Cyrano et Tartuffe

Dissertation sur les oeuvres Cyrano et Tartuffe 

A priori on pourrait penser que ces deux oeuvres, Cyrano un drame du XVIIème siècle et Tartuffe une comédie du XIXème siècle n’on rien en commun. Néanmoins l’une et l’autre possèdent a la fois des moments qui font rire et pleurer, il est donc légitime de se demander si dans Tartuffe, comédie comportant des passages assez dramatiques comme dans Cyrano, drame comportant des passages assez drôles, le plaisir du spectateur ou du lecteur ne résiderait pas, justement, dans cet ascenseur émotionnel qui nous fait alterner du rire aux larmes. Cette problématique met en parallèle deux oeuvres qui utilisent l’ascenseur émotionnel pour donner du plaisir au lecteur, car en effet c’est l’alternance des émotions qui va créer chez le lecteur un effet de surprise et donc produire de l’émotion. Dans un premier temps nous verrons l’alternance des émotions dans les deux pièces et dans un second temps nous verrons que les auteurs respectifs de ces pièces n’ont pas utilisé l’ascenseur émotionnel de la même façon ni dans le même but.

Voyons d’abord comment se mêlent, en effet, comique et dramatique dans chacune des deux pièces. Tartuffe est certes une comédie mais, contrairement aux farces purement comiques écrites par Molière, elle fait partie de ses grandes comédies de moeurs et de caractère qui abordent des thèmes plus sérieux et mêlent des éléments dramatiques au comique. En effet on peut le voir dans la scène du pauvre homme qui est drôle grâce au comique de répétition mais également dramatique car c’est la première apparition d’Orgon et on y découvre déjà son aveuglement pathologique pour Tartuffe. On pourrait citer également la scène dans laquelle Damis révèle à son père que Tartuffe tente de séduire sa femme, une scène dans laquelle comique et tragique se mélangent. Le comique y est présent grâce aux répliques stœchiométriques et le drame intervient lorsque Orgon met son propre fils à la porte. Ces deux scènes nous montrent bien que l’alternance des émotions est essentielle pour le lecteur. Sans cela il s’ennuierait. On remarque quand même que Molière conduit la pièce de plus en plus vers le drame, dans le but de dénoncer les faux dévots, un travers de la société qu’il lui tient à coeur de dénoncer. Tartuffe est donc une comédie mais c’est tout de même la comédie la moins légère de Molière car il y aborde un sujet important. Quant à Cyrano, c’est sous un certain angle l’inverse puisque c’est un drame comique.

En effet comme l’a bien expliqué Hugo dans la préface de Cromweille, le drame romantique cherche à mêler les genres et les tonalités. Cyrano est bien un drame romantique, même s’il est tardif, qui reprend ces codes. Dans ce drame, certaines scènes sont essentiellement comiques, par exemple la scène chez Ragueneau qui nous fait rire de l’obsession du pâtissier pour les poèmes. D’autre scènes sont plutôt dramatiques, par exemple la scène de la mort de Cyrano qui cumule à la fois la mort poignante du héros et l’aveu que fait Cyrano de son amour pour Roxane. Cette déclaration d’amour est d’autant plus dramatique qu’elle est l’occasion pour Cyrano et le spectateur de comprendre que Romane aurait aimé Cyrano s’il lui avait avoué son amour plus tôt. Cyrano comporte également des scènes qui mélangent le comique et le dramatique, par exemple la scène du balcon qui, d’emblée, prend une tournure quelque peu comique, voire ironique, avec l’incapacité de Christian à parler à Roxane mais acquière une dimension dramatique lorsque Cyrano prend la parole et parle à Roxane de son amour impossible et caché. Les deux pièces entremêlent donc bien comique et dramatique mais elles ne le font pas dans les mêmes intentions.

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