Analyse Littéraire de la pièce de théâtre Dom Juan De Molière Extrait De L'acte 1, Scène 2

Premièrement, l’apologie de Dom Juan dans son éloge sur l’infidélité s’articule sur une argumentation en faveur de l’inconstance amoureuse. Tout d’abord, en réponse à Sganarelle, Dom Juan commence son discours par une question rhétorique doublée d’une exclamation « Quoi ? tu veux qu'on se lie à demeurer au premier objet qui nous prend » (l. 4) qui traduit son étonnement et presque indignation face aux dires de Sganarelle et l’évidence de sa propre conception amoureuse. De plus, la fidélité lui parait le pire ennemi de l’amour, elle est la mort de la passion : « lorsqu’on est maître une fois, […] tout le beau de la passion est fini, et nous nous endormons dans la tranquillité d’un tel amour » (l. 20, 21). Dom Juan, prétend par-là que la possession enlève au désir sa force et son attrait. Ensuite, Don Juan justifie cette inconstance en invoquant le charme irrésistible qu’exerce sur lui la beauté féminine telle une force qui le dépasse, lorsqu’il dit : « Pour moi, la beauté me ravit partout où je la trouve, et je cède facilement à cette douce violence, dont elle nous entraîne » (l.9-10), « je ne puis refuser » (l.20). C’est au fond une pulsion naturelle dont il n’est pas maître mais qu’il reconnaît et assume, en utilisant l’oxymore « douce violence » il veut atténuer son argumentation qui vise à accepter l’idée de la faiblesse. Enfin, le discours de Dom Juan traduit bien sa philosophie de l’amour, qu’il présente comme une vérité évidente, en critiquant vigoureusement la fidélité et en faisant l’éloge de l’inconstance amoureuse.

Deuxièmement, Dom Juan expose sa stratégie amoureuse en l’assimilant à une conquête guerrière. Il va insister dans son discours sur le champ lexical de la bataille : « combattre, rendre les armes, résistances, conquêtes, vaincre, triompher ». Ce vocabulaire militaire montre que Don Juan se positionne en guerrier, en soldat et prend la femme pour un ennemi qu’il veut triompher exactement comme dans une lutte armée. Ensuite, lorsque la femme est conquise, elle ne l'intéresse plus : « Mais lorsqu'on en est maître une fois, il n'y a plus rien à dire ni rien à souhaiter; tout le beau de la passion est fini, […] si quelque objet nouveau ne vient réveiller nos désirs, et présenter à notre cœur les charmes attrayants d'une conquête à faire » (l. 21, 22). Dom Juan doit donc livrer une nouvelle bataille et ainsi de suite. De plus, son habilité oratoire le caractérise par l’utilisation des hyperboles pour évoquer l’ampleur de son amour, notamment : « si j'en avais dix mille » (l. 14) ou encore « je me sens un cœur à aimer toute la terre » (l. 26) et il va jusqu’à se comparer à Alexandre (grand conquérant grec de l'antiquité) pour exprimer son ambition démesurée de la conquête amoureuse. Ainsi, la stratégie amoureuse de, Dom Juan, repose sur le plaisir de la séduction qui prend la forme d’un éternel combat amoureux. Il voit la femme comme un territoire à conquérir.

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